Cameroun : EBO, des activités économiques pour le retour des populations
► Lassé par les promesses non tenues des partenaires sur le financement de la conservation, l’Etat du Cameroun a décidé de promouvoir les activités économiques pour inciter au repeuplement du massif forestier d’Ebo, vidé de ses populations dans les années 60-70 pour des raisons sécuritaires.
Afrique54.net | Les choses vont très vite dans le massif forestier d’Ebo. 2023 est finalement l’année de tous les défis pour cette question objet de fixations des ONG nationales et internationales de la conservation. Finies les tergiversations sur l’option à prendre.
Le Gouvernement camerounais a définitivement opté pour la réinstallation des populations dans la localité en associant l’option exploitation forestière et conservation. Un contentieux historique vieux de 70 ans est en cours de réparation. Les populations locales, obligées de partir pour permettre la pacification d’une région ravagée par le maquis, retrouvent un espoir de retour.
Le 27 avril 2023. Le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, signe le décret de classement de la forêt d’Ebo. Le massif est désormais une unité forestière d’aménagement constituée de deux blocs. Un bloc de 51 816 ha situé dans le département du Nkam et un autre de 16 569 ha dans la Sanaga Maritime.
Le 19 juin, une invitation du Ministre d’Etat Secrétaire Général de la Présidence de la République adressée au ministre des Travaux publics pose les premiers jalons à du désenclavement de la localité.
Le 29 juin, Une attribution pour exploitation a été faite à une entreprise forestière pour le deuxième bloc de l’UFA situé dans la Sanaga Maritime. Parallèlement, des réunions d’information au public se tiennent sur le terrain pour célébrer et organiser les conditions du retour des populations.
A l’évidence, comme dans les années 2010 avec 07 des 09 concessions forestières du Massif Ngoyla Mintom, l’Etat du Cameroun a choisi d’agir en toute souveraineté pour donner une orientation définitive à la gestion du massif forestier d’Ebo actuellement vidé de ses populations.
LASSITUDE
Lassé certainement par les promesses non tenues à l’issue des COP 26 et 27 de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques tenues respectivement à Glasgow (Ecosse) et à Charm El Cheik (Egypte), l’Etat du Cameroun prend ses responsabilités. Une politique basée sur le nécessaire équilibre entre la promotion des activités économiques et la protection de la biodiversité trouvera aussi son champ d’expression ici.
Le retour au terroir des populations cantons Ndokbiakat, Ndoktouna, et Lognanga dans les pourtours du massif forestier d’Ebo ira de pair avec la création des infrastructures économiques tout comme les autres activités anthropiques, exploitation forestière et création des réserves pour porter à plus de 30% la surface du territoire national attribué à la conservation.
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« Pour rien au monde, on n’expliquera pas à un peuple errant et qui a ferraillé pour retrouver sa dignité que les gorilles et les plantes sont au-dessus des êtres humains », martèle souvent Samuel MOTH, parlementaire et l’un des portes flambeaux de droit au retour.
Selon les évaluations faites sur une hypothèse de 115 000 m3 de bois récoltés par an dans le massif forestier d’EBO, environ 1000 emplois seront créés. Les communes riveraines auront des rentrées de 2,7 milliards de FCFA en 10 ans pour la redevance forestière annuelle.
Si on y inclut les taxes indirectes et l’éventualité des autres activités écologiques à développer, les recettes directes et indirectes pourraient s’élever à près de 70 milliards de FCA pour l’Etat avec des bénéfices importants sur le plan local.
Les ONG dites de conservation multiplient les injonctions malgré le caractère irréversible de l’ensemble des décisions qui sont prises au bénéfice de ces populations. « Mais ce qu’elles ne disent pas tout haut c’est les énormes bénéfices financiers qu’elles tirent du fait de leur activisme au détriment de ces populations » , se désole une source gouvernementale.
Par Arlette Minkreo pour Afrique54.net