mardi, octobre 8, 2024
20.3 C
Yaoundé

A l’Est du Cameroun : La lutte contre la Covid-19 affiche taux de guérison de plus de 98%

A l’Est du Cameroun : La lutte contre la Covid-19 affiche un taux de guérison de plus de 98%

Avec un taux de guérison de plus de 98%, pour moins d’une trentaine de décès, la région de l’Est pourtant parmi les plus affectées par le coronavirus est en train de faire une démonstration de force au plan de la maitrise de cette maladie. Entre communication de crise, stratégies rapides de prise en charge et respect du protocole, les ingrédients semblent réunis.  

 

 

Quelques jours seulement après la reprise des classes au Cameroun, le journal afrique54.net s’est rendu dans la région de l’Est Cameroun, question de prendre le pouls de ce côté. Ici la propagation au Coronavirus y tutoyait de près les régions du Littoral et du Centre en tête de peloton. Dans ce contexte donc de rentrée scolaire, sous fonds de crise sanitaire, le décompte des morts liés au coronavirus semble avoir laissé place à une surveillance épidémiologique plus accrue. Pour comprendre les secrets d’une telle performance, dans une partie du pays pourtant classée dans le palmarès des régions les plus touchées, le Docteur Anicet Désiré Mintop, Délégué Régional de la Santé pour l’Est, abordé par les rédactions Afrique54.net et La Voix des Décideurs, s’est confié et dévoilé des résultats on ne peut plus flatteurs.

 Lire aussi : Covid 19 au Cameroun : La région de l’Est parée pour atténuer la propagation de la pandémie 

 

Monsieur le Délégué Régional, a quel niveau se situe la lutte contre la Covid-19 dans la Région de l’Est ?

Sur le plan épidémiologique, la situation à ce jour dans la lutte contre le Covid-19 dans la Région de l’Est, se présente comme suit > 1119 cas confirmés cas positifs, soit 55 cas actifs. Nous avons enregistré 1036 guéris et malheureusement 28 décès parmi lesquels 10 post mortem c’est-à-dire des gens qui sont décédés dans leur domicile et qui ont été dépistés positif au moment de la mise à la morgue.

D’une manière générale, nous sommes aujourd’hui dans le processus de la décentralisation et de déconcentration de la prise en charge dans les Districts de Santé tel que prescrit par monsieur le Ministre de la Santé Dr. Manaouda Malachie.

 

De combien de centre de prise en charge dispose la région de l’Est ?

 A ce jour, nous avons un centre de prise en charge qui est à l’hôpital Régional de Bertoua avec une annexe à Mandjou avec l’appui du HCR et l’ACHA. Nous avons également la prise en charge qui se fait au niveau des hôpitaux de District de Batouri, de Garoua-Boulai, d’Abong-Mbang et de Yokadouma. Nous avons aussi un dispositif de riposte constitué de trois équipes de prise en charge dans les domiciles pour les patients qui sont à domicile. Nous avons 6 équipes d’intervention rapide (EIR) qui travaillent jour et nuit et 15 équipes wasch pour les activités de désinfection et de décontamination.

 

 

Nous avons également dans notre dispositif, une importante équipe de communication pour sensibiliser et mobiliser les différentes communautés. Pour ce qui est du renforcement des capacités, les 14 Districts de Santé ont été formés avec l’appui de plusieurs partenaires parmi lesquels le HCR, L’OMS, PLAN Cameroun et bien d’autres.

Il faut aussi préciser qu’à ce jour, tout le dispositif est en place, les caisses de diagnostiques sont disponibles, que ce soit la Pcr ou les Tdr. Le dépistage aux frontières est effectif, les transporteurs sont dépistés à leur sortie au niveau de Garoua-Boulai. Il faut également souligner que nous avons presqu’achevé la mise en place des postes de dépistage dans les 14 Districts de Santé. Ce qui va donner un coup d’accélérateur important pour la décentralisation et le dépistage.

Comment gérez-vous les cas de patients déclarés positifs au Covid-19 dans les formations sanitaires agrées ?

Les cas de Covid-19 positif sont gérés conformément au protocole et aux procédures édictées par le Comité scientifique et qui sont en vigueur. Il s’agit pour nous lorsqu’une personne est diagnostiquée positive, immédiatement on fait une évaluation. Ceci pour savoir si cette personne peut être prise en charge à domicile ou alors à l’hôpital. Une fois que cette évaluation est faite, si la personne peut être prise en charge à domicile, immédiatement l’équipe de suivi à domicile prend le relais de prise en charge.

Les médicaments sont donnés, son domicile est désinfecté et les contacts sont recherchés dans le cadre d’une investigation approfondie et on fait le suivi durant toute la période de traitement pendant les 14 jours. On fait également le suivi de tous ses contacts. Il faut dire que les contacts à haut risque sont immédiatement prélevés et la procédure suit son cours. Par contre, la personne qui doit être prise en charge à l’hôpital, est immédiatement conduite sur les lieux où toute la procédure se met en marche. Les médicaments sont disponibles, on le met sous traitement, on va désinfecter son domicile, on recherche ses contacts qui sont suivis et on teste les contacts à haut risques et on suit tous les autres contacts.

A ce jour, combien de formations sanitaires ont été retenues dans le cadre de la riposte régionale ?

Pour terminer avec l’étape de la prise en charge, il faut dire que nous avons des postes de dépistages dans les 14 Districts qui sont aménagés et opérationnels, puisque le matériel est disponible. Je crois que dans tous les Districts, on a plus besoin de se déplacer. On fait le dépistage sur-place pour les PDF et on peut être prélevé sur place pour être acheminé au niveau des laboratoires. Nous avons un laboratoire qui fait la Pcr à l’hôpital Régional.

LIRE AUSSI : Cameroun : La jeunesse face au défi des vacances sans Covid 19

Nous pensons que d’une manière globale, la stratégie est cohérente et conforme aux normes tel que prescrit par le Comité scientifique du Ministère de la Santé. Il faut dire que après cela, on refait une éducation, on sensibilise sur les mesures barrières, les médecins passent chaque jour pour suivre le traitement. Les malades une fois qu’ils sont identifiés, ils ont des numéros qu’ils peuvent appeler 24h/24. Ceux qui sont asymptomatiques sont suivis et peuvent appeler dès apparition des premiers symptômes.

Une fois que les premiers symptômes apparaissent, on évalue et on extrait le patient pour l’hôpital. Aucune œuvre n’est parfaite. Et malgré l’augmentation des cas, nous travaillons jour et nuit afin d’assurer une prise en charge adéquate et donner des soins de qualité et humanisés tel que prescrit par monsieur le Ministre de la Santé.

La Région de l’Est est une Région très vaste et enclavée. Nous avons comme centre de prise en charge l’hôpital Régional qui est le principal centre avec son annexe qui est à Mandjou. Cette annexe a une capacité de 80 lits et le Ministère de la Santé avait fait aménager les logements sociaux pour accroitre la capacité d’accueil. On a l’hôpital de District d’Abong-Mbang qui prend en charge les malades, mais aussi celui de Garoua-boulai, de Batouri et celui de Yokadouma. Toutes ces formations sanitaires ont des capacités pour pouvoir accueillir un certain nombre de malades. On a des partenaires qui nous appuient pour pouvoir faire cela. C’est l’occasion pour nous de leurs remercier, car du côté d’Abong-Mbang, on a bénéficié de l’apport de l’Eglise Presbytérienne Camerounaise qui est venu au côté de l’Etat et a mis à notre disposition le site de leur hôpital protestante pour pouvoir abriter les malades pour leur prise en charge.

Qu’en est –il du dispositif des rentrées scolaires dans la région ?

Pour ce qui concerne la période des rentrées, plusieurs axes d’intervention ont été mis sur pied. Il s’est agit de la désinfection des salles de classes au sein des établissements scolaires des 14 districts de santé; du suivi des activités liées à la décentralisation effective de la riposte à la COVID-19 par le GI dans les DS ; du renforcement de la sensibilisation et de l’engagement communautaire dans tous les DS ; de la poursuite du dépistage de masse et du traitement des cas ; ainsi que de la poursuite des activités de coordination de la mise en ouvre des activités de riposte avec l’appui des partenaires.

L’accent est mis sur la lutte contre la Covid-19 qu’en est-il des autres pathologies ?

Il faut dire que certes on ne peut pas nier l’impact que la pandémie du Covid-19 a eu sur toute l’activité mondiale dans tous les secteurs, mais il faut reconnaitre qu’au ministère de la Santé, dans la Région de l’Est, nous sommes organisés et toutes les autres pathologies sont traitées convenablement. C’est pour nous l’occasion d’inviter tous les patients, toute la population à ne pas avoir peur des formations sanitaires.

Nous avons remarqué une baisse des fréquentations dans nos formations sanitaires. Mais nous voulons rassurer nos populations que toutes ces maladies sont prises en compte. Venez dans nos formations sanitaires, le personnel est prêt à vous recevoir avec toute l’énergie nécessaire pour pouvoir vous offrir des soins de santé de qualité et permettre d’avoir une restauration de votre santé.

Monsieur le Délégué, on ne saurait boucler cet échange sans aborder le cas de cette vidéo qui a longtemps circulé dans les réseaux sociaux et qui a en son temps quelque peu ternie l’image de l’Hôpital Régional de l’Est.

Que s’était-il réellement passé ?

Il faut dire que c’est une dame qui était arrivé à l’hôpital déjà décédé. Elle était dans le véhicule, le personnel de santé qui s’était rapproché l’avait bien compris. Et immédiatement, le Médecin de service a appelé l’équipe d’intervention du Covid-19. Il faut dire qu’avec le nombre de personnels de santé contaminés et qui payent encore le lourd tribu de cette pandémie, le Ministre de la Santé Publique avait donc dû instruire formellement que des mesures de prévention et de contrôle de l’infection en milieu hospitalier soient de rigueur. Et c’est ce que nous relayons sur le terrain dans nos formations sanitaires. Quand il y a un tel cas, une dépouille pareille qui arrive, immédiatement, il y a une équipe spécialisée qui s’en occupe.

Le Médecin a appelé l’équipe. Pendant que cette équipe était en train de s’habiller pour venir accueillir dignement cette dépouille, toute l’agitation que vous avez vu dans la vidéo qui a circulé a donc commencé. Voilà ce qui s’est passé. Mais il faut dire que cela ne nous a pas détourné de notre mission qui est de restaurer la dignité à toute personne dans toute circonstance. L’équipe, néanmoins, s’est habillée malgré toute cette violence et a dignement traité et mise à la morgue la dépouille. Le samedi d’après vers 15h, elle a été inhumée, tel que prescrit dans la procédure. Nous avons simplement compris que les populations ont encore besoin d’être sensibilisées. Le mari de cette dame avait été testé positif au Covid-19 et pris en charge à l’hôpital Régional de Bertoua. Pareil pour le fils de cette dame qui avait cassé le matériel, lui également avait été testé positif et pris en charge dans ce même hôpital où il a été guéri. Donc, nous voulons simplement rappeler et dire aux patients de venir à l’hôpital, aussi tôt qu’ils ressentent les premiers signes. Inutile de rester à la maison et vouloir faire une automédication. Le Ministère de la santé a tout prévu pour pouvoir accueillir et traiter en toute dignité et tous les soins sont disponibles.

Auriez-vous un message ou un mot de fin ?

Pour finir, je voudrais encourager le personnel de santé de la Région de l’Est en particulier et du Cameroun en général, pour le sacrifice qui est consenti jours et nuits pour pouvoir trouver une solution aux problèmes de santé de nos populations. Comme dernier mot, nous demandons aux populations de nous faire confiance et de comprendre que l’Etat à travers le Ministère de la Santé, déploie tous ses efforts afin de venir à bout de cette pandémie.

C’est une pandémie qui a surpris tout le monde, y compris les pays les plus développés. Mais nous invitons les uns et les autres à réagir promptement face aux premiers symptômes, ou lorsqu’ils ont été en contact avec un patient atteint de Covid-19. Et nous rappelons à toute la population de respecter les mesures barrières notamment le lavage des mains à l’eau courante avec du savon, le port du masque obligatoire, la distanciation physique et toutes les autres mesures d’hygiènes utiles qui nous permettent de pouvoir éviter la contamination. Et au personnel de santé de respecter scrupuleusement les mesures de prévention et de contrôle de l’infection en toute circonstance.

 

© Afrique54.net ►Thierry EBA

 

Hot this week

Topics

spot_img

Related Articles

Popular Categories

error: Content is protected !!