Cohabitation au Cameroun: Les réfugiés centrafricains terrorisent les populations locales à l’Est du pays
►Selon une enquête de l’UN Press Club, les réfugiés centrafricains terrorisent les populations sous le regard complice des autorités locales et du Haut Commissariat aux Réfugiés dans la région de l’Est Cameroun où les populations dénoncent l’envahissement, la montée de la criminalité, et exigent la restitution de leurs terres parfois vendues par les occupants étrangers.
Afrique54.net │Le risque de soulèvement populaire est désormais perceptible dans la localité de Ndokayo où vivent plus de 10.000 réfugiés centrafricains. Entre conflits fonciers, assassinats et insécurité alimentaire, les populations abandonnées ne savent plus où mettre la tête.
Ses pas fermés, force le respect. Un par-dessus noir recouvre le septuagénaire vêtu d’un ensemble. Bonnet visé sur la tête, le visage serré, l’air abattu, Joseph Mbaï qui incarne l’autorité traditionnelle ne cache pas son courroux face à ce qui se passe sous ses yeux.
Ndokayo, localité camerounaise située dans le département du Lom-et-Djérem dans la région de l’Est, fut l’un des premiers villages à accueillir des milliers de réfugiés depuis 2001. Cette agglomération rurale comptait avant 2014, 1857 réfugiés; en 2018, elle a enregistré 7986 réfugiés et au 13 juin 2023, ils sont 10.000 réfugiés, d’après le Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR).
Ndokayo connait une forte dynamique socio-spatiale qui se caractérise principalement par l’usage de ses ressources. La surexploitation des ressources naturelles est la principale cause de la dynamique paysagère observée à Ndokayo et suscite des conflits entre les réfugiés et population hôte.
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Sur les 16.713 individus que comptait Ndokayo en 2018, 8727 étaient camerounais, soit 52% et 7986 réfugiés centrafricains. Aujourd’hui, ces réfugiés constituent près de 60% des individus de cette localité. Au quartier haoussa, les réfugiés centrafricains se sont partout, loin de l’espace géographique défini par les autorités. Ce qui crée des frictions.
Comme le Cameroun est un pays de droit, nos frères centrafricains sont venus verser sur nous avec des mentalités qu’on n’a jamais vues
Une population abandonnée
« Ce village a été créé en 1933 par sept personnes. Voilà comment le village est devenu la ville. Mais on est gêné. Avant on vivait bien. On n’avait pas assez de problèmes. Comme le Cameroun est un pays de droit, nos frères centrafricains sont venus verser sur nous avec des mentalités qu’on n’a jamais vues. Alors que quand ils sont venus, on les a reçus à bras ouverts comme des frères. Ils disent qu’ils ont le soutien du HCR. On leur porte plainte et les procédures n’aboutissent jamais. Avec le HCR ce n’est pas la première fois. Quand on les convoque, il ne se manifeste pas, » confie le suppléant du Chef de Ndokayo, Joseph Mbaï.
Nos tentatives de recueillir les avis du sous-préfet et des responsables du HCR sont restées vaines. Seul le Maire Nicolas Baba, mis au parfum de la situation, a promis de faire une descente à Ndokayo. Pour le président des réfugiés centrafricains Aladji Damou, tout va pour le mieux. « Quand il y a crise entre la communauté et les réfugiés, si le chef de village est au courant en premier, il appelle les leaders des réfugiés et ils s’entendent. Si c’est le chef des musulmans, il appelle toujours les leaders des réfugiés, pour gérer ça. Même si ça demande les policiers, les hommes en tenue, ils vont nous appeler, on va gérer, » laisse-t-il entendre.
Un conflit de terre et de nationalité en toile de fond
La direction des déplacés vers Ndokayo n’a pas été organisée. Constitués majoritairement d’éleveurs et de bergers, les plus anciens se sont retrouvés à Ndokayo avec leurs bétails à la recherche de pâturages. Aujourd’hui, on note une présence dominante des réfugiés centrafricains dans les camps de réfugiés, Tiké, Mborguéné, Ndemnam, Tockdila, Dos d’âne, Gbéri et Sabongari. L’augmentation importante de la population centrafricaine à Ndokayo n’est pas sans conséquence sur l’espace et les rapports sociaux. Malgré les retours volontaires organisés par le HRC, le nombre de réfugiés ne cesse de croître.
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La gestion des réfugiés au Cameroun est une problématique sur laquelle il faut se pencher. Car, les conflits fonciers à venir et la question de la ‘’camerounité’’ risquent de cristalliser les tensions. A Ndokayo, le périmètre bâti a continué de progresser. Passant de 1% à 7% en 2019 (selon LADTER), à cause de l’arrivée massive des populations venues aussi chercher de l’or dans les localités voisines comme Bétaré-Oya. A partir de 2013, leur installation à travers des constructions durables s’observe. Les obligeant à se lancer dans la course à la terre, et d’y prélever une quantité importante de ressources naturelles.
© Afrique54.net │ Thierry Eba, de retour de Bétaré à Oya