►►Les remarques du vice-président américain JD Vance lors de la Conférence de Munich sur la sécurité (MSC) vendredi ont suscité de vives critiques de la part de responsables européens, soulignant les tensions croissantes entre Washington et ses alliés européens.
Munich, Allemagne | S’adressant à la MSC, M. Vance a dit que le plus grand défi de l’Europe n’était pas les menaces extérieures, mais l’érosion démocratique interne.
Il a accusé l’Europe de s’éloigner des « valeurs fondamentales » qu’elle partage avec les Etats-Unis, exprimant ses inquiétudes quant aux politiques électorales, aux droits civils et à la liberté d’expression sur le continent.
LA RÉACTION DE L’EUROPE
Bien que le président américain Donald Trump ait salué les remarques de JD Vance en les qualifiant de « bonnes et brillantes », de nombreux responsables européens ont rapidement rejeté le discours, le considérant comme une attaque injustifiée de la part d’un allié de longue date.
Samedi, le chancelier allemand Olaf Scholz a critiqué JD Vance pour son ingérence dans la politique allemande, rejetant fermement toute influence extérieure sur la démocratie du pays. S’exprimant devant la MSC, M. Scholz a souligné que l’Allemagne ne tolérera pas que des personnes extérieures s’immiscent dans « notre démocratie, nos élections et la formation démocratique de l’opinion ».
Le président allemand Frank-Walter Steinmeier avait critiqué l’administration Trump et les grandes entreprises technologiques avant le discours « blessant » de Vance, déclarant que la vision du monde de la nouvelle administration américaine ne tient pas compte des règles établies, des partenariats et de la confiance de longue date.
Il a déclaré à la MSC que permettre à une telle vision du monde de dominer serait préjudiciable à la communauté internationale. D’autres responsables européens se sont joints au concert de condamnations.
Le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, a qualifié les remarques de JD Vance d' »inacceptables », tandis que la ministre finlandaise des Affaires étrangères, Elina Valtonen, a qualifié la position des Etats-Unis à l’égard de leurs alliés de « conflictuelle et provocatrice ».
Le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani, a déclaré à Munich que les remarques de JD Vance alimentaient une controverse inutile, qui ne sert les intérêts de personne.
Réagissant aux commentaires de JD Vance sur les politiques électorales et d’immigration de l’Europe, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a souligné samedi que l’Europe n’accepterait pas de se voir imposer des règles de l’extérieur.
« Personne n’est tenu d’adopter notre modèle, mais personne ne peut nous imposer le sien », a-t-il publié sur les réseaux sociaux. « Quand on a confiance en soi, on ne se sent pas menacé par les critiques. »
UNE RÉINITIALISATION DES RELATIONS TRANSATLANTIQUES ?
Dans le contexte des récents tarifs douaniers américains sur l’acier et l’aluminium, et des positions controversées de l’administration Trump sur la bande de Gaza et l’Ukraine, le discours de JD Vance a été perçu comme un nouveau changement dans les relations transatlantiques.
S’exprimant sur l’impact du discours, Politico Europe et la BBC l’ont qualifié d' »attaque » et d' »explosion », tandis que The Guardian a titré qu’il « mettait à nu l’effondrement de l’alliance transatlantique ».
De nombreux experts ont noté que le discours de JD Vance soulignait l’aggravation des différends entre les Etats-Unis et l’Europe, non seulement en matière de sécurité, mais aussi sur des questions sociétales et culturelles.
Tomas Janeliunas, professeur à l’Institut des relations internationales et des sciences politiques de l’université de Vilnius, a décrit la réaction à Munich comme un choc. « Les rares applaudissements qui ont retenti dans la salle étaient très éloquents : les Européens écoutaient et ont eu du mal à croire ce qu’ils entendaient », a-t-il déclaré.
L’expert croate en sécurité Vlatko Cvrtila a affirmé que JD Vance comprenait mal la démocratie européenne. « Il n’a aucune connaissance de l’histoire européenne, de ce qui s’est passé en Allemagne et des raisons pour lesquelles l’Allemagne dispose de mécanismes de protection, tout comme le reste de l’Europe ».
Pero Kovacevic, ancien secrétaire d’Etat au ministère croate de la Défense, a déclaré que le discours de JD Vance montrait la frustration des Etats-Unis face à l’incapacité perçue de l’Europe à relever des défis majeurs.
SOUTIEN DE LA DROITE À M. VANCE
Si les remarques de JD Vance ont été largement mal accueillies par les principaux dirigeants européens, elles ont été soutenues par les hommes politiques de droite. Certains médias allemands ont interprété les remarques de JD Vance – prononcées juste une semaine avant les élections allemandes – comme un soutien indirect au parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD).
Alice Weidel, la cheffe du parti d’extrême droite AfD, a trouvé le discours de JD Vance « excellent », tandis que Jordan Bardella, président du Rassemblement national, le parti d’extrême-droite français, a déclaré que les observations de JD Vance sur la liberté d’expression et l’immigration étaient « tout à fait lucides ».
Le Premier ministre hongrois Viktor Orban s’est aligné sur M. Vance en ce qui concerne les immigrés.
Sur les réseaux sociaux, il a écrit : « Nous disons depuis 2015 que l’immigration illégale de masse est une recette pour le désastre […] Nous ne sommes pas heureux que le temps nous ait donné raison, mais nous sommes heureux que la Hongrie soit restée à l’écart de cette folie ».
Tanja Fajon, ministre slovène des Affaires étrangères, a qualifié les remarques de M. Vance de « signal d’alarme » pour l’Europe.
« La douche froide que le vice-président américain Vance a fait subir aux Européens au détriment de la liberté d’expression et de la démocratie en Europe résonne encore fortement à Munich », a-t-elle posté sur les réseaux sociaux.
Zeljka Cvijanovic, présidente de la Bosnie-et-Herzégovine, a quant à elle salué le discours de M. Vance, qu’elle a qualifié de « clair, réaliste et inspirant ».
Elle partage son avis selon lequel l’Europe supprime la liberté d’expression et annule les élections qui ne sont pas conformes aux politiques dominantes. La conférence de Munich sur la sécurité est depuis longtemps une plate-forme essentielle pour le dialogue américano-européen sur la sécurité mondiale.
Cependant, l’événement de cette année a mis à nu des écarts croissants sur des questions cruciales, exposant l’incertitude croissante dans les relations américano-européennes après le retour de Trump à la présidence.
By Xinhua
