►►Dans sa sortie du 26 juin 2025, l’expert indépendant sur la situation des droits de l’homme en Centrafrique, Yao Agbetse pointe les insuffisances du processus électoral en RCA.
Afrique54.net‹ L’expert exige que les élections législatives et présidentielles soient organisées dans des délais constitutionnels stricts en 2025. « Malgré l’appui multiforme apporté par les autorités nationales et les partenaires techniques et financiers à l’ANE, des dysfonctionnements internes persistants ont entravé son efficacité, ce qui compromet le respect du calendrier électoral », fait savoir Yao Agbetse.
L’ANE entendez Autorité Nationale des Elections, est chargée d’organiser les élections en République Centrafricaine (RCA). De l’avis d’Agbetse, les élections locales sont cruciales dans le processus de justice transitionnelle en RCA. Elles ont pour vocation de renforcer la gouvernance locale.
Elections locales reportées à plusieurs reprises
« Les efforts de l’ANE pour répondre aux défis rencontrés, notamment en organisant un dialogue de haut niveau les 16 et 17 mai 2025 pour endiguer les violences faites aux femmes pendant la période électorale, n’empêchent pas des préoccupations objectives sur plusieurs aspects du processus électoral », relève Agbetse. Préciser que les élections locales, initialement prévues pour 2022, ont été reportées à plusieurs reprises. Et cela n’est pas du goût des observateurs.
Nonobstant les assurances données par les hauts responsables de l’Autorité Nationale des Elections lors de la mission de Yao Agbetse en RCA en février 2025 et de plusieurs conférences de presse, la tenue de ces élections à la date prévue du 31 août 2025 reste incertaine.
Pas de liste électorale définitive
La publication d’une liste électorale définitive était prévue pour le 29 mai 2025 afin de permettre au gouvernement de publier le décret de convocation de l’électorat le 04 juin 2025. Jusqu’à présent, l’ANE n’a pas produit ne serait-ce qu’une version provisoire de la liste.
Une liste électorale révisée est une base fondamentale pour la transparence, la crédibilité et l’inclusivité du processus électoral.
« Le budget électoral actuel, qui ne couvre que les élections locales à six mois des scrutins présidentiel et législatif, doit être réévalué d’urgence pour refléter les réalités opérationnelles », observe l’expert indépendant. A son sens, il y a des défis majeurs dans l’attribution des contrats pour le matériel électoral, le déploiement du personnel technique et le traitement des données électorales.
Refonte de l’Autorité Nationale des Elections
« Le premier tour des élections présidentielles et législatives étant fixé au 28 décembre 2025, le registre électoral doit être finalisé avant le 28 septembre. Au rythme actuel, il est peu probable que ces délais soient respectés », s’offusque Yao Agbetse.
Il souhaite une refonte de l’ANE et de ses antennes. L’homme appelle à un calendrier électoral réaliste et convenu. Pour lui, la communauté internationale devrait renforcer son soutien aux institutions démocratiques de la RCA.
De nationalité togolaise, Yao Agbetse est un avocat des droits de l’homme, chercheur et enseignant. Il a mis en œuvre des programmes de droits de l’homme au niveau national. Agbetse a fourni des conseils juridiques et techniques pour l’élaboration et le suivi des lois et politiques nationales relatives aux droits de l’homme. Il a prêté ses services au Bénin, en Côte d’Ivoire, en République Démocratique du Congo, au Mali et au Togo. Il a créé un espace et des outils pour le dialogue et les efforts communs des acteurs étatiques et des OSC.
En RDC, en Côte d’Ivoire et au Mali, il a mis en œuvre des programmes de DDR, formé des chefs de l’armée et de la police et fourni un soutien aux titulaires de mandat et aux opérations des Nations Unies, notamment en participant au dialogue interactif au titre du point 10 lors des sessions du Conseil des droits de l’homme à Genève.
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