Crise humanitaire : Le HCR et le Cameroun renforcent leur partenariat
►► Un mémorandum d’entente vient d’être signé entre le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) et le Ministère camerounais des Affaires Sociales, dans l’optique d’intégrer les personnes déplacées dans le champ de la protection sociale.
Afrique54.net › Yaoundé │ Abdel Kader est un jeune étudiant rêveur. Nous l’avons rencontré à l’Université de Yaoundé I. Ses trois frères et lui, aux côtés de leur papa orpailleur se sont frayés un chemin dans la broussaille, au début de la crise centrafricaine, avant de rallier le Cameroun alors qu’il n’avait que 8 ans. Ce jeune centrafricain de 23 ans basé dans la capitale camerounaise Yaoundé depuis plus de 15 ans, ne se considère pas comme un déplacé.
Hors selon le gouvernement camerounais, en août 2024, le pays compte plus de 2 millions de personnes déplacées de force, dont 1 036 775 déplacées à l’intérieur du pays et 435 988 réfugiés. Ce qui pourrait à la longue constituer un problème, d’autant plus que dans cet effectif de réfugiés, 313 956 viennent de la République Centrafricaine et sont installés dans la zone frontalière de l’Adamaoua, de l’Est, et du Nord.
Un espace de protection renforcé
En réponse aux situations de réfugiés prolongés et à la diminution du financement humanitaire, le gouvernement camerounais et l’organe spécialisé des Nations Unies en charge des questions de réfugiés ont engagé des discussions.
« Pour y parvenir, le HCR aide le gouvernement camerounais à respecter ses engagements du Forum mondial sur les réfugiés, qui vise à alléger les pressions exercées par les pays d’accueil, à renforcer l’autonomie des réfugiés, à élargir les solutions des pays du tiers et à garantir des retours sûrs et dignes dans les pays d’origine, dans des domaines tels que la protection, la santé, l’éducation, l’environnement et les opportunités socio-économiques », a fait savoir le Haut-Commissariat pour les Réfugiés Bureau pays.
L’expression d’un engagement
La cérémonie de signature de ce protocole d’accord le 27 septembre 2024, marque une étape importante dans le partenariat entre le HCR et le gouvernement camerounais. Cet évènement symbolise l’expression concrète de leur engagement à travailler ensemble pour améliorer la protection sociale et l’inclusion des personnes déplacées de force au Cameroun.
Ainsi le cadre de collaboration préalablement établi pour inclure les personnes déplacées de force dans les programmes et une coopération au développement efficace, permettent de trouver des solutions provisoires pragmatiques pour les personnes déplacées. Ces solutions provisoires sont gagnantes pour les communautés d’accueil comme pour les populations déplacées, l’intégration socio-économique offrant de multiples avantages.
Une réponse affinée
Les solutions durables formelles, telles que le retour volontaire, l’intégration locale ou l’installation ailleurs, restent en effet hors de portée pour la majorité des personnes déplacées. Une étude a montré que plus de 74 % de l’ensemble des réfugiés sont déplacés depuis plus de cinq ans. En 2021, dans le monde seuls 490 000 réfugiés ont pu retourner dans leur pays d’origine ou se réinstaller dans un pays tiers.
Encore moins ont pu acquérir la nationalité de leur pays d’accueil. Si les données sont plus floues pour les déplacements internes, nous savons que 56 % des personnes déplacées à l’intérieur du Soudan le sont depuis plus de dix ans et que 80 % de celles déplacées à l’intérieur de la Syrie le sont depuis plus de cinq ans.
Les situations de déplacement forcé au Venezuela et en Ukraine ont montré qu’il existe d’autres façons de gérer ce déplacement. Dans les deux cas, de nombreux déplacés forcés fuyant les frontières sont désormais en mesure de travailler et d’accéder à des systèmes de services sociaux similaires à ceux des citoyens des pays d’accueil.
La charge de la réponse humanitaire est ainsi réduite, les réfugiés peuvent répondre eux-mêmes à leurs besoins et la cohésion sociale est renforcée. Ainsi, en réponse aux 1.8 million de Vénézuéliens arrivant sur son territoire, la Colombie a promulgué le Statut de Protection Temporaire (SPT), qui permet à ces derniers d’obtenir des documents et d’accéder à droits pendant dix ans.
© Afrique54.net │ Thierry Eba, depuis Yaoundé