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Putsch en Guinée-Conakry : La cause, vue de mon point de vue

Putsch en Guinée-Conakry : La cause, vue de mon point de vue

Aucun patriote, républicain, épris des valeurs républicaines, peut être un adjuvant des putschs, sous n’importe quelle forme et pour n’importe quelle raison ;  même quand la raison prône le déboulonnement de ce que certains considèrent comme de la dictature. Les putschs en règle générale dans des États dit républicains, sont des manifestations d’un malaise inquiétant existant entre le pouvoir civil et le pouvoir militaire, lequel malaise est souvent causé par la nécessité de faire primer son autorité sur celle de l’autre pour des fins soit de recadrage en politique, ou d’intérêt individuel en politique. Peu importe la finalité, les putschs sont contraires et opposés à la dimension des valeurs républicaines.

Un putsch- coup d’État par l’armée-, est par essence une obstruction autoritaire à la sérénité politique de toutes républiques(ou celles qui s’y rapprochent), car elle ambitionne surtout en Afrique francophone par la force, la préméditation, et de manière brusque la désorientation de l’orientation politique en vigueur ;  caractérisée en république par : la primeur des urnes pour la constitution de l’exécutif(dans certains cas) ; le respect de la constitution ;  la séparation entre l’exécutif, le législatif et le judiciaire ;  l’application de la justice pour tous ;  le respect des droits fondamentaux des hommes…pour instaurer définitivement ou temporairement, usant des pratiques autoritaires une junte régnant en maître, sans considération du pourvoir civil.

Par nature toujours, un putsch est d’origine malveillante. Il y réside plus de mal que de bon. De fait, sauf si on y voit de la vertu dans le mal et du vice dans le bien, dans aucun cas ce mode de prise de pouvoir ne doit être un exemple érigeable en monument, même dans les pires des dictatures. Le putsch est une forme de dictature. Il en est donc une dérivée. Les dérivées peuvent s’avérer plus dangereuses que leurs racines ;  car en plus de leurs caractéristiques en elles-mêmes, elles abritent aussi celles de leurs racines. Dans ma réflexion, le putsch est une forme de dictature(en un temps réduit), dont une fois et plus, plus dangereuse que les dictatures standards.

La dictature initialement ne fait pas toujours usage de la force (contre les siens) pour obtenir le pouvoir ;  mais elle en fait  de manière éclatée pour conserver son pouvoir. Ahmed Sékou Touré, n’a pas dû combattre les siens pour prendre le pouvoir. Mais durant son règne, si.

Le putsch lui fait initialement usage de la force (passive ou active) de manière concentrée (il donne tout ce qu’il peut, selon les circonstances) pour prendre le pouvoir, et ensuite de manière éclatée pour le maintenir (surtout en Afrique francophone). Pourquoi donc critiquer raisonnablement une dictature menée par un civil et acclamer un putsch mené par un militaire sachant bien (ou pas) que le putsch peut s’avérer plus sauvage que la dictature ?

Aussi, dans aucun pays en Afrique francophone (et peut-être ailleurs), un putsch a apporté le changement escompté par ses soutiens dans la durée. Au contraire, le plus souvent, la gestion du pays par les putschistes a été calquée et améliorée du modèle de gestion instauré par le gestionnaire déchu. On parle là d’une gestion caractérisée par : des répressions sanglantes, arrestations  abusives d’opposants ;  malléabilité de la constitution pour des intérêts individuels ;  restriction de la liberté d’expression, etc. Les cas du Burkina Faso, de la Guinée Conakry, du Tchad…nous parlent avec pertinence, sans aboiements. Comment donc logiquement admirer un putsch et dédaigner une dictature au vue de cela ?

De plus, toute entreprise de prise de pouvoir qui prend corps avec la force dans un État rendra son corps aussi avec la force. Dans chaque pays où il y a eu un coup d’État, d’autres ont suivi. Dans le court, moyen, ou long terme, cette conclusion brandira toujours sa superbe avec fierté.

La force (et la violence), représentée ici par un coup d’État, quand  elle est la cause d’une nouvelle impulsion politique dans un Etat, son virus sera susceptible d’impulser aussi une nouvelle impulsion sociale caractérisée par des « coups d’écoles »,  » coups d’hôpitaux »,  » coups de foyers »,  » coups de gueule », etc., car on se dira : si cela a été légitimé en haut, qui sommes-nous pour ne pas faire pareillement en bas ?  Dans sa diffusion, ce virus n’omettra pas continuellement de faire régner un climat de crainte dans l’esprit des plus fragiles.

LA CULTURE DES PUTSCH EN GUINÉE

Le putsch n’a jamais été la solution à un problème de dictature ou de démocratie en Afrique francophone. On ne résout pas un problème par sa variante. Un problème se résout par une solution qui ne peut qu’être distincte du problème.  Tu ne peux pas avoir le Choléra et te faire soigner avec la cause de son existence… Les ostéopathes sont des pseudo-scientifiques. Je dirais a priori des charlatans. La solution au problème peut se trouver par ce cycle :

 La compréhension du problème la recherche d’un antidote contraire au problème le test de l’antidote et le rejet ou l’application de l’antidote.

Le putsch du dimanche, 05 septembre 2021 à Conakry a juste été un remake du passé… Ce n’est pas une exclusivité de ce pays de l’Afrique de l’Ouest. Depuis octobre 1958, le quotidien des Guinéens est rythmé par des putschs et des tentatives de putschs. On dirait que c’est une culture politique dans ce pays comme le respect de l’éthique en est dans certaines entreprises.

Après la mort de Sékou Touré en 1984, Lansana Conté, renverse très rapidement le gouvernement intérimaire institué en accord avec la constitution. Ce dernier règne jusqu’à sa mort le 22 décembre 2008 ;  où un putsch est lancé en moins de 48h pendant la préparation de l’intérim par Moussa Dadis Camara.

Le 07 novembre 2010, Alpha Condé, premier président élu démocratiquement dans ce pays, prend la gestion de ce pays. Mais une fois de plus est renversé par un putsch le 05 septembre 2021, orchestré par Mamady Doumbouya. La raison de ce putsch est comme à l’accoutumée : servir l’intérêt du peuple.

NOS DÉMONS SE TROUVENT PLUS SOUS NOS OREILLERS QUE LA FRANCE

Un constat est clair : dans la majorité des pays de l’Afrique francophone (situé en Afrique de l’Ouest) où ont été menés des putschs, dû à une gestion de l’État colorée par de la dictature, ces gestionnaires ont toujours été pointés du doigt. Du Mali, Burkina, Mauritanie, Tchad, ce constat brille par une même clarté.

Si je suis d’accord avec nombre d’analystes que c’est ces gestions dictatoriales qui causent ces putschs, je me permets d’allonger ma réflexion pour faire remarquer ceci : les accusations de dictatures sont les causes des putschs réussis en Afrique de l’Ouest francophone… Mais ces accusations sont des prétextes utilisés par ces putschistes pour asseoir leurs dictatures à eux.

Si on se fie à l’histoire politique de la Guinée, on verra bien que c’est putschs n’étaient pas dû à une considération affective du panafricanisme ou de l’intérêt du peuple, mais plus pour une volonté de détenir le pouvoir. Si c’était l’intérêt du peuple qui motivait ces putschs, depuis 1984 en Guinée :

Il devait y avoir aucune modification de la constitution.

Il ne devait  avoir aucun abus des droits de l’homme.

Il ne devait avoir aucun coup d’État postérieur…

Au contraire on a vécu ces pratiques contraires aux valeurs républicaines.

  • Quand Lansana Conté prend le pouvoir en 1984, il préside un comité appelé : Comité militaire de redressement de la Guinée (ces comités ont toujours ces titres accrocheurs) qui ambitionne de « sauver » les Guinéens. Ce n’est qu’en 1993 sous pression des bailleurs de fonds qu’il instaure le pluralisme politique dans son pays ;  soit 09 après sa prise de pouvoir. Ceci voudrait dire que durant cette période, il a délibérément voulu être le seul détenteur du pouvoir exécutif.
  • Ensuite en 1998, il modifie la constitution pour se présenter aux élections de 2003, pourtant la constitution limitait les mandats à 02, maximum. Cette élection est gagnée par lui, mais avec un boycotte totale de la vraie force de l’opposition.

En 2007, dû à une mauvaise gestion du pays et l’augmentation du coût de la vie, il y est organisé une grève générale, qui est malheureusement réprimée dans le sang, en vue de réprimer assurément toute voix dissidente à son autorité.

  • Durant la phase de lancement de son règne, il essaie d’appliquer une politique contraire à celle de Sékou Touré. Il prône le libéralisme économique, le respect des droits de l’homme, etc. Mais c’est à partir de 1993 que sa radicalisation(en vue de conserver le pouvoir) est actée, avec l’avènement du multipartisme et son corollaire politique. Selon certaines sources, il lui est arrivé d’utiliser le tribalisme pour conserver son pouvoir.
  • Durant son règne, il y a eu deux tentatives de putsch. Un en 1985 par son ancien compère putschiste Diarra Traoré, et en 1996 dû à une mutinerie militaire.  En octobre 2006, malgré la précarité de son état de santé, il s’entête toujours à demeurer président…

Tout ceci démontre facilement que c’est l’intérêt pour le pouvoir et non pour le peuple qui a motivé ce putsch. Si c’était pour le peuple, on ne devait pas assister à des arrestations arbitraires des opposants, des répressions sanglantes des manifestants, le travestissement de la constitution pour des fins individuelles, mais aussi les tentatives de putschs.

Dans la même mouvance, en 2008, Lansana Conté, après sa mort est rattrapé par un putsch mené par Moussa Camara. On y constate durant son règne le même amour pour le pouvoir et le même rejet pour l’intérêt du peuple. Quand il prend le pouvoir, il affirme qu’après la période de transition (assurée par le Conseil national pour la démocratie et le développement) , qu’il ne se présentera pas aux élections prochaines en vue de céder le pouvoir aux civils. Paradoxalement, au fil du temps, il expose son intention de se présenter. Le peuple voyant cela décide de protester contre cette trahison. Cette manifestation a malheureusement donné lieu à l’un des pires massacres jamais enregistré en Guinée. C’était le 28 septembre 2009, où manifestant dans un stade à Conakry, la police a délibérément tiré sur les manifestants causant la mort de plusieurs centaines de personnes, des viols et kidnapping des filles et femmes. D’autres exactions de ce genre ont été recensées durant son règne jusqu’au 15 janvier 2010, laissant l’image d’un dictateur avide de pouvoir.

On constate ici entre autres que c’est le désir de se maintenir au pouvoir qui a causé la stratégie du 28 septembre 2009 ;  car toute opposition est une tumeur considérée par toute conservation du pouvoir.

Contrairement à beaucoup d’illuminés qui pensent que c’est la France qui est derrière ce coup d’État, les moins illuminés comme moi pensent que ce coup comme beaucoup dans le monde, en Afrique, Afrique francophone, et plus particulièrement en Guinée, est le résultat d’une envie zélé de pouvoir par les putschistes.

L’incestueuse relation qu’entretiennent les dirigeants d’Afrique en général et francophone en particulier, avec le pouvoir n’est plus un secret. Ces derniers sont prêts à s’approprier et conserver le pouvoir à tous les prix. Même au prix de leurs vies.

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À y voir sous un autre prisme, on a l’impression que le pouvoir est une composante vitale de leur (dirigeants) génotype, l’absence duquel serait susceptible de leur rendre inexistants. Il y a donc nécessité d’exister ;  et pour se faire, il faut s’approprier le pouvoir à tous les coûts. Même au coût de leurs dignités.

En Afrique francophone, les dirigeants n’ont jamais quitté le pouvoir de plein gré (sauf dû à la mort). Même quand nécessité se faisait ressentir. Le plus souvent, les frasques de ces dirigeants étaient couvertes et souvent perpétrées par ceux-là qui ont commis ces putschs plus tard. Le cas de la Guinée avec son nouvel homme fort Doumbouya est un exemple. D’où sort cette soudaine envie de vouloir redresser les choses sans trace au préalable ?  Donc aujourd’hui vous réprimez violemment les manifestants, couvrez la corruption, embastiller des innocents, couvrez la modification de la constitution, et aujourd’hui, aussi facilement vous prétendez prendre le pouvoir par les armes pour changer les choses ?  Vous avez démontré votre engouement au changement à quel moment ?  Cette conversion aurait été possible si on n’était pas en Afrique francophone. Mais vu que nous s’y sommes, et vu l’histoire, quelque chose cloche quelque part.

Je n’ai aucune confiance aux paroles de ce Mamady Doumbouya. Tôt ou tard, l’avenir confirmera ma défiance. Ce monsieur ferra tout simplement comme ses prédécesseurs. Ce mal est génétique en Afrique francophone.

En plus, plusieurs sources officielles affirment que ce putsch a été motivé par des soupçons d’un éventuel limogeage de ce monsieur par Alpha Condé, à cause de ses liens probables avec le nouvel homme fort du Mali, lui aussi putschiste. Avec cette raison fondée ou infondée, voyez-vous un lien avec l’intérêt du peuple ou l’aura de la France ?  Peu importe votre réponse, moi je vois un lien avec l’intérêt personnel qui en politique est très souvent entretenu par le pouvoir.

Parlant de la France, beaucoup donc quand il s’agit des putschs ou la déchéance d’un dirigeant d’Afrique francophone, voient toujours l’ombre de la France. Je peux comprendre que le spectre du néo-colonialisme est vilain. Mais leurs arguments auraient plus de sens si ils étaient fondés, vérifiables, et rapprochables avec la réalité.

La mort d’Idriss Deby Itno a été imputée à la France, tout comme le coup d’État du Mali, Burkina-Faso, Mauritanie. La preuve souvent apportée par ces illuminés est fondée entièrement sur des ramifications avec d’autres crises… Et la raison donnée est le désir de la France de s’approprier les ressources naturelles de ces pays.

Pour le cas de la Guinée, beaucoup ont dit que le putsch a été motivé par la signature d’un contrat avec la Chine par Alpha Condé, pour l’exploitation de la bauxite, pour une valeur de 20 millions d’euros.

Mon interrogation : Comment expliquer et démontrer que seul un contrat a pu acter ce putsch ?

Pour d’autres, ce putsch est dû au fait qu’Alpha Condé, avait prononcé un discours contre la France-Afrique.

Mon interrogation : pourquoi dans d’autres colonies françaises outre-Afrique (et des pays où la France a une mainmise) on n’assiste pas aux scénarios qu’on retrouve en Afrique quand même ces dirigeants d’ailleurs remettent en cause l’ingérence de la France ?

Pour d’autres, ce putsch est dû à la volonté de la France d’exploiter les ressources naturelles de la Guinée. Pour rappel, les richesses du sous-sol guinéen ont toujours existé. De plus, la Guinée sous l’ère Moussa Camara a toujours transacté avec d’autres puissances étrangères.

Mes interrogations : 

-Pourquoi lors des précédents putschs on n’y voyait pas la main de la France.

Enfin vous qui affirmez le lien de ce putsch avec la France, pouvez-vous supporter arguments à l’appui vos positions ?

Les réponses à ces questions nous permettront d’avancer.

 

Ma position demeure. Ce putsch a été orchestré pour des fins de prise de pouvoir.

 

Par Christian Yabassi, le Profane.

 

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