Macron-Poutine, à chacun son nègre de service
Le quotidien L’info à chaud, du 22 juillet 2022, du talentueux homme de média Delor Magellan KANSEU nous apprend que Justin TAGOUH, célèbre patron d’Afrique Media, sera dans les bagages du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï LAVROV, en tournée africaine dès ce dimanche (24 juillet). Le Congo de SASSOU NGUESSO est le seul pays d’Afrique centrale à faire partie de la liste des pays à visiter par le vizir de Vladimir Poutine.
Emmanuel MACRON, en tournée africaine (Cameroun, Bénin, Guinée Bissau) dès lundi 25 juillet, lui aussi, aura dans ses valises ses »Africains » en les personnes de Blick BASSY et du géant Achille MBEMBE, selon RFI.
C’est une tradition pour les présidents français de débarquer en Afrique flanqués des fils du continent. En 1999, Jacques CHIRAC (paix à son âme) vint en visite officielle au Cameroun, avec, entre autres, dans ses bagages un certain… Roger MILLA, figure iconique du football camerounais et africain.
On ne peut pas manquer de relever que les puissances qui prétendent apporter du neuf aux peuples d’Afrique reproduisent les vieilles »traditions » de l’ancien colon. Autre illustration : sur le terrain économique, la Chine, qui y challenge la France, réserve à ses multinationales le marché des infrastructures qu’elle finance.
Embauchant ses chômeurs au détriment des chômeurs locaux. Imitant ainsi la France On le sait les pays n’ont pas d’amis mais des intérêts. Malheur à celui qui l’oublie. D’ailleurs, Thomas SANKARA (paix à son âme) disait qu’une chaîne est une chaîne, qu’elle soit noire, blanche, rouge ou jaune.
Pourquoi la France et (désormais la Russie) recourent aux nègres de service, passez-moi l’expression? Il s’agit pour la France et (dorénavant) la Russie de techniques de blanchiment d’image. L’aura, l’influence ou le parcours des personnalités africaines que ces puissances cooptent en dit suffisamment long.
Pourquoi nos »frères » acceptent ça?
C’est à eux de répondre à cette question. L’expression utilisée à savoir négre de service n’est qu’une image. Ce n’est point, de ma part, un préjugé. Mais peut-être nous diront-ils jamais un jour pourquoi ils »colorent » les délégations de MACRON et de Lavrov, et qu’ils nous rassureront, par la même occasion, qu’il n’y a point de comparaison à faire entre leur personne et ces autres nègres de service (suivez mon regard) qui ont poignardé dans le dos LUMUNBA, SANKARA, NKRUMAH, OLYMPIO, NASER, UM NYOBE… Des nationalistes qui ne transigeaient pas avec les intérêts de leur pays.
Qu’on se le tient pour dire, Emmanuel MACRON et Sergueï Lavrov viennent en Afrique pour les intérêts de leur pays respectifs. Par conséquent, aucun Africain, digne de ce nom, ne saurait se laisser duper par les jolis discours et les cadeaux de voyage.
Le développement de l’Afrique doit se faire de manière endogène, c’est à- dire sur s’appuyant sur la transformation des ressources de son sol et de son sous-sol. Autrement ce sera le retour à la case départ.
En fait, l’Afrique s’est endettée pendant que la Chine s’est enrichie. Voilà le bilan de la fameuse coopération Sud-Sud tant vantée par Pékin. En Afrique, un adage dit que si tu te retrouves deux fois sous le même arbre, alors tu es perdu. Les peuples africains doivent se montrer vigilants devant la (nouvelle) lune de miel entre la Russie et leurs dirigeants. Les discours séduisants de Moscou ne doivent point endormir le petit peuple.
La semaine qui s’ouvre donnera à voir un chassé-croisé entre la France et la Russie sur le continent, c’est la preuve que l’Afrique n’est pas pauvre. D’ailleurs, un proverbe africain dit que »le chien ne court pas sous la pluie pour rien ». Aussi faut-il que cette richesse profite aux Africains. Pas seulement à la classe dirigeante et ses griots de service.
Quel est le défi de l’Afrique?
Le continent a besoin de technologie et non de chaîne. L’Afrique n’est pas misérable donc elle n’a pas besoin de pitié. L’Afrique n’est pas faible donc elle n’a pas besoin de protecteur. Tout ce dont l’Afrique a besoin pour se développer c’est le transfert de technologie, les accords commerciaux sincères et non léonins, les accords de défense qui ne feront plus de certains pays africains des éternels débouchées pour les industries d’armement des grandes puissances, mais des fabricants eux-aussi de matériels militaires…
Ces préalables adossés sur la Bonne gouvernance, sur le développement de l’Agriculture, sur la lutte contre la Corruption et, entre autres, sur une Justice libre et équitable ne peuvent que conduire à une croissance inclusive. Inclusive parce qu’elle profitera aux vendeurs à la sauvette, aux taximen, aux enseignants, aux mototaximen, aux ouvriers, aux handicapés, aux étudiants, aux laissés-pour-compte et non plus exclusivement à l’élite et à ses »maîtres ».
Par THIERRY DJOUSSI,
Président de l’Association des journalistes camerounais pour l’agriculture et le développement (AJAD)