►►Huit mois après sa fermeture consécutive à la prise de Goma par le Mouvement du 23-Mars (M23), l’aéroport international de cette ville de l’est de la République démocratique du Congo (RDC) demeure clos, symbole d’un conflit enlisé qui continue de paralyser la région.
GOMA (RDC)-A l’entrée principale, sur la route reliant le centre-ville à l’aéroport, le portail métallique reste verrouillé. Derrière, des combattants cagoulés du M23 montent la garde jour et nuit, à l’intérieur comme à l’extérieur du périmètre. L’accès n’est accordé qu’au compte-gouttes, sur autorisation expresse des autorités militaires rebelles invoquant des motifs de sécurité.
A l’intérieur de l’enceinte, les signes d’abandon sautent aux yeux.
Les abords du parking sont envahis par les herbes folles, contrastant avec l’effervescence qui régnait jadis sur cette plateforme où se croisaient quotidiennement des vols nationaux et internationaux. Malgré un nettoyage ponctuel initié par des agents onusiens il y a quelques mois, les débris d’équipements militaires restent visibles sur le tarmac et aux alentours. Les portes de l’administration et des services techniques sont fracassées, des carcasses de véhicules blindés jonchent encore le site.
« Attention, des engins explosifs subsistent. Ils avaient été posés par les Formes armées de la RDC lors des derniers combats de janvier », prévient un officier rebelle responsable de la sécurité de l’aéroport. Il a affirmé que certains de ses hommes ont déjà été blessés par ces pièges encore actifs.
Fin janvier, lors de la prise de Goma, les combats avaient duré près de deux jours, opposant le M23 à une unité spéciale des militaires congolais retranchée dans l’aéroport. Les échanges d’artillerie lourde avaient causé des dégâts considérables aux infrastructures.
Le M23 impute à Kinshasa la responsabilité des destructions, accusant le gouvernement d’avoir ordonné délibérément la mise hors service de l’aéroport. Une version rejetée par les autorités congolaises.
Pour les habitants de Goma, les conséquences sont lourdes.
La fermeture du principal aéroport de l’est du pays affecte profondément la vie quotidienne et l’économie locale. Voyager depuis Goma vers Kinshasa ou d’autres destinations nationales est devenu un parcours du combattant : il faut désormais passer par Kigali, ou parcourir des centaines de kilomètres pour embarquer à Kampala, en Ouganda.
Cette paralysie a aussi frappé les petits commerçants de la ville, qui vendaient jadis des vivres aux passagers. Privés de cette clientèle, ils se retrouvent sans revenus. Les activités humanitaires et les flux logistiques, autrefois facilités par l’aéroport, sont également ralentis, aggravant l’isolement de la région.
Pour beaucoup, le silence de l’aéroport est devenu le rappel le plus clair que la guerre est loin d’être terminée, alors que les affrontements entre le M23 et les forces congolaises se poursuivent à travers le Nord-Kivu et le Sud-Kivu.
Selon Bintou Keita, cheffe de la mission onusienne de maintien de la paix en RDC (MONUSCO), les rotations de contingents sont bloquées, les approvisionnements en carburant et en nourriture sont retardés, et l’aéroport de Goma demeure fermé.
« Sans ces conditions, la MONUSCO ne peut assurer pleinement le mandat de protection confié par ce Conseil », a prévenu Mme Keita lors d’une réunion du Conseil de la sécurité de l’ONU tenue le 30 septembre.
By Xinhua



