Les avoirs de la Chine dans la dette américaine au plus bas depuis plus de 12 ans
► La réduction par la Chine de sa part dans la dette des États-Unis reflète une tendance continue de la deuxième économie mondiale à diversifier son portefeuille international et à assurer la sécurité de ses réserves alors que la sécurité des actifs en dollars est remise en question, ont déclaré le 17 mars des experts du marché.
Selon les données du département du Trésor américain publiées le 15 mars, les avoirs de la Chine, le deuxième plus grand détenteur étranger de la dette des États-Unis, en titres du Trésor américain ont chuté pendant six mois consécutifs pour atteindre 859,4 milliards de dollars fin janvier, contre 867,1 milliards de dollars en décembre.
Cette réduction a ramené les avoirs de la dette publique américaine possédés par la Chine à son plus bas niveau depuis 12 ans, ont noté les experts, qui ont attribué cette baisse continue à la diminution de l’attrait des actifs en dollars et au resserrement monétaire radical de la Réserve fédérale américaine qui a fait baisser les prix des obligations d’État américaines et conduit à une fragilité financière croissante, comme en témoigne la récente faillite de la Silicon Valley Bank.
« Il s’agit d’une réduction continue du portefeuille du Trésor américain de la Chine et d’une partie de la gestion des réserves de la Chine », a commenté Hong Hao, économiste en chef chez GROW Investment Group, ajoutant « je ne serais pas surpris de voir cette tendance se poursuivre, reflétant l’affaiblissement de la sécurité des actifs américains et sa perte de performance depuis l’année dernière », et notant que la Chine n’est pas la seule économie à avoir réduit sa part dans la dette américaine.
Selon le département du Trésor américain, le total des avoirs étrangers en titres du Trésor américain s’élevait à 7 400 milliards de dollars fin janvier, contre 7 660 milliards de dollars un an plus tôt. Parmi les cinq principaux détenteurs de la dette américaine, la Belgique et le Luxembourg ont également réduit leurs avoirs en titres du Trésor américain en janvier, tandis que le Japon et le Royaume-Uni ont augmenté les leurs.
Yang Haiping, chercheur à l’Institut des valeurs mobilières et des contrats à terme de l’Université centrale des finance des États-Unis et de l’économie, estime de son côté que les réductions des avoirs des principaux créanciers des États-Unis, dont la Chine, reflètent la confiance défaillante de la communauté internationale dans le billet vert, soulignant que « dans le contexte de l’augmentation de la dette publique américaine et des tensions géopolitiques persistantes, la réduction des avoirs en bons du Trésor américain pourrait devenir une nécessité pour la Chine afin d’assurer la sécurité de ses réserves de change ».
Parallèlement, la Banque populaire de Chine, la banque centrale du pays, a révélé que la Chine, tout en réduisant ses avoirs en dette américaine, a augmenté ses avoirs en or, les réserves officielles du pays en métal jaune s’élevant à 65,92 millions d’onces à la fin février, contre 65,12 millions d’onces en janvier.
Dong Dengxin, directeur de l’Institut des finances et des valeurs mobilières de l’Université des sciences et technologies de Wuhan, pense pour sa part qu’il serait judicieux pour la Chine de réduire davantage sa part dans la dette des États-Unis et d’augmenter ses réserves d’or pour diversifier ses avoirs de réserve, étant donné que l’abus du dollar dans les sanctions financières a nui la crédibilité du billet vert en tant que monnaie de réserve.
Selon les données officielles, les réserves de change de la Chine -dont les investissements dans les bons du Trésor américain sont considérés comme un élément clé- ont légèrement baissé de 1,61% par rapport au mois précédent pour atteindre 3 130 milliards de dollars fin février. Les efforts de la Chine pour assurer la sécurité des réserves s’inscrivaient dans le cadre de l’accent mis par le pays sur le renforcement de son filet de sécurité financière pour se prémunir contre la montée des risques financiers mondiaux.
La récente chute de la SVB en raison du stress de liquidité ayant constitué un véritable signal d’alarme, la Banque de Chine a annoncé le 17 mars qu’elle réduirait le ratio de réserves obligatoires pour les institutions financières de 0,25 point de pourcentage à compter du 27 mars afin de maintenir la liquidité du système bancaire raisonnablement suffisante et de soutenir l’économie réelle.
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