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Les Camerounais s’efforcent de faire face à la hausse des prix alimentaires (REPORTAGE)

Les Camerounais s’efforcent de faire face à la hausse des prix alimentaires (REPORTAGE)

Ideline Kuate a erré autour du marché de Sandaga à Douala, la capitale économique du Cameroun, à la recherche de quoi acheter.

 

 

Une attitude d’une commerçante au Marché Mokolo à Yaoundé Source photo : Wikipedia

 

Cette agricultrice de 40 ans gagne environ 50.000 francs CFA (près de 80 dollars) par mois, mais ce n’est plus suffisant pour nourrir sa famille de six membres.

« Auparavant, les prix étaient abordables. Avec 3.000 FCFA (environ 5 dollars), on peut bien nourrir les enfants. (Maintenant) avec 5.000 FCFA (environ 8 dollars), tu ne peux pas nourrir la famille. Nous mangeons ce qui est disponible, pas le choix », raconte-t-elle en se plaignant qu’un litre d’huile de cuisine qu’elle achetait à 1.200 FCFA (environ 2 dollars), se vende désormais 2.100 FCFA (environ 3,4 dollars).

A Yaoundé, la capitale, Marguerite Mbazoa s’est rendue pour sa part au marché de Mokolo pour y faire ses courses, mais elle a réalisé que le poisson qu’elle achetait 1.500 F CFA (environ 2,4 dollars) coûte maintenant 2.500 FCFA (environ 4 dollars).

« Tout est devenu cher. Trop cher! Les prix homologués ne sont plus respectés », déplore-t-elle en se plaignant que ces augmentations affectent les habitudes alimentaires de ses enfants.

Lorsqu’on était dans les marchés autrefois populaires dans les deux villes, peu d’acheteurs se pressaient devant les stands sur lesquels s’empilaient les produits locaux, car la flambée des prix a découragé la plupart d’entre eux.

Dans sa boutique du marché de Sandaga, François Tague vend un sac de riz à 22.500 F CFA (environ 36 dollars), un prix qui a doublé en cinq mois.

Ce vendeur de 52 ans dit envisager d’abandonner son entreprise parce qu’il n’y a pas d’acheteurs. « C’est décourageant, nous ne faisons que faire face », se désole-t-il.

Ces derniers mois, les prix ont continué à augmenter fortement au Cameroun. L’économie qui se remettait à peine des perturbations de la pandémie de nouveau coronavirus souffre désormais de chocs internes et externes.

Les chiffres officiels montrent que le taux d’inflation est de 2%, mais le pouvoir d’achat de quelque 20 millions de Camerounais a considérablement diminué au fil du temps.

Selon l’Institut national de la statistique du Cameroun (INS), le pays fait face au coût croissant des affaires et au conflit russo-ukrainien qui a perturbé le mouvement mondial des produits de base et fait monter les prix du pétrole.

En avril, l’INS a indiqué que les prix des produits alimentaires avaient respectivement augmenté de 10,1% et de 8,2% sur un an tant à Douala qu’à Yaoundé. Les prix des produits alimentaires importés ont augmenté de 10,1% en variation annuelle et ceux des produits locaux de 8,9% à Douala. A Yaoundé, cette augmentation a été de 1,3% sur un mois et de 9,2% sur un an, selon la même source.

Parmi les produits les plus touchés figurent le pain et le riz, dont les coûts élevés en font un produit de luxe pour de nombreux Camerounais, selon Joséphine Carelle Ngah Misso, interrogée par Xinhua alors qu’elle faisait des courses pour sa famille au marché de Mokolo.

« Le gouvernement doit régler ça », exige-t-elle.

« Au début, je pouvais vendre 10.000 FCFA (environ 16 dollars) par jour. Maintenant, je ne peux même pas vendre 5.500 FCFA (environ 8,8 dollars) par jour. Nous demandons au gouvernement de faire baisser ces prix et d’augmenter les salaires des fonctionnaires », réclame Ben Werenge, 60 ans, qui vend des produits alimentaires au marché de Sandaga.

Bien que le gouvernement subventionne beaucoup de biens, cela n’a pas empêché la hausse des prix, note l’économiste Jones Damue.

Le conflit « a perturbé la production et le commerce de plusieurs produits, en particulier ceux pour lesquels la Russie et l’Ukraine sont des exportateurs clés, y compris l’énergie, les engrais et les céréales. Ces hausses de prix s’ajoutent à des marchés déjà étroits de matières premières en raison d’une reprise solide de la demande après la pandémie, ainsi que de nombreuses contraintes liées à la pandémie en matière d’approvisionnement », explique-t-il.

 

A ses yeux, le gouvernement doit encourager les agriculteurs à cultiver le blé localement et subventionner les prix de certains produits de base.

Le ministère du Commerce a récemment publié une liste des prix des produits de base à la suite d’augmentations non autorisées sur les marchés.

Ces dernières semaines, le gouvernement a tenté de rassurer les habitants en leur disant que les réserves de blé existantes et les cultures locales répondraient à la demande de pain subventionné.

Selon des fonctionnaires, les réformes du système de subvention pourraient être incluses dans le budget 2022/23, bien que l’ampleur de toute réforme reste incertaine.

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