►► Les autorités traditionnelles, religieuses et administratives réduisent drastiquement le coût de la dot. Ces autorités viennent ainsi répondre aux peines de cœur des célibataires par rapport au coût exorbitant de la dot avant mariage des jeunes tchadiens. ►►
Afrique54.net – C’est à une véritable révolution des mœurs que l’on assiste ces jours au Tchad par rapport au processus des mariages. Désormais, la dot, l’une des étapes préalable sine qua non à la cérémonie de mariage, connait un coût raisonnablement bas. C’est du moins ce que viennent de décider les autorités coutumières, religieuses et locales de la Commune de Baro au Tchad.
Un barème plus que raisonnable
Dans la Commune de Baro région de Guera, les différentes autorités après concertations ont fixé un barème convenable pour tous. Ainsi, pour une jeune femme en situation de célibat, le prétendant devra débourser la modique somme de 225 000 FCFA. Par ailleurs, pour une femme divorcée, il ne faudra qu’une rondelle somme de 150 000 FCFA pour la dot. Quant à une femme avec enfant, la dot pour se lier à elle, se fixe à 75 000 FCFA.
Outre ces espèces sonnantes et trébuchantes, pour ces 03 catégories de femmes ainsi déterminées, les prétendants devront fournir des étoffes. Par conséquent, la dot compte également 05 tissus pour la jeune femme, 03 tissus pour la femme divorcée. The last but not the least, la dot de la femme avec enfant comporte 02 tissus.
Une décision de ras-le-bol
Cette décision du Comité des affaires islamiques en concertations avec les autorités locales et traditionnelles intervient après une manifestation inédite. En effet, un regroupement dénommé « Collectif des jeunes filles célibataires de Ndjamena » manifestait déjà son ras-le-bol du célibat. Le Collectif se plaignait du coût exorbitant que les parents font subir aux jeunes hommes en âge de se marier. Le coût de la dot ayant dépassé les 1 000 000 FCFA pour atteindre, dans certains cas, les 3 000 000 FCFA.
La situation conduit alors les jeunes femmes à atteindre les 32 ans, un âge critique, sans époux, voire sans enfant. Pis, le vagabondage sexuel, dont elle souffre, s’est accru, plus que par le passé, au sein de la jeunesse tchadienne. Toute chose qui ne les laissait plus indifférente, d’où la saisine de ces autorités avec lesquelles une rencontre s’est tenue.
Entre prescription religieuse et vide juridique
La pratique de la dot au Tchad, comme dans plusieurs pays africains, se fait en marge de toute régulation.
Pourtant, le Tchad, pays majoritairement musulman, fonctionne selon l’Islam, religion très codifiée, qui prévoit un canevas pour la dot. Aussi, précise Cheik ABDALAYIM Abdoulaye, SG du CSAI, «le prophète Mohammed a fixé la dot à un quart de dinar. Ce qui fait 1.25 gramme et ne dépasse 35 000 FCFA aujourd’hui». Mieux, l’érudit indique les valeurs de féta qui sont de 3 dirhams qui ne dépassent pas les 5 000 FCFA.
Selon la législation tchadienne, sur le plan matrimonial, la dot est un acte reconnu dans le processus du mariage. Par conséquent, indique le juriste Yannick YONOUDJIM, « la dot est un préalable au mariage. C’est même une condition de validité du mariage ».
Cependant, la législation tchadienne ne fixe aucun montant précis pour la dot. Ce qui provoque spéculations et dérapages.
Reconnaissance
La nouvelle d’une baisse de la dot par le tryptique d’autorités dans la Commune de Baro ne laisse guère indifférent. Le Collectif des filles célibataires de Ndjamena, à l’origine de la réforme, salue la décision du Canton de Baro.
Ces filles interpellent cependant toutes les autorités coutumières, religieuses et administratives du pays à étendre la mesure. Objectif, réduire le taux de célibataire dans le pays.
By Afrique54.net ► Eric Martial NDJOMO E.