Interview : le Directeur général du Trésor Sylvester Moh TANGONGHO parle des performances du Systac
Après un mois d’expérimentation du nouveau mode de paiement individualisé des salaires, le Directeur Général du Trésor et de la Coopération Financière au ministère camerounais des Finances, Sylvester Moh TANGONGHO a échangé le 20 septembre 2019 avec la presse et a dressé le premier bilan du Système de Télé Compensation en Afrique Centrale ( SYSTAC).
« En faisant 200 millions par mois, cela fait 2,4 milliards de francs CFA par an »
L’opération de paiement individualisé des salaires vient d’être expérimentée au ministère des finances. Peut-on avoir les premiers résultats de cette modalité ?
Le bilan que nous pouvons dresser est assez positif. Sur les 412 401 virements traités, le Trésor a eu à rejeter 239 comptent qui n’étaient pas exploitables. Et ce, avant même le traitement des salaires et pensions. Après le paiement, notamment le 23 aout 2019, nous avons eu 1524 retournés parce que le système de télécompensation en Afrique centrale qu’on appelle Systac et qui est utilisé désormais pour les payements individualisés, donne la possibilité aux banques de traiter des opérations pendant 48 heures uniquement. N’ayant pas pu créditer certains comptes, les banques ont retourné les virements de 1524 agents publics. Sur les 1524 retournés, nous avons eu autour de 1000 décédés et 524 qui correspondent aux comptes clôturés ou inexploitables. Avec le système de paiement globalisé que nous utilisions avant, au cas où les banquiers ne parviennent pas à créditer les comptes, les banquiers mettaient ces comptes en suspens, mais en termes de trésorerie, l’argent restait auprès des banques. Par rapport à ces 1524 virements retournés, nous avons eu, effectivement des retours de fonds d’environ 200 millions. En faisant 200 millions par mois, cela fait 2,400 milliards de francs CFA, on construirait donc 300 salles de classe. C’est dire que ce n’est pas une économie négligeable. De plus, sur les 1524 virements retournés, on a eu à régularisé uniquement 50 jusqu’ici.
Qu’entendez-vous par régulariser ?
Cela suppose par exemple des erreurs. Mais lorsque vous avez des décédés, on ne peut pas dire que cela va être régularisé. Ce qu’il y a à faire au niveau du Trésor, c’est d’effectuer des contrôles sur ces différents comptes auprès des établissements bancaires. Dans l’optique de savoir depuis quand est-ce que ces personnes sont décédées, ou alors si les comptes sont clôturés. Si c’est le cas, les fonds doivent être retournés auprès du Trésor public.
En ce qui concerne les fonds antérieurs, je répondrais par l’affirmative. Pour les comptes antérieurs oui. Ils nous ont retourné les 200 parceque nous avons mis en place une méthode qui consiste à faire des rejets en 48 heures. Mais pour ce qui s’est passé avant, il faudrait que des descentes soient effectuées, pour examiner la situation au cas par cas. C’est d’ailleurs le lieu de demander aux établissements de micro finance de les renvoyer aux Trésor avant que des missions n’arrivent.
Des difficultés dans la mise en place d’un tel système sont légion, en avez-vous rencontrées quelques unes également?
Nos équipes sont souvent restées tard dans les bureaux pour suivre le déroulement de ces opérations. Il faut souligner que nos équipes n’étaint pas très adaptées, il est question de changer les serveurs, afin que les opérations se traitent en très peu de temps, pour avoir une plus grande capacité de la solde. Parce que quand vous avez plus de 400 000 virements à traiter, il faut avoir des équipements robustes.
Peut-on avoir des garanties sur l’efficacité de ce système ?
Ayant pu mener à bien l’opération du mois d’aout, je puis vous dire que nous allons continuer à améliorer le système. Il n’aura donc pas de problème.
Une interview réalisée par Thierry Eba l Afrique-54.com