Et dit tôt | Poutine , un ami invisible de l’Afrique
by Marcien Essimi
Depuis quelques années, plusieurs pays africains ont décidé de tourner le dos à leurs nations tutrices européennes, notamment la France, pour nouer des relations solides avec d’autres États comme la Chine et surtout la Russie de Vladimir Poutine. Des relations qui ne sont pas nouvelles, ce d’autant qu’avec quelques-uns de ces pays du continent Noir, la Fédération de Russie entretient des liens étroits d’amitié et de coopération depuis les années des indépendances et même avant. De plus en plus donc, dans les domaines aussi variés que l’enseignement, la sécurité, l’économie…la Russie et une bonne partie d’États africains, c’est pratiquement un pas de deux.
D’ailleurs concernant les accords militaires bilatéraux, entre Russes et Africains, ils se situent à plusieurs niveaux de coopération, allant de simples réunions de travail entre experts militaires à des collaborations étroites prévoyant des formations ou la fourniture d’images satellite. En janvier 2023, la Russie avait ainsi conclu ce type de partenariat avec les deux tiers des pays du continent. Selon certaines sources généralement bien informées, à travers certains de ces accords, elle tente d’obtenir un accès aux ports des États africains côtiers. La Russie, comme c’est connu, ne disposant pas de base militaire permanente en Afrique, malgré ses efforts pour en implanter une sur la mer Rouge à Port-Soudan (Soudan).
Apparemment donc, le Russie et l’Afrique le courant passe. Même en ce qui concerne la vente d’armes. Par exemple, au forum technique militaire international « Armée 2022 » à Kubinka en Russie, le 15 août 2022, le président russe Vladimir Poutine n’avait pas manqué de vanter les mérites de son industrie :
« Nous sommes prêts à proposer à nos alliés et partenaires les types d’armes les plus modernes, des armes d’infanterie aux engins blindés, en passant par l’artillerie, l’aviation de combat ou les drones. Partout dans le monde, (ces armes) sont appréciées par les professionnels pour leur fiabilité, leur qualité et, surtout, pour leur haute efficacité. Elles ont quasiment toutes été employées à maintes reprises dans des conditions de combat réelles. »
Mais seulement, pour des Africains qui sont au fait de la profondeur des relations entre leur continent et la Fédération de Russie, il y a comme une ombre sur le tableau idyllique. Ils se souviennent que, ce n’est d’ailleurs un secret pour personne, sinon un secret de polichinelle, Vladimir Poutine qui a toujours accueilli sur son sol les chefs d’État africains, n’a jamais effectué une visite officielle dans le continent Noir. S’il a fait des voyages dans certains pays, c’est dans un cadre purement privé. Une attitude du président russe jugée de condescendante.
Du coup, l’impression qui est celle de certains fils de l’Afrique, est que la Russie considère leur continent comme un enfant sous curatelle ; elle le regarderait du haut et sa politique envers elle est celle de maître face à un élève. C’est en fait, le hic pour le moment constaté entre la Russie et l’Afrique.
C’est vrai quand même que, contrairement aux relations qu’entretenaient l’Afrique et les pays européens, où elle se trouvait dans une camisole de force, avec la Russie, elle dispose des marges de manœuvre. Toutefois, cela se comprend d’ailleurs, le pays de Poutine ne peut pas supporter pour le moment de penser traiter d’égal à égal avec les États africains ; mais tout de même, il devrait les considérer comme des partenaires qui rencontrent certes des obstacles, mais lesquels ne sont pas insurmontables.
LIRE AUSSI
-
-
-
- L’Académie russe des sciences naturelles lance le concours international « EcoWorld-2025 »
- Des attaques de missile frappent Kiev alors que l’Ukraine et la Russie mènent des raids transfrontaliers
- L’Ukraine et la Russie effectuent des frappes contre les installations énergétiques respectives
- La Russie versera des indemnités pour l’accident de l’avion azéri
-
-
L’Afrique, ce sont les opportunités de croissance, voire d’accumulation. Des opportunités qui, si elles s’offraient à certaines parties du monde, elles seraient exploitées à bon escient, rationnellement pour consolider les acquis du développement et pour accroître le bien-être des populations qui y vivent. C’est cela que l’Afrique attendait en vain de l’Occident depuis des siècles : l’accompagnement pour atteindre cet objectif. Au lieu de cet accompagnement, elle s’est vue plutôt saigner à blanc. C’est la même chose que l’Afrique attend de la Russie aujourd’hui. Mais cela ne peut pas se faire à travers une coopération empreinte de condescendance ou encore de mépris. ■
Publié au journal La Voix Des Décideurs du 22 Octobre 2025, Yaoundé Cameroun




