NEW YORK, USA, le 14 Septembre 2022 -/African Media Agency(AMA)/-De nouveaux chiffres révèlent que plus de la moitié des enfants somaliens sont désormais confrontés à la malnutrition. Dans tout le pays, ce sont près de 6,7 millions de personnes qui font face à une insécurité alimentaire aiguë, alertent des agences des Nations Unies.
Alors que les agences humanitaires sont engagées dans une course contre la montre pour éviter la famine dans ce pays de la Corne de l’Afrique, plus de la moitié des enfants âgés de moins de cinq ans en Somalie sont confrontés à la malnutrition aiguë. Dans ce lot, un enfant sur six souffre de la forme la plus mortelle.
Le nombre de jeunes enfants en Somalie confrontés à la malnutrition aiguë sévère a ainsi augmenté pour atteindre plus d’un demi-million – un niveau supérieur à celui de la famine de 2011 où des dizaines de milliers d’enfants sont morts.
Des enfants meurent déjà, selon l’UNICEF
« Comme nous l’avons entendu la semaine dernière, des enfants meurent déjà. Nos partenaires rapportent que certains centres de stabilisation sont pleins, et que des enfants gravement malades doivent donc être soignés à même le sol », a déclaré lors d’une conférence de presse de l’ONU à Genève, James Elder, porte-parole du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).
Les nouveaux chiffres du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) indiquent que la charge totale de malnutrition aiguë estimée pour la Somalie entre août 2022 et juillet 2023 est d’environ 1,8 million d’enfants.
Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), il s’agit d’une augmentation de 20% par rapport aux prévisions précédentes, alors que la Somalie est frappée par la pire sécheresse depuis 40 ans, par la hausse des prix des denrées alimentaires et le conflit.
Ce chiffre représente 54% de la population totale d’enfants susceptibles de souffrir de malnutrition sévère, a ajouté la FAO, relevant une hausse de 25% par rapport aux prévisions précédentes.
Plus de 513.000 enfants de moins de cinq ans sont en danger de mort
« Nous avons plus d’un demi-million d’enfants confrontés à une mort évitable. C’est un cauchemar en attente », a ajouté M. Elder, précisant que ce niveau n’avait encore été vu dans aucun pays au cours de ce siècle.
Le nombre d’enfants somaliens les plus jeunes (âgés de 6 à 59 mois) qui devraient souffrir de malnutrition aiguë sévère (MAS) est ainsi passé de 386.000 à 513.550. Il s’agit d’une augmentation stupéfiante de 33%.
Cela signifie que 127.000 enfants de plus sont en danger de mort. Bien que les projections n’aient pas été produites pour 2023, la sécheresse persistante devrait aggraver le niveau des besoins humanitaires pendant la saison sèche de janvier à mars 2023 dans la majeure partie de la Somalie.
Pour donner un « contexte terrifiant » à ces dernières données, l’UNICEF estime que 340.000 enfants avaient besoin d’un traitement contre la malnutrition aiguë sévère au moment de la famine de 2011. « Aujourd’hui, nous sommes confrontés à 513.000 enfants en danger de mort », a détaillé le porte-parole de l’UNICEF.
6,7 millions de personnes devraient être confrontées à une situation de crise
Si l’aide alimentaire humanitaire n’est pas renforcée et maintenue, l’insécurité alimentaire aiguë et la malnutrition devraient se détériorer encore et plus rapidement entre octobre et décembre 2022.
Au total, près de 6,7 millions de personnes (soit 40% de la population totale) devraient être confrontées à une situation de crise (phase 3 de l’IPC) ou pire. Près de 2,2 millions de personnes seront probablement en situation d’urgence (phase 4) et au moins 300.000 personnes seront probablement en situation de catastrophe (phase 5 de l’IPC).
Pour la FAO, « la fenêtre pour la prévention de la famine (phase 5) se referme rapidement ». Mais ces dernières projections montrent que la population a encore besoin d’une aide urgente.
En outre, la famine (phase 5) est projetée parmi les populations agropastorales des districts de Baidoa et Burhakaba et les personnes déplacées dans la ville de Baidoa, dans la région de Bay, au sud de la Somalie, où les niveaux de malnutrition et de mortalité sont déjà très élevés.
Des niveaux de malnutrition et de mortalité très élevés au sud de la Somalie
Or selon l’UNICEF, les enfants souffrant de malnutrition sévère ont jusqu’à 11 fois plus de risques de mourir de diarrhée et de rougeole que les enfants bien nourris, « deux maladies qui connaissent une recrudescence dans cette région qui devrait sombrer dans la famine ».
L’agence onusienne note que les épidémies ont connu un pic entre janvier et juillet, avec au moins 8.400 cas suspects de diarrhée aqueuse aiguë (DLA)/choléra et environ 13.000 cas suspects de rougeole (78% d’enfants de moins de 5 ans).
Ces derniers mois, les agences des Nations Unies n’ont pas arrêté d’alerter sur les risques de famine qui pourraient frapper certaines parties de la Somalie dans les mois à venir, la région de la Corne de l’Afrique étant confrontée à une cinquième saison des pluies consécutivement ratée.
La famine de 2011 en Somalie a fait plus d’un quart de million de victimes, dont environ la moitié étaient des enfants.
Distribué par African Media Agency pour Onu Info.
Source : African Media Agency (AMA)