Coup de gueule de Saint-Eloi Bidoung : Remember Jeanne Irène Biya
Pour nous faire part de ce qui venait de nous arriver, ce jour-là, Cameroun Tribune, titrait : « Madame est morte ». Oui, Jeanne Irène Biya ,Première femme, première dame du Cameroun est morte.
Regrets éternels
Jeanne-Irène Biya, née à Atcham Ndoumin en 1935 à Monengombo, est morte le 29 juillet 1992 à Yaoundé. La première femme, prétendument adulée, tant aimée, tant courtisée par une cours pleine d’hypocrites, de sournois, de courtisans qui lui chantaient des louanges hier ; est désormais sortie des cœurs et reléguée aux oubliettes, à la limite dans les poubelles de l’histoire. Ce devant le mur d’indifférence dressé par son veuf de mari, son fils Franck Biya, ses autres fils, sa coépouse, et sa famille ; j’accuse et je porte plainte devant l’éternel pour défaut d’exercice du devoir de mémoire.
Aucun proche n’a jugé utile et nécessaire de mobiliser les camerounais au tour de cette date au titre d’un devoir de mémoire, l’heure est plutôt à la mobilisation pour une énième candidature certaine et prochaine du président Biya. Jeanne Irène Biya repose désormais loin des bouches, loin des yeux et loin des cœurs.
« Irène, Reine à jamais »
Certains me disent que j’ai une tête bien faite pour être coupée sec sur une planche et pendu court au rond-point de la poste centrale. Cela ne m’empêchera pas de dire que la reine était belle, digne, discrète, élégante et généreuse. Elle remettait les dons aux enfants malades de sa fondation sans trompettes ni tambours, ni cameras, ni reportages avec beaucoup de lyrisme des médias d’Etat.
Madame visitait les veufs et les orphelins sans micros ni cameras. Avec « Irène la reine » les médias n’étaient pas convoqués pour couvrir une cérémonie d’arbre de noël dans son village ou pour l’anniversaire de son époux. Une reine, je vous le dit !
A Irène, la reine immortelle
« Il y avait quoi avant » ? Une grande femme derrière un grand homme ; un grand homme devant une grande femme. Qu’est-ce que c’était beau avant. Celle-ci, discrète, maternelle (malgré son infécondité) ; autoritaire (malgré son calme apparent), femme soumise à son époux. Elle nous aurait sûrement épargné ce énième mandat présidentiel de son vivant comme Epouse en 2025. Non ! Jeanne Irène Biya n’aurait jamais accepté ce septennat de trop pour gouverner derrière les rideaux par hautes instructions comme Grâce Mugabe, comme Sylvia Bongo.
Première femme et première dame
Jeanne Irène Biya, aimait son mari. Elle l’a supplié de quitter le pouvoir au bout des premiers vingt-cinq ans. « Irène la Reine » en a souffert et fortement attristée, Madame aimait son mari et cela suffisait à ce beau couple que l’on aurait dit mal assorti du fait de leurs obédiences religieuses et de leurs différences académiques. Sur le plan de la forme, c’était deux bijoux sur un même coffret. C’était Jeanne Irène et Paul Barthélemy. A l’interpellation « Madame », (ne jamais y ajouter présidente ou première dame) pourtant non moins Epouse de son Excellence le président la République, chef de l’Etat, chef suprême de tant de choses. Ça , C’était avant.
La date du 29 Juillet 1992 ne dit plus rien à personne. 32 ans après le décès de la « première » première dame du Cameroun, Ni à Monegombo, ni à Mvomeka’a, encore moins à Etoudi.
Qui devait, qui doit ? Qui devrait ? Qui aurait dû commémorer, célébrer la vie et les œuvres de Jeanne Irène Biya cette grande Dame de Cœur.
Loin de moi l’intention d’exhumer ou de raviver des souvenirs, ou alors de réveiller, des douleurs et des évocation pénibles ; je veux tout simplement rendre un hommage à cette grande dame d’action qui a eu le privilège d’être l’épouse de notre chef d’Etat, et par le hasard des choses, ma sœur ; à qui on a tout arraché : la vie, les œuvres, l’amour et la destinée.
Depuis son inhumation, une Chappe de plomb semble avoir recouvert sa vie et les multiples actions qui l’ont accompagnée. Tout se passe comme si une main lourde, obscure, et invisible voulait effacer son souvenir de la mémoire collective.
Pas de cérémonie commémorative organisée pour perpétuer la reconnaissance de son passage sur terre. Même pas une messe de requiem, à ce que je sache pour le grand public. Quelle ingratitude, quel sort ! Et l’état du Pavillon « J.I.B » à l’hôpital central de Yaoundé démontre à suffisance la détermination de ceux qui voudraient effacer l’image de la défunte en nous. On se serait attendu pour sa mémoire, que des structures sociales, humanitaires, ou sanitaires soient érigées et lui soient dédiées. Hélas ! Tout juste a-t-on vu disparaître la couche de peinture sur les murs du « pavillon J.I.B » pour effacer sa mémoire à jamais. Entre substitution de nom, volonté délibérée et affirmée de uns et des autres à le remplacer par un autre nom. Gravissime erreur dont on aurait bien pu se passer.
32 ans que ça dure, cette pénible et brutale disparition, son nom reste tabou dans certains cercles proches du pouvoir et particulièrement celui du chef de l’état, de peur de subir les foudres et les affres du palais. Le propre frère de Jeanne Irène Biya fut Ministre aujourd’hui Sénateur. Qu’a-t-il fait pour la mémoire de sa sœur ? Le fils adoptif Franck Emanuel Biya, se souvient-il de cette femme qui lui passait les couches ? Paul Biya lui-même n’a pas entrepris pendant 32 ans une action pour honorer la mémoire de celle qui a été à ses côtés pendant trois décennies. Dieu seul sait combien ils sont nombreux les enfants qu’elle a élevé et qui sont devenus presque« vices-dieux ».
Le nom de jeanne Irène Biya se trouve être désormais inscrit en lettre d’or au tableau d’horreur des noms tabous de la république, de l’histoire et de la mémoire collective.
Jeanne Irène Biya, n’aura jamais connu de repos depuis 32 ans, tellement il y a des bruits autour de son cercueil. Elle ne peut avoir un repos tranquille, tellement il y a du chahut autour de la mort. Je ne veux pas être celui qui exhume des vieux démons, mais tous ensemble, adressons au Président Biya nos regrets éternels pour sa grande, belle, adorable et charmante épouse décédée.
J’accuse les morguiers, croque-morts, médecins-légistes et autres magiciens qui pullulent et manipulent l’opinion au Cameroun depuis 32 ans autour de la mort de Jeanne Irène Biya.
Il vaut mieux ne pas en parler de peur qu’on pense que vous en savez un peu trop.
Malheureusement celui qui aurait pu nous renseigner d’avantage sur la mort de Jeanne Irène Biya est déjà mort. Que son âme repose en paix!!!
Par Saint-Eloi Bidoung , 29 juillet 1992-29 juillet 2024