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Voici comment cette vitamine surpuissante a été marginalisée depuis les années 1960

Voici comment cette vitamine surpuissante a été marginalisée depuis les années 1960

 

 

 

Imaginez que des médecins vous demandent d’exposer votre bébé en plein soleil.

Cela ferait bizarre, à une époque qui ne jure que par l’ombre, la crème solaire et les lunettes de soleil.

Et pourtant, c’était bien une recommandation officielle, il n’y a pas si longtemps.

En 1931, aux Etats-Unis, une brochure officielle encourageait les parents à exposer leur bébé au soleil (de façon raisonnable), pour qu’il puisse « grandir normalement »[1].

C’est le début de l’âge d’or de la vitamine D.

Car on avait enfin compris que c’était la vitamine miracle pour éviter le rachitisme.

Et pour en avoir suffisamment, il n’y avait pas 36 solutions :

  • c’était soit l’huile de foie de morue, seul aliment très riche en vitamine D ;
  • soit les UVB, les rayonnements ultraviolets de type B, naturels (soleil) ou artificiels.

C’est donc l’époque, en France, où l’huile de foie de morue commence à être distribuée massivement dans les écoles.

 

 

C’est aussi l’époque où des parents américains pouvaient se rendre dans leur pharmacie de quartier et acheter ces lampes à UVB, pour leur bébé :

 

Lampe au mercure des années 1930 (à gauche) et lampe Sperti des années 1940 (à droite)[2]

 

Il faut dire qu’un pédiatre allemand avait prouvé, radios à l’appui, que ce genre de lampe permettait bien d’améliorer la minéralisation des os[3]… et de guérir le rachitisme.

Désormais, tous les moyens étaient bons pour donner de la vitamine D aux enfants.

On a même commencé à enrichir certains aliments en vitamine D, comme le lait.

Ce n’était pas compliqué : des scientifiques ont découvert qu’il suffisait de prendre de l’ergostérol présent dans les levures, puis de l’irradier (c’est-à-dire de l’exposer à des UVB)… et cela crée de la vitamine D2… qu’il n’y a plus qu’à insérer dans les aliments.

C’était le meilleur moyen de garantir que toute la population reçoive un minimum de vitamine D – un peu comme on a éliminé les carences en iode en enrichissant le sel de table.

 

En éradiquant le rachitisme, on a protégé des générations entières contre d’autres maladies !

Au total, cet engouement pour la vitamine D fut une bénédiction pour la santé des enfants.

Pas seulement pour éviter le rachitisme et leur donner des os plus solides… mais aussi pour améliorer leur résistance aux maladies infectieuses !

 

 

 

Mais ça, on ne le savait pas encore, à l’époque.

On n’avait pas encore conduit les essais cliniques qui montreront l’efficacité de la vitamine D contre les infections respiratoires[4] – notamment pour éviter les formes graves.

Et ce n’est que plus tard qu’on a découvert que la vitamine D régule des centaines de gènes du système immunitaire[5], assurant son bon fonctionnement.

Cela dit, dès les années 1930, il y avait déjà des signaux intrigants sur le pouvoir de cette vitamine.

En 1932, un médecin lance un grand essai clinique dans un hôpital pour enfants de Londres… et constate que l’huile de foie de morue réduit de moitié la mortalité des enfants hospitalisés pour cause de rougeole[6].

Peut-être était-ce lié, aussi, à la vitamine A et aux omega-3 également contenus dans l’huile de foie de morue[7]. Mais on commence à comprendre le pouvoir des vitamines pour prévenir et guérir des maladies graves.

C’est l’occasion de vous ressortir mon graphique préféré, sur la mortalité de la rougeole depuis le 19ème siècle, en Angleterre et au Pays de Galles :

 

 

On voit que la mortalité commence à diminuer nettement après la première guerre mondiale… pour devenir quasiment nulle à la fin des années 1950, c’est-à-dire avant la vaccination.

Si l’on ne meurt plus de la rougeole, c’est d’abord lié au progrès des conditions de vie, à la fin de la malnutrition infantile… et certainement, aussi, à l’essor des vitamines A et D contenues dans l’huile de foie de morue.

Malheureusement, cet âge d’or des vitamines n’a pas duré.

Le coup d’arrêt, grande catastrophe

Dans les années 1950, c’est la révolution pharmaceutique.

Galvanisés par la découverte des antibiotiques, les chercheurs testent des centaines de molécules chimiques au potentiel thérapeutique… que l’industrie s’empresse de breveter.

Face à ces molécules de synthèse, vendues à un prix élevé, les vitamines naturelles font pâle figure, financièrement.

C’est dans ce contexte qu’une grande catastrophe se produit.

Un malentendu médical, qui mettra brutalement fin à l’âge d’or de la vitamine D dans le monde anglo-saxon, avec des conséquences catastrophiques pour la santé mondiale.

Il s’agit d’un rapport médical britannique, publié en 1955[8].

Après deux ans d’enquête, ce rapport s’émeut d’avoir découvert 200 enfants victimes d’hypercalcémie – un problème d’excès de calcium dans le sang, qui peut finir par causer de graves dommages.

 

 

Un coupable est alors tout trouvé : la vitamine D !

De fait, si la vitamine D est aussi efficace contre le rachitisme, c’est qu’elle améliore l’absorption du calcium alimentaire et fortifie les os.

Logiquement, ingérer à la fois trop de vitamine D et trop de calcium peut aussi conduire au problème inverse, c’est-à-dire trop de calcium dans l’organisme (et des calculs rénaux, entre autres problèmes).

Et en effet, certains enfants en bas-âge, à l’époque, ont sans doute reçu trop de vitamine D.

Entre l’huile de foie de morue et les aliments enrichis en vitamine D (lait et céréales), on réalise alors que les tout-petits pouvaient recevoir 4 000 unités internationales (UI) par jour.

C’est une dose au moins deux fois plus élevée que ce dont les enfants ont besoin, à cet âge-là.

Mais même ce surdosage-là n’était pas le vrai problème (et il était facile à corriger).

On ne pouvait pas le savoir à l’époque, mais le grand coupable était le syndrome de Williams.

C’est une maladie génétique rare, découverte plus tard, qui produit une hypercalcémie dès la naissance !

 

 

Quand on est victime de ce syndrome, même des petites doses de vitamine D orales sont proscrites.

Heureusement, cette maladie est rarissime : elle touche environ 1 enfant sur 10 000[9].

Mais c’était suffisant pour faire apparaître des dizaines de cas graves en Grande-Bretagne, à cette époque !

Ce rapport britannique donne un coup d’arrêt à l’âge d’or de la vitamine D, alors qu’elle était largement innocente.

Un peu partout dans le monde, on interdit désormais d’enrichir les aliments en vitamine D (en dehors du lait infantile).

Par peur de la toxicité supposée de la vitamine D, on commence aussi à en diminuer les doses recommandées.

En Finlande, par exemple, on passe d’une recommandation pour les enfants de 2000 UI en 1964 à 1000 UI en 1972… et même 400 UI seulement en 1992[10].

Et aujourd’hui, 400 UI est la dose recommandée dans la plupart des pays occidentaux.

Or c’est à peu près suffisant pour éviter le rachitisme à l’immense majorité des enfants… mais c’est insuffisant pour obtenir tous les bienfaits de la vitamine D !

Et même pour le rachitisme, c’est insuffisant pour protéger les populations à haut risque, notamment les enfants à la peau noire, qui absorbent moins bien la vitamine D.

Résultat : contre toute attente, le rachitisme est en train de revenir en Occident !

 

 

Insensé : retour du rachitisme dans les pays occidentaux !

Le retour du rachitisme est un très mauvais signe pour la santé de nos enfants.

Car trouver des cas de rachitisme est le signe que beaucoup d’autres enfants manquent de vitamine D : même s’ils ne sont pas eux-mêmes rachitiques, ils n’ont pas suffisamment de cette vitamine pour avoir une santé optimale, notamment immunitaire.

Prenez cet exemple frappant (mais représentatif) : l’augmentation du nombre de cas de rachitisme et de déficit en vitamine D dans le Minnesota, aux Etats-Unis[11] :

 

 

 

 

Mais bizarrement, cela ne fait pas la une des journaux (appréciez le contraste avec la vaccination : tout est fait pour vacciner et sur-vacciner les enfants… mais on ne s’inquiète pas autant qu’ils manquent de vitamine D et deviennent rachitiques !)

Dans cette étude américaine, on a même trouvé des cas de rachitisme chez des enfants nourris au lait maternisé, alors qu’il contient pourtant 400 UI de vitamine D quotidienne[12]. C’est le signe que l’enfant est né avec une sévère carence en vitamine D… causée par une carence grave en vitamine D de sa mère !

(Là encore, plutôt que d’essayer vacciner les femmes enceintes contre la coqueluche, on ferait mieux de s’assurer qu’elles ont toutes un niveau de vitamine suffisant pour assurer une bonne santé à leur enfant, dès la naissance.)

Au Japon aussi, on constate depuis les années 2000 un retour du rachitisme[13], faute de vitamine D adéquate.

Bref, les enfants dans les pays riches manquent de plus en plus de vitamine D – et leurs parents et grands-parents ne sont pas beaucoup mieux lotis.

Et en France ? On verra ce qu’il en est la prochaine fois.

Mais une chose est sûre : les cas de rachitisme sont une sonnette d’alarme, qui pointent un problème plus large.

Quand on manque de vitamine D, on est plus vulnérable à de multiples maladies : maladies infectieuses, maladies auto-immunes, maladies cardiaques, cancer…

Or la plupart des gens sont aujourd’hui carencés – et en particulier les personnes âgées, qui auraient tant besoin de bons apports de vitamine D pour vieillir en bonne santé.

À très vite pour la suite.

Bonne santé.

 

Par Xavier Bazin

 

 

 

 

 

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