Cameroun – Exploitation du fer de Lobe : Les mouvements et associations environnementaux dénoncent le scandale écologique programmé
► Depuis l’annonce de signature d’une Convention entre l’entreprise chinoise Sinosteel et l’Etat du Cameroun le 21 avril dernier, les mouvements et associations environnementales entrevoient un scandale écologique à venir et interpellent l’élite du Sud à prendre ses responsabilités.
Afrique54.net | Cameroun – Le 21 avril 2022, la République du Cameroun et l’entreprise chinoise Sinosteel Cam S.A ont signé une Convention minière relative à l’exploitation industrielle du gisement de fer de Lobe à Kribi.
Dès lors, les organisations environnements sont montées au créneau pour dénoncer ce « Scandale écologique qui se profile ». Parmi celles-ci figure le Mouvement Écologie en Marche, non reconnu des autorités camerounaises. Cette dernière a saisi le Président du Conseil régional du Sud, les élus locaux et élites de la région auxquels elle demande de prendre ses responsabilités.
« Ne soyez pas complice du scandale écologique qui se profile à l’horizon dans la région du Sud. L’exploitation du fer et les activités connexes (transport…) entraîneront des effets réversibles et irréversibles sur les éléments biophysiques de l’environnement et sur la santé des populations locales », indique Didier Yimkoua militant écologiste camerounais.
Dans la même perspective, l’association Up For Environment s’inquiète de l’impact environnemental de ce projet minier. Pour son président en effet, « L’exploitation minière est une activité humaine qui peut nuire considérablement à l’environnement », indique Eric Salomon Ngono, Président Exécutif
Article 13 : entre tergiversation et protection de l’environnement ?
Étant donné que la réhabilitation des dommages causés par les mines prend plusieurs décennies. C’est pour cette raison que les autorités compétentes demandent toujours une étude sur l’impact environnemental du projet minier avant de donner leur aval.
A cet effet, l’article 13, alinéa 2 portant de l’Environnement et du Développement durable stipule que : « SINOSTEEL CAM S.A s’engage à protéger l’environnement et à promouvoir le développement durable, à protéger les êtres vivants et les communautés locales dans le cadre du projet ». Sinosteel s’engage à appliquer les règlementations en vigueur et standards internationaux en matière de la protection des sols ; les émissions atmosphériques ; le rejet des eaux usées, la traversée des cours d’eau ou la gestion des plans d’eau ; la gestion des résidus miniers, déchets solides et liquides ; les bruits et les déversements.
Pour le Mouvement Écologie en Marche, cette évocation laconique de l’aspect environnemental dans l’article 13 de cette convention minière est « une insulte au peuple camerounais ». Elle appelle par ailleurs, l’élite du Sud à exiger « à la Sinosteel/SONAMINES la réalisation de l’EIES avant la phase d’exploitation ».
Le président de Up For Environment pense que Sinosteel doit user de tous les instruments de l’évaluation environnementale. « Nous exigeons de Sinosteel d’user au préalable de tous les instruments possible de l’évaluation environnemental. Il doit réaliser à cet effet, une Etude d’Impact Environnemental (EIE), une Évaluation Environnementale Stratégique (EES), une Etude d’Impact Environnementale et Sociale (EIES), une Analyse de Cycle de Vie (ACV), un Cadre de Gestion Environnementale et Sociale (CGES) et un Audit Environnemental et Social (AES) », demande Eric Salomon Ngono.
Impact environnemental d’une exploitation minière
Durant l’exploitation minière proprement dite, on assiste souvent à la destruction de l’habitat naturel des plantes et des animaux et à la perturbation de l’écosystème air, sol et eau. À cause du déracinement important d’arbres, l’érosion, l’affaissement et le glissement de terrain sont inévitables.
Le paysage sera déformé par les terrils, les roches et les déchets déversés près des mines à ciel ouvert. Les nuisances sonores liées aux mines peuvent également porter préjudice à la qualité de vie des habitants aux alentours. Il y a aussi la pollution atmosphérique afférente aux explosifs, aux poussières de roche et à l’émission de dioxyde de soufre.
Lors du drainage rocheux acide, les déchets dégagés à l’extérieur des mines produisent des acides sulfuriques au contact de l’eau et de l’air. Lors des saisons de pluie, ces derniers se déplaceront, s’infiltreront dans le sol et atteindront les nappes phréatiques et les cours d’eau. Toutes formes de vie terrestre et aquatique seront détruites, car l’eau deviendra impropre.
Rappelons aussi que, lors de l’étude de faisabilité, trois techniques peuvent fragiliser la faune, la flore et leur habitat naturel. Il s’agit des sondages dégageant des boues de forage, des ouvrages miniers comme la création des galeries souterraines, les puits, les excavations, les descenderies, ainsi que les essais de traitement faisant appel à l’usage de produits chimiques.
© Afrique54.net | Abdoul Boukar, Yaoundé