►► La décision des États-Unis d’imposer une caution de 5 000 à 10 000 dollars aux demandeurs de visa maliens a provoqué de vives tensions diplomatiques et la riposte des dirigeants de Bamako. Au-delà du geste, c’est une question de dignité nationale et de souveraineté diplomatique qui se joue.
Par [Marcien ESSIMI ], pour Afrique54.net
Afrique54.net – Une caution qui coûte plus qu’un visa : un signal humiliant – Le 11 octobre 2025, le ministère malien des Affaires étrangères a dénoncé la nouvelle mesure de l’administration Trump exigeant une caution de 5 000 à 10 000 dollars pour les ressortissants maliens souhaitant obtenir un visa de tourisme ou d’affaires.
Une décision unilatérale, sans consultation préalable, qui sape les fondements mêmes de l’accord bilatéral de 2005 entre les deux pays.
Sous couvert d’un « programme pilote », Washington impose une barrière financière inédite à un pays ami. En réalité, c’est une mesure de méfiance déguisée, traduisant la perception injuste selon laquelle les Maliens seraient avant tout des candidats potentiels à l’immigration illégale.
Bamako réagit : la diplomatie de la réciprocité
Face à cette décision, le Mali d’Assimi Goïta a choisi de ne pas se taire. Par application du principe de réciprocité, les ressortissants américains devront désormais se plier aux mêmes exigences.
Cette approche américaine, au-delà de la symbolique, marque un tournant dans la posture diplomatique du pays : celle d’un État qui entend être respecté à égalité, et non traité comme un simple bénéficiaire de faveur.
Cette fermeté malienne n’est pas de la provocation. Elle relève d’un sursaut de souveraineté, d’un refus de subir une mesure perçue comme discriminatoire.
Dans un contexte où plusieurs nations africaines réévaluent leurs partenariats traditionnels, le Mali affirme sa voix, posée mais ferme.
Double discours américain sur la coopération
La décision américaine expose une contradiction évidente : comment parler de partenariat, de coopération sécuritaire et de lutte conjointe contre l’immigration irrégulière, tout en humiliant un partenaire par une mesure financièrement dissuasive ?
Ce « visa-caution », selon des observateurs, ne dissuadera pas les migrants irréguliers ; il découragera surtout les étudiants, entrepreneurs et voyageurs de bonne foi. C’est une « diplomatie business ». C’est une diplomatie du portefeuille, où la mobilité devient un luxe réservé à ceux qui peuvent payer pour leur crédibilité.
Une Afrique debout, un Mali affirmé
Le communiqué du gouvernement malien, sobre mais déterminé, s’inscrit dans une tendance continentale : celle d’une Afrique qui ne veut plus négocier son respect.
Les temps changent : les États africains réclament désormais une coopération équilibrée, fondée sur la dignité et la confiance, non sur le mépris, la méfiance et le soupçon.
Le Mali, par cette réponse mesurée, envoie un signal fort : la coopération n’exclut pas la fermeté, et la dignité nationale ne se brade pas, même face à une grande puissance, qu’est les Usa.
La dignité n’a pas de prix
Cette affaire dépasse la simple question des visas. Elle pose une interrogation fondamentale : quelle place les États-Unis réservent-ils à leurs partenaires africains dans le monde d’aujourd’hui ?
Si la réponse passe par une caution de plusieurs milliers de dollars, alors la diplomatie américaine, a perdu de vue l’essentiel : la confiance ne s’achète pas.
Le Mali, lui, semble l’avoir compris. Et dans cette affaire, c’est peut-être lui, comme le Tchad du Maréchal Mahamat Idriss Deby, paradoxalement, qui donne une leçon de diplomatie à Washington qui se distingue malheureusement dans le mercantilisme.



