Transformation du bois au Cameroun : Les pesanteurs structurelles douchent les avancées au MINFOF
►Certaines avancées sectorielles impulsées au niveau du département ministériel en charge des forêts invitent les autres acteurs à prendre le train en marche.
Afrique54.net | Il y a des chiffres constants depuis plusieurs années. Le secteur forestier du Cameroun se classe au troisième rang après les hydrocarbures et l’agriculture avec une contribution au PIB de l’ordre de 4%. En 2013, l’étude de l’importance économique et sociale du secteur forestier et faunique au Cameroun avait estimé son chiffre d’affaires annuel à plus de 500 milliards FCFA et admis que son potentiel restait sous exploré.
La politique de gestion durable basée sur le prélèvement a été heureusement un facteur déterminant pour la conservation de la ressource. Mais les experts notent la persistance de diverses pesanteurs structurelles pour une transformation plus poussée et l’essor d’autres services écologiques novateurs.
Les regards sont fixés sur l’exploitation de la ressource depuis trois décennies en raison de son apport économique immédiat. On parle de plus de 25 000 emplois directs et 150 000 indirects. Une fiscalité affectée qui se traduit par les allocations financières en termes de redevances forestières annuelles à plus de 100 communes en 15 ans et un fonds de péréquation destiné aux autres communes non forestières, des taxes d’affermage réallouées selon le même principe pour ce qui concerne l’exploitation des ressources fauniques.
Une enveloppe d’environ 300 milliards FCFA de redevance a contribué au développement d’une centaine de collectivités territoriales riveraines. La gestion communautaire de la ressource a permis la création des forêts communales et communautaires ainsi que les zones d’intérêt cynégétique à gestion communautaire. Mais un constat s’impose. L’ensemble de ces activités restent calquées sur le principe de la rente. Seule une transformation plus poussée permettra de modifier radicalement la donne.
Lueurs
Une littérature appropriée circule. Les experts ont envisagé les scenari qui devraient permettre au Cameroun d’atteindre un niveau satisfaisant de transformation du bois. D’abord objectif prioritaire du Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi, cette question a été reprise dans la SND 30, qui est devenue la feuille de route des actions du Gouvernement. Ces documents phares ont leur déclinaison dans le Plan Directeur d’Industrialisation (PDI) élaboré en 2017 par le Ministère des Mines de l’Industrie et du Développement Technologique (MINMIDT).
Selon les objectifs du PDI, le Cameroun ambitionne d’accroître de 13 à 24% la contribution du secteur forestier dans la formation du PIB. Un accent particulier devrait être mis sur la transformation de certaines ressources naturelles parmi lesquelles le bois. Les grandes idées de cette politique sont en expérimentation tant au niveau de la sous-région CEMAC qu’au niveau national. Dans la marche lente vers l’arrêt des exportations de grumes au Cameroun, il avait été envisagé la création des zones économiques spéciales qui devaient accueillir des industries de transformation de bois.
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Pour préparer ces mutations, le Ministère des Forêts et de la Faune a engagé la mise en œuvre du Marché Intérieur du Bois (MIB) pour un accès facile à la ressource. Plusieurs sites MIB identifiés et aménagés sont fonctionnels dont 11 dans les communes du Cameroun et 21 sur les terrains privés. Plus de 2000 artisans de bois ont été formés aux techniques de séchage de bois. Ces initiatives sectorielles seraient durablement viables dans une logique d’ensemble où, chaque intervenant de la chaîne joue sa partition au premier ordre duquel figurent les administrations.
Le MINFOF est détenteur de la ressource et se présente comme étant un pivot essentiel dans l’articulation de toutes les initiatives qui se veulent viables. Il a en son sein tout un département chargé de la promotion et de la transformation des produits forestiers. Le MINMIDT est l’autorité nationale désignée en charge de l’élaboration et de la coordination de la politique nationale sur les questions de développement industriels et technologiques.
Le Ministère de l’Economie du Plan et de l’Aménagement du Territoire (MINEPAT) est le bras séculier de l’Etat en matière d’élaboration et de coordination des politiques macroéconomiques. C’est l’interface entre l’Etat du Cameroun et les partenaires au développement. Il doit veiller à ne pas se positionner dans les volets opérationnels des projets comme par le passé.
Leçons et questions
Les leçons d’un passé récent peuvent servir d’appuis aux initiatives nouvelles en matière de transformation du bois au Cameroun. Commencé en 2010, le projet de compétitivité des Filières de Croissance avait pour objectif de promouvoir la croissance des secteurs de la transformation du bois et de l’écotourisme dans des conditions durables en améliorant leur propre niveau de compétitivité ainsi que le climat de l’investissement. Financé à hauteur de 17,6 milliards FCFA par la Banque Mondiale avec un remboursement étalé sur 40 ans, ce projet a laissé un goût d’inachevé.
Des appareils de transformation abandonnés ou non fonctionnels jusqu’à ce jour, des investissements inachevés ou en état de délabrement, le projet n’avait pas suffisamment exploré toutes les déclinaisons sectorielles susceptibles d’aider à l’atteinte des objectifs escomptés.
Par Arlette Minkréo pour Afrique54.net