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« Rêve brisé du football camerounais » :  la FECAFOOT  présentée comme « Complice de la Déchéance »  [ Opinion ]

« Le Rêve Brisé du Football Camerounais : Entre Sacrifice et Désillusion »

 


 

Il est vrai que la réalité du football camerounais est empreinte de difficultés multiples et complexes. Le rêve d’un football professionnel dans un pays aux ressources limitées et dont la population est majoritairement préoccupée par des besoins de première nécessité semble, malheureusement, souvent hors de portée. Pour comprendre cela, il faut analyser le quotidien des présidents de clubs, leurs défis, et les failles systémiques qui minent le sport roi au Cameroun.

 

  1. Les Présidents de Clubs : Entre Passion et Sacrifice

Au Cameroun, les présidents de clubs de football sont pour beaucoup des passionnés qui investissent souvent leurs ressources personnelles pour maintenir leurs équipes en vie. Contrairement aux grandes ligues internationales où les sponsors, les droits télévisés et les ventes de billets financent largement les clubs, ici, ces présidents prennent sur eux de supporter presque toutes les dépenses. Ils se retrouvent ainsi à jongler entre les coûts d’entretien, les salaires des joueurs, le transport pour les déplacements et même l’équipement de base, avec très peu de retour sur investissement.

Exemple d’un Président d’un Petit Club Local : Prenons le cas d’un président de club de deuxième division. Son entreprise lui rapporte à peine de quoi couvrir ses charges, mais il est aussi l’unique soutien financier de son équipe. Chaque mois, il doit trouver les moyens de payer le transport pour les déplacements, souvent dans des régions éloignées, les frais d’entraînement et les primes pour ses joueurs. L’argent investi dans le club est presque irrécupérable, car il n’y a ni recettes de billetterie significatives ni contributions substantielles des fans.

Pour ces présidents, leur dévouement se transforme en sacrifice personnel, et parfois, ce sont leurs entreprises, ou même leurs familles, qui en subissent les conséquences. Beaucoup finissent par s’endetter pour garder leur équipe sur le terrain, souvent au détriment de leur santé et de leur bien-être.

 

  1. Le Camerounais Lambda : Spectateur en Souffrance

Le Cameroun compte parmi les pays avec un salaire minimum parmi les plus bas, soit autour de 38 000 FCFA (environ 60 USD). Un revenu qui est dérisoire face aux coûts de la vie, et encore plus aux yeux de ceux qui voudraient soutenir leur équipe locale. Imaginons un fan qui gagne le SMIG et souhaite assister à un match : entre le coût du billet, le transport, et le casse-croûte pour profiter pleinement de l’expérience, il est facile de dépenser 3 000 FCFA pour une journée de match – soit près de 10 % de son revenu mensuel.

Dans un contexte où la majorité des Camerounais doivent déjà jongler pour se nourrir, payer leurs loyers et soutenir leurs familles, le football devient un luxe inaccessible. Sans public, les clubs manquent de cette source précieuse de financement qu’offrent les stades pleins dans d’autres pays.

 

  1. La Fédération : Complice de la Déchéance

Au-delà des difficultés économiques, l’une des causes principales des maux du football camerounais réside dans la gestion de la Fédération camerounaise de football (FECAFOOT). Les promesses de financement ne se traduisent pas en actions concrètes, et les fonds alloués aux clubs restent souvent bloqués ou sont distribués en quantités bien trop insuffisantes pour couvrir les besoins réels.

 

Les Manquements Répétés de la FECAFOOT :

 

Défaut de Subventions Régulières : La FECAFOOT annonce souvent des aides financières pour les clubs, mais ces aides sont irrégulières et insuffisantes. Certains clubs en viennent à ne pas recevoir leurs subventions pendant des mois, ce qui les oblige à réduire les salaires des joueurs, voire à licencier du personnel.

Infrastructures Dégradées : De nombreux clubs n’ont même pas accès à des terrains d’entraînement dignes de ce nom. La fédération, qui devrait être responsable de la mise en place d’infrastructures de base, reste passive. Ainsi, les équipes s’entraînent sur des terrains impraticables, et les conditions de jeu deviennent dangereuses pour les joueurs eux-mêmes.

Lutte de Pouvoir et Corruption : Les luttes intestines au sein de la FECAFOOT créent une atmosphère de méfiance et d’instabilité. Les dirigeants qui veulent sincèrement redresser le football camerounais sont souvent bloqués par des intérêts personnels et des querelles de pouvoir. Les financements se perdent dans des détournements, et les priorités sont régulièrement écartées.

Exemple de Manque de Soutien : Lors de la saison passée, plusieurs clubs se sont plaints de ne pas avoir reçu les fonds nécessaires pour le transport et la logistique. Résultat : des joueurs obligés de voyager dans des conditions précaires, parfois entassés dans des minibus durant des heures. D’autres équipes ont même dû annuler des matchs faute de financement pour se déplacer. Ces situations récurrentes soulignent un laxisme de la FECAFOOT qui laisse les clubs se débattre seuls face à des difficultés insurmontables.

 

  1. Le Cycle Vicié : De la Pauvreté au Manque de Professionnalisme

 

La situation du football camerounais est un cercle vicieux. Le manque de ressources pousse les clubs à gérer avec le peu qu’ils ont, ce qui affecte la qualité du jeu et la compétitivité. Ce manque de professionnalisme fait fuir les sponsors, car aucune marque ne veut associer son image à une ligue désorganisée. Les joueurs talentueux, quant à eux, rêvent de quitter le pays dès qu’ils le peuvent, préférant rejoindre des clubs étrangers, même modestes, où les conditions sont meilleures.

Les jeunes espoirs, en voyant ce manque d’avenir, se démotivent, et le niveau global du football local stagne, ou même régresse. Les dirigeants de clubs se retrouvent pris dans un cycle où leurs efforts sont vains face aux nombreux obstacles que la fédération et la situation économique leur imposent.

En conclusion, le rêve d’un football professionnel au Cameroun s’effrite sous le poids des réalités économiques et de la mauvaise gestion fédérale. Tant que la FECAFOOT ne prendra pas ses responsabilités, tant que le football ne sera pas soutenu par des infrastructures solides, des financements réguliers, et des dirigeants intègres, les présidents de clubs continueront de porter un fardeau qui, tôt ou tard, les fera tomber.

Il est temps pour la FECAFOOT de sortir de cette complicité silencieuse, de repenser sa mission et de restaurer l’espoir d’un football digne des attentes du peuple camerounais. Car, sans changement radical, le football camerounais restera un rêve lointain, étouffé par les réalités d’une pauvreté qui ne fait qu’engloutir les passions et les sacrifices de ceux qui y croient encore.

 

 

Par  Laurent NDAKE  dit Le Manager Laurent

Administrateur de Football, Instructeur


 

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