Cameroun : China Railway se reprend après la mise en demeure
► Mise en demeure par le maître d’ouvrage, le Ministre camerounais des Travaux Publics, pour faible mobilisation du matériel sur le site, amateurisme et insolvabilité vis‐à‐vis des sous‐traitants, l’entreprise chinoise court désormais le risque de se voir retirer ce marché routier pour lequel elle a déjà pourtant perçu une avance de démarrage de plus de 11 milliards de F CFA.
ESSINGAN – Le constat effectué le 26 août 2022 par les équipes compétentes du Ministère des Travaux publics a permis de relever qu’au lendemain de la mise en demeure servie à l’entreprise China Railway 20 Bureau Group Corporation, en charge de l’exécution des travaux de construction de la route Ntui-Ndjolè-Mankim, la cadence d’exécution des travaux s’améliore, sous réserve de l’évaluation de ladite mise en demeure.
De manière précise, sur le Lot 2 A du projet de construction de la route Batchenga-Ntui-Yoko-Lena-Tibati, relatif à la reprise des travaux d’aménagement de la route Ntui – Ndjole (60km) y compris 73km de routes communales, l’entreprise améliore son rendement.
Outre l’installation en cours du concasseur à la carrière de Yalongo, plusieurs autres travaux sont en cours, notamment : la réalisation de terrassements entre les points kilométriques 86+100 et 87+300 et l’aménagement des dalots.
L’entreprise a en outre procédé à certaines mutations du personnel et à leur renforcement. Elle a ainsi proposé un directeur des travaux et muté l’ingénieur terrassement du lot 2B au lot 2A pour plus d’efficacité. Un ingénieur topographe- projeteur, un ingénieur structure et deux dessinateurs projeteurs ont également été mobilisés, avec l’appui d’une structure locale. De même, es relations entre l’entreprise et la mission de contrôle ont été améliorées.
Pour ce qui est des remblais généraux, les travaux de mise en œuvre de certaines couches ont repris. Toutefois la mission de contrôle relève plusieurs faiblesses, celles liées à l’insuffisance des camions pour le transport des matériaux ; l’absence des compacteurs à pieds de mouton ; le manque de personnel technique : les ateliers sont confiés à certains manœuvres, interprètes ou aux flags men n’ayant aucune compétence en travaux routiers pour être dirigés et la carence en ouvriers qualifiés pour les réceptions des couches
de remblai à l’avancement des travaux. Des constats qui interpellent fortement l’entreprise et qui feront l’objet d’un examen minutieux au cours de l’évaluation de la mise en demeure servie par le Maître d’ouvrage.
Contrat résilié
Sur le lot 2 B relatif à la reprise des travaux d’aménagement de la route Ndjolé-Mankim (36,7km), l’avancement des travaux est de 7,58%. Après son adjudication en novembre dernier, le China Railway 20 Bureau Group Corporation (Cr20) a relancé février 2022, les travaux routiers du lot 2 A Ntui-Ndjolé (60km) y compris 73km de routes communales et du lot 2 B, Ndjolé – Mankim (36,7km).
Selon une note d’information publiée le 22 février par le ministère des Travaux publics (Mintp), maître d’ouvrage, l’entreprise chinoise est sur le terrain. À date, le taux d’avancement est estimé à 1,152% pour le premier lot et à moins de 1% pour le second lot.
Selon le Mintp, les études jadis réalisées par l’entreprise portugaise Elevolution dont le contrat a été résilié le 04 octobre 2019, pour défaillance, ont déjà été mises à la disposition de Cr20.
Les volets topographiques, chaussées, ouvrages hydrauliques et ouvrages d’art sont atttendus de l’entreprise. Pour ce qui est de la production des granulats (mise en exploitation de la carrière de Yalongo) CR20 a effectué des reconnaissances visuelles du massif rocheux et les études de conformité sont attendues. Aussi, l’entreprise chinoise a déjà perçu une avance de démarrage de près de 11,8 milliards de Fcfa.
Le marché global, lui, est évalué à environ 60 milliards de Fcfa. Les travaux doivent être livrés dans 24 mois. L’aménagement du tronçon Ntui-Mankim fait partie de la route Batchenga –Ntui – Yoko – Tibati – Ngaoundéré. Il s’inscrit dans le cadre de la stratégie de modernisation et de mise à niveau des secteurs d’appui au développement économique adoptée par l’État du Cameroun. Cette stratégie vise la mise en place d’un système de transport permettant la réduction des coûts de transport, le développement des échanges et l’intégration des économies régionales.
La construction de cette route permettra ainsi la réduction de la durée de voyage entre le Centre du pays et le septentrion. Cette infrastructure consolidera la fonction de transit du pays, car elle ouvre sur le Tchad.
Source : Essingan N° 643 du mercredi 31 août 2022