Top 30 des pays les plus endettés : le Cameroun 27eme dans le classement pour peu de résultats
►Selon le rapport 2021 de la Banque mondiale, le Cameroun occupe le 7e rang des pays africains les plus endettés et le 27 mondial.
Afrique54.net │ Yaoundé – Le Cameroun connu pour ses nombreuses dettes s’en sort avec 5,5 milliards de dollars. «Avec des projets toujours inachevés et des réalisations dans l’abandon», indique Georges Michel Biscenne, économiste – gestionnaire et spécialiste en audit.«Il est bien beau de dire qu’on n’est peu endetté, mais est ce que la dette nous a servi à résoudre les problèmes auxquels fait face le pays? L’argent emprunté a-t-il été dépensé pour les projets concernés? Nous avons les mêmes infrastructures toujours en cours de réalisation, rien ne semble changer. Espérons que l’argent retourné est le reste de ce qui n’a pas été utilisé, ajoute l’économiste.
Pour lui, «Il faut remarquer que la dette est un bon moyen de financement, surtout pour les investissements, cependant lorsque ceux-ci ne sont pas rentables, alors l’endettement devient un point négatif. Être endetté n’est pas une si mauvaise option, à l’exemple des USA qui finance une bonne partie de ces investissements par la dette. En outre, la dette doit être accompagnée par une gestion managériale. Pour pouvoir rendre lesdits investissements rentables», affirme.
Dette justifiée
Cependant, l’on peut justifier l’accroissement de la dette camerounaise par deux principaux facteurs ; tout d’abord la conjecture socio-économique, et surtout l’objet de devenir un pays émergent à l’horizon 2035.
Si l’augmentation de la dette du Cameroun se fait remarquer cela s’explique tout d’abord par l’insécurité observé ces dernières années notamment la crise anglophone au sud et Nord ouest, et la secte Boko Haram. C’est aussi par la crise sanitaire liée au COVID 19 qui au passage créé un ralentissement de l’activité économique ou encore l’augmentation du prix des produits pétroliers, pour ne citer que ceux-là… Il faut aussi ajouter que la préparation de la CAN dans une conjoncture économique déjà fragilisée par cette crise ne pouvait que concourir à la recherche du financement d’investissement par la dette.
Si l’instabilité sécuritaire, et même économique a favorisé la dette, il faut dire que le pari d’un Cameroun émergent horizon 2035 peut également justifier cette dette. En effet, les pouvoirs publics se sont lancés pour défi de rendre le Cameroun émergent, c’est-à-dire à revenu intermédiaire haut d’ici 2035… Et pour ce faire il va donc rechercher le financement et l’orienter vers des projets fiables va donc rechercher le financement et l’orienter vers des projets fiables. Les financements par la dette doivent viables et nécessite une bonne gestion.
La visibilité sur la dette au Cameroun
En fait, rappelons qu’en 2021, au Cameroun, la croissance du PIB s’est accélérée pour atteindre 3,5 % contre 0,5 % en 2020, grâce à la relance de l’activité non-pétrolière et à la poursuite des investissements. Le déficit budgétaire s’est réduit à 3,1 % du PIB en 2021, contre 3,3 % les deux années précédentes, grâce aux mesures d’assainissement budgétaire visant à réduire les dépenses et à augmenter les recettes budgétaires non-pétrolières. Sur les 264,5 millions de DTS alloués en août 2021, 61,5 millions de DTS ont été utilisés au cours de l’exercice 2021.
La réalisation de projets d’infrastructures structurantes financées en grande partie par des prêts commerciaux et publics et mis en œuvre dans le cadre de la politique d’émergence du pays, a conduit à une forte croissance de la dette. Le taux d’endettement public est passé de 28,8 % du PIB en 2015 à 46 % en 2021. L’inflation a été contenue et a atteint 2,5 % en 2021, contre 2,4 % en 2020, en raison d’un système de contrôle des prix des produits de première nécessité. En mars 2022, la banque centrale a relevé son principal taux directeur de 3,5 % à 4 %.
Les créances douteuses brutes représentaient 16,8 % de l’encours des prêts du système bancaire. Le déficit des comptes courants s’est creusé pour atteindre 4,1 % du PIB en 2021 contre 3,5 % en 2020, en lien avec la forte hausse des prix à l’importation. Les réserves de changes ont légèrement diminué en 2021 pour atteindre 3,7 mois d’importations contre 3,8 mois en 2020. En 2021, le taux de chômage s’est établi à 6,1 %, contre 3,84 % en 2020, tandis que le taux de sous-emploi a reculé à 65 %, soit une baisse de 4 points de pourcentage sur la période. « Alors bien que le pays se retrouve à un tel positionnement, faudrait que les réalisations suivent ».
Le CERMF
Selon une enquête du Centre d’étude et de réflexion sur le monde francophone (CERMF), réalisée à la fin de l’année 2021, certains pays africains connaissent un niveau d’endettement particulièrement élevé, et qui était même supposé dépasser la barre symbolique des 100 % du PIB en fin d’année 2021.
A la fin de l’année 2021, le Centre d’étude et de réflexion sur le monde francophone (CERMF) a passé au peigne fin, les états de créances des pays africains. De ce rapport, il ressort qu’avec une stabilisation de sa dette globale au cours de cette même année, l’Afrique francophone demeure la partie la moins endettée du continent, notamment du fait du dynamisme économique de la majorité de ses pays.
Le rapport du FMI
Bien plus, les dernières statistiques et prévisions du FMI, publiées au cours du mois d’octobre 2021, se sont confirmés avec la liste des dix pays africains qui devraient afficher le taux d’endettement le plus élevé en fin 2021. En effet, selon le rapport 2021 de la banque mondiale les 10 paysafricains les plus endettés sont :
1. Angola (25 milliards de dollars) |
2. Éthiopie (13,5 milliards de dollars) |
3. Kenya (7,9 milliards de dollars) |
4. République du Congo (7,5 milliards de dollars) |
5. Soudan (6,4 milliards de dollars) |
6. Zambie (6,5 milliards de dollars) |
7. Cameroun (5,5 milliards de dollars) |
8. Nigéria (4,8 milliards de dollars) |
9. Ghana (3,5 milliards de dollars) |
10.RD. Congo (3,4 milliards de dollars) |
Par ailleurs les premiers résultats du FMI présentait le Soudan, avec une dette publique équivalant à 209,9 % du PIB, l’Érythrée (175,1 %), le Cap-Vert (160,7 %), le Mozambique (133,6 %), l’Angola (103,7 %), la Zambie (101,0 %), Maurice (101,0 %), l’Égypte (91,4 %), la Tunisie (90,2 %) et la République du Congo (85,4 %).
Dans la liste du même rapport, les nations les plus endettée dans le monde sont :
1. États-Unis (18 286 billions de dollars) |
2. Royaume-Uni (7 499 billions de dollars) |
3. France (5 250 milliards de dollars) |
4. Allemagne (5 084 billions de dollars) |
5. Pays-Bas (4 124 billions de dollars) |
6. Luxembourg (3 900 milliards de dollars) |
7. Japon (3 408 milliards de dollars) |
8. Italie (2 285 milliards de dollars) |
9. Irlande (2 236 milliards de dollars) |
10. Espagne (2 036 milliards de dollars) |
11. Canada (1 791 billions de dollars) |
12. Suisse (1 699 milliards de dollars) |
13. Australie (1 563 milliards de dollars) |
14. Chine (1 437 billions de dollars) |
15. Chine Hong Kong (1 416 billions de dollars) |
16. Singapour (1 300 milliards de dollars) |
17. Belgique ((1 194 billions de dollars) |
18. Suède (938 milliards de dollars) |
19. Autriche (629 milliards de dollars) |
20. Norvège (623 milliards de dollars). |
En outre, selon le Comité national de surveillance de l’exécution physique et financière des investissements publics du Cameroun, le budget d’investissement public (BIP) au Cameroun n’a été exécuté qu’à 74,99% en 2021. Cette performance est en baisse de 17,4%, contre 92,36% de l’année 2020.
En d’autres termes, les projets du GIP ont été exécutés avec moins d’efficacité en 2021 qu’en 2020, bien que marquées par la pandémie de coronavirus, qui aura ralenti l’avancement de nombreux projets à travers le pays.
Pour rappel, pour l’exercice budgétaire 2021, l’enveloppe du BIP était de 1,352 milliard de FCFA, dont un peu plus de 64% était réservé à la construction de diverses infrastructures dans le pays.
Des chiffres qui montre à suffisance, que malgré son intérêt à émerger, le Cameroun continue d’évoluer en ralenti. Ceci avec des dettes qui augmentent au fil des années.
© Afrique54.net │ Joël Godjé Mana, depuis Douala