►►A seulement 16 ans, Cabrel Domche a remporté le prestigieux concours « Pont vers le chinois », une compétition internationale de langue chinoise organisée au Cameroun par l’Institut Confucius de l’Université de Yaoundé II. Ce succès a marqué le début d’une aventure qui transformera sa vision du monde, et notamment celle qu’il porte à la Chine.
YAOUNDE- A seulement 16 ans, Cabrel Domche a remporté le prestigieux concours « Pont vers le chinois », une compétition internationale de langue chinoise organisée au Cameroun par l’Institut Confucius de l’Université de Yaoundé II. Ce succès a marqué le début d’une aventure qui transformera sa vision du monde, et notamment celle qu’il porte à la Chine.
Grâce à une bourse de l’Institut Confucius, il a quitté le Cameroun en 2017 pour la Chine afin d’y poursuivre ses études universitaires, dans un pays qu’il associait jusque-là aux décors de films de kung-fu. Depuis qu’il y vit, M. Domche est immergé dans une culture bien différente de ses perceptions d’enfance. Ses premières impressions sur la terre chinoise restent gravées dans sa mémoire. « Je pensais que tous les Chinois étaient des maîtres en arts martiaux. Mais en arrivant, j’ai découvert que mes camarades de classe, bien que Chinois, n’avaient pour la plupart jamais pratiqué le kung-fu. J’étais stupéfait », se souvient-il en riant.
Au-delà de cette réalité, le jeune homme de 23 ans a découvert avec émerveillement comment ce pays, jadis essentiellement agricole, s’est transformé en une nation en pleine modernisation, portée par l’innovation technologique, le développement des infrastructures et l’engagement du peuple en faveur de la prospérité commune. « La Chine était autrefois assez similaire à mon pays d’origine, le Cameroun, mais au fil des années, elle a travaillé sans relâche pour se moderniser », explique-t-il.
Aujourd’hui employé dans une entreprise de télécommunications à Beijing, la capitale chinoise, le jeune Camerounais souligne que la technologie, avec des innovations telles que DeepSeek, une application d’intelligence artificielle récemment lancée, incarne parfaitement les avancées de son pays d’accueil. « Nous parlons d’intelligence artificielle et de voitures autonomes. C’est un pays qui croit fermement en la technologie », dit-il. Et d’ajouter : « Ils savent que pour prospérer, ils doivent investir massivement dans l’innovation ».
Mais ce qui fascine le plus Cabrel Domche, c’est l’esprit de transformation qui anime la Chine. Selon lui, la modernisation du pays ne se limite pas à la croissance économique, mais représente un modèle de développement qui a transformé le pays tout en offrant des opportunités à d’autres nations, notamment les pays du Sud. « La Chine était autrefois principalement un pays agricole », dit-il. « Mais cette nation a compris que pour s’élever, elle devait s’ouvrir, exporter ses meilleurs produits et s’engager avec le monde. C’est exactement ce qu’elle a fait ».
Un autre aspect de la Chine qui l’a impressionné est la curiosité croissante de son peuple envers le monde. « Chaque jour, les Chinois apprennent et s’ouvrent aux autres peuples du monde entier », observe-t-il. « Ce n’est pas seulement une question d’économie. De plus en plus de jeunes Chinois étudient des langues étrangères et des cultures. La maîtrise de l’anglais en Chine s’améliore chaque jour », a ajouté le jeune Camerounais. Il se souvient d’avoir rencontré un étudiant chinois apprenant le haoussa, une langue parlée en Afrique de l’Ouest et centrale. « Cela m’a vraiment étonné », dit-il, avant d’ajouter : « Cela montre à quel point ils sont désireux de communiquer avec le monde ».
Aujourd’hui, le pays connaît une transformation environnementale. « La Chine est devenue un endroit où les gens veulent vivre, travailler et visiter », reconnaît M. Domche. Parce que « les dirigeants ont investi massivement dans la plantation d’arbres. La qualité de l’air à Beijing s’est améliorée », souligne-t-il. Il met en avant la revitalisation rurale, une politique chinoise axée sur le développement des campagnes, qui ont contribué à équilibrer l’urbanisation rapide avec le développement rural durable. « La province du Guizhou, dans le sud-ouest de la Chine, était l’une des régions les plus pauvres du pays », explique-t-il. « Mais grâce à des investissements massifs dans l’agriculture et les nouvelles technologies comme le commerce électronique, la vie y a été complètement transformée ».
Malgré ses progrès rapides, Cabrel Domche admire la manière dont le pays a su préserver son riche patrimoine culturel. « La Chine se modernise tout en préservant ses traditions », assure-t-il en évoquant une visite à Tongchuan, une ville de la province du Shaanxi, connue pour sa céramique. « J’ai été touché par le respect que les gens ont pour les artisans et leur métier. La protection du feiyi (patrimoine culturel immatériel, NDLR) témoigne de l’attachement de la Chine à son histoire », admire-t-il. Cela, croit-il, offre un modèle aux nations en développement cherchant à se moderniser sans perdre leur identité culturelle.
M. Domche attribue une grande partie du succès de la Chine à son modèle de gouvernance. Selon lui, le pays a su prendre des décisions efficaces qui donnent la priorité aux intérêts nationaux. « La modernisation, c’est la manière dont les gens se sentent. Si mon peuple a accès à de bons soins de santé, à des infrastructures et à une électricité stable, alors c’est la véritable modernisation », pense-t-il, tout en saluant l’approche chinoise en matière de relations internationales. « Ce qui rend la modernisation de la Chine unique, c’est son respect des partenariats mondiaux », indique-t-il. « La Chine croit en la discussion, la coopération et le bénéfice mutuel », conclut M. Domche.
Alors qu’il poursuit sa carrière dans ce pays autrefois si lointain, il espère ramener au Cameroun certaines des leçons qu’il a apprises.