Développement en Bulgarie : La corruption plombe le processus
►Selon un article de ‘’Conflits’’ paru le 24 mai 2023, la Bulgarie est sous la pression d’une corruption perçue endémique.
Afrique54.net │ La Bulgarie a conservé nombre de caractéristiques des régimes du modèle soviétique, même après la chute du système. La corruption endémique, fruit de la soumission du système judiciaire aux cercles politiques et à la suprématie d’une oligarchie aux racines criminelles, mine le développement socio-économique de cet Etat membre de l’Union Européenne (UE).
D’après l’ONG Transparency International, la Bulgarie est dans le lot des pays les plus corrompus de l’UE. « La prédominance du GERB et de DPS — un mouvement politique communautaire des Turcs et musulmans de Bulgarie, son allié de l’ombre ces dix dernières années — n’a pas réellement contribué à améliorer la situation, selon de nombreux observateurs, » écrit ‘’Conflits’’.
« Pendant son règne de plus de dix ans, Boïko Borissov fut considéré comme le catalyseur des dérives mafieuses du pays. Premier ministre de manière quasi ininterrompue entre 2009 et 2021, il est perçu comme l’un des cas emblématiques des dérives du système, » poursuit le journal.
Boïko Borissov bousculé par les militants anti corruption
Cadre intermédiaire du Ministère de l’Intérieur dans les années 1980, Boïko a préféré conserver en 1990 sa carte du Parti communiste et quitter les services du ministère après la dépolitisation post-communiste des services régaliens (armée, police, justice). Il a fait l’objet d’une enquête approfondie de la part de l’organisation dénommée ‘’Organised Crime and Corruption Reporting Project’’ pour ses liens supposés avec des réseaux de blanchiment d’argent, notamment le SIC.
Boïko Borissov a été vivement critiqué pour le détournement quasi-systémique des fonds structurels européens, destinés au financement des infrastructures notamment routières et ferroviaires. De l’avis de la Commission Européenne, 57 % des Bulgares pensent que la corruption est largement répandue dans le système judiciaire du pays. Cela est partiellement lié au rôle du tout-puissant Ivan Geshev, le procureur général actuel.
Les Bulgares rassasiés de corruption
Geshev a été épinglé par ‘’Ekaterina Baksanova’’. « Le procureur général est le seul haut fonctionnaire bulgare irresponsable qui jouit d’une telle immunité et de tels privilèges, » relève l’organisation dans son rapport 2020. Depuis près de trois ans, des citoyens bulgares essaient de tordre le cou à la corruption. ‘’Conflits’’ rappelle qu’en 2020, le promoteur d’Hippoland a soutenu les manifestations anti gouvernementales en Bulgarie.
Son engagement lui a valu des vagues de contrôle fiscaux sur son entreprise. « Un schéma similaire se dessine actuellement avec la startup Nexo, l’un des géants mondiaux de la FinTech. La société et ses trois dirigeants, réputés proches des milieux de l’opposition pro-européenne, sont sous le coup de plusieurs chefs d’accusation, » rapporte ‘’Conflits’’.
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Toby Cadman, l’avocat de Nexo qualifie cette assignation en justice, d’attaque coordonnée avec des allégations de comportement criminel basées sur des allégations fabriquées et politiquement motivées. « La grande spécialité du parquet bulgare est de mettre des personnes en examen pour les déstabiliser et si possible spolier leurs actifs, sans jamais réellement initier un procès qui leur permettra de prouver leur innocence, », constatent des avocats bulgares.
Pour ce qui est de la lutte contre la corruption, on peut affirmer que le chantier du président Roumen Radev est vaste. Candidat à un deuxième mandat à l’occasion de la présidentielle de 2021, Roumen est sorti vainqueur au second tour avec 66,7 % des suffrages exprimés. Militaire et homme d’Etat, il est au pouvoir depuis le 22 janvier 2017.
© Afrique54.net │ Lucien Embom