Cameroun : Deux Ivoiriens soupçonnés de détournement, corruption et gouvernance mafieuse
Soupçonnés de détournement, de corruption et de gouvernance mafieuse, le Directeur Général du Centre pour la BAD Serge N’guessan et son compatriote, le Directeur Général de l’OAPI Denis Loukou Bohoussou, tous basés à Yaoundé sont embourbés dans des dérives qui altèrent aussi bien le prestige des organisations qu’ils dirigent que celui de leurs pays. « Deux mousquetaires qui salissent l’image de la Côte d’Ivoire au Cameroun », selon le journal Essingan.
Yaoundé – Ils ont tous deux un dénominateur commun. Ils sont originaires de la cote d’Ivoire. Le premier Serge N’guessan, nommé en Janvier 2021 pour représenter la Banque Africaine de Développement, DG Afrique Centrale de la Bad, s’est rapidement englué dans des manœuvres de corruption, notamment dans le cadre de l’attribution du marché routier Bogo- Pouss, (61,16 km) dans l’Extrême-Nord du Cameroun.
A côté de son employeur, la Bad, dont l’effondrement de la crédibilité est prévisible du fait de ce scandale de tentative de détournement en bande organisée avec le ministre camerounais des Travaux Publics. L’image de marque de leur pays s’en trouve ternie.
Pour comprendre les tenants et les aboutissants de la corruption dans laquelle se noie l’ivoirien Serge N’guessan, il faut se rappeler de la chronologie des événements.
Rapports à charge et fraudes
Le plus récent est qu’après avoir tenté frauduleusement à son niveau de pistonner Soroubat, le ministre des travaux publics, Emmanuel Djoumessi, s’est résolu après 14 mois, à transmettre pour non objection au DG de la Bad la proposition d’attribution de marché au bénéfice du moins disant, le nigérian, Gitto Costruzioni Generali Nigeria, basé à Abuja. Ce dernier proposait un montant 37 679 308 699 CFA Ttc (soit 31 596 904 570 Ht) et un délai d’exécution de 24 mois pour achever le tronçon routier Bogo- Pous, tandis que Soroubat proposait d’ajouter plus de 10 milliards à l’offre de Gitto. C’est ainsi que Soroubat a été recalée par le ministère des marchés publics.
Seulement, en transmettant la proposition du Cameroun (Gitto) au Dg de la Bad, Emmanuel Nganou Djoumessi va prendre soin de joindre frauduleusement à sa correspondance en Décembre 2021, une liasse de documents rejetés par l’autorité des marchés publics mais incriminant l’entreprise nigériane. Sous cape, le Dg, reçoit la consigne de tenir compte de ces documents et privilégier Soroubat dont la surfacturation de 10 milliards pourrait être répartie entre les acteurs qui pistonneront son dossier jusqu’à l’adjudication finale. La proposition est alléchante.
Micmacs
Le 02 février 2022, le ministère travaux publics organise une commission d’analyse des offres à 11 heures du matin. Et sans surprise, le verdict de la commission tombe : « le soumissionnaire, Société de routes et bâtiments (Soroubat) qui satisfait à tous les critères de sa qualification est accepté pour la post qualification ». Montant de l’offre : 50 546 453 465 75 FCFA.
La commission recommande néanmoins au maitre d’ouvrage de s’assurer que « Soroubat dispose du personnel et du matériel répondant aux prescriptions du dossier d’Appel d’Offres, tel que recommandé par la banque ». En clair, même malgré sa nouvelle décision, même la commission doute de l’effectivité de la mobilisation du matériel du chantier par l’entreprise tunisienne. Mais, elle a quand même attribué le dit marché conformément au vœu et aux plans du duo Serge N’guessan – Emmanuel Nganou Djoumessi.
Le deuxième personnage, lui, c’est Dénis Loukou Bohoussou, ci- devant Directeur Général de l’OAPI qui est suspendu de signature par le conseil d’administration à cause d’une gestion mafieuse, avant d’être rétabli. Le compatriote de d’Alassane Ouattara fait figure de mauvais ambassadeur pour son pays d’origine. Ces derniers temps, il a transformé l’OAPI en une marmite bouillante ou le personnel va de grève en grève du fait d’une accumulation de salaires impayés.
La tension n’est pas du tout retombée au siège de l’Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle (OAPI) à Yaoundé. En effet, suite à leur requête de la fin du mois de Janvier 2022, les cinq délégués des personnels signataires de la requête adressée au Directeur Général, Denis Loukou Bohoussou, ont été convoqués et sermonnés par l’illustre destinataire de leur correspondance. Aurelien Francis Pangop Towo, Francois Xavier Bakinien, Florence Oumarou Naotossa, Helene Soney, Etaloba et Dong à Yakan se sont fait dire que leurs démarches sont vaines. Aucune suite n’a été donnée à leur requête. Tout au moins, un mois de salaire a été payé au personnel. C’est donc droit dans ses bottes que le Directeur Général a de fendu son bilan sur les antennes de la télévision Equinoxe vendredi dernier. Un exercice auquel il s’était livré le 25 Janvier 2022 au cours de la conférence de presse qu’il avait donnée à Yaoundé.
Il a fait de l’embuscade une approche de la gouvernance. « D’où de nombreuses obstructions et ingérences dans le travail des autres. Dans cette logique, l’opacité est son meilleur mode d’emploi », souligne un employé de l’OAPI. De son côté le Directeur Général soutient le contraire. Lui, qui se dit victime des batailles au détriment de l’entreprise qu’il veut sauver. Les délégués déplorent les attitudes monsieur Loukou Bohoussou qui en public « prône la sérénité et la paix des cœurs, mais en pratique, la torture ».
« Depuis votre prise de fonction, progressivement, la période de la paie est devenue variable au point que personne ne sait exactement quel jour les salaires sont payés. L’impression que la majorité du personnel a, est que ces retards sont l’expression d’un mécontentement de votre part, qui frise la punition à l’endroit du personnel. Le mois de Janvier 2022, par exemple s’achève, ce jour du 31 janvier et les salaires ne sont pas toujours pas payés. Fait inédit depuis plus de trente ans », clament les délégués du personnel.
Afrique54.net avec Essigan