Zimbabwe : Robert Mougabe, aura marqué son temps
Taxer de dictateur par le nombre d’années passé au pouvoir et par des mesures draconiennes de ses politiques d’austérité, il n’en demeure pas moins selon certains, que l’homme dont la mémoire appartient désormais au passé aura été un leader incontestable de la décolonisation du Zimbabwe et un fervent partisan de la lutte contre le néocolonialisme en Afrique.
Il a brillé par ses position jugées radicales pour les uns et sages pour les autres. Sa conception du développement de l’Afrique en général et du Zimbabwe en particulier a toujours fait l’objet de vives controverses autour de sa personnalité. Héros pour ceux qui voyaient en lui un fervent défenseur de l’Afrique contre l’ « oppresseur » Blanc dont le plus grand dessein était selon eux de maintenir l’Africain dans une situation de dépendance pérenne, un homme jugé dangereux a contrario par ceux qui voyaient en lui un dictateur, un radicalisé et un homme dangereux.
Qui était Robert Mougabe ?
Né le 21 février 1924 à Hutama en Rhodésie du Sud (actuel Zimbabwe), Robert Mougabe est un homme politique et chef d’Etat Zimbabwéen. Fondateur du parti Union Nationale Africaine du Zimbabwe (ZANU), il va mener une guérilla contre le gouvernement colonial d’Ian Smith. Ce succès qui fera de lui Premier Ministre de 1980 à 1987 puis Président de la République de 1987 à 2017 lui vaudra la reconnaissance de « père de l’Indépendance » du Zimbabwe. Mais une fois au perchoir, il Va entamer une politique de restitution des terres, jadis confisquées par les fermiers occidentaux aux Zimbabwéens. C’est la fameuse réforme agraire qui lui a valu beaucoup d’inimitié de la part de ceux qui se sentaient évincés.
37 ans au pouvoir, il a été l’un des chefs d’Etat les plus âgé au monde. L’expérience acquise par son combat pour l’indépendance de son pays et par le nombre d’années passée comme leader de ce pays ont fait de lui selon certaines personnalités, l’un des « sages de l’Afrique ». L’homme qui avait gardé les stigmas d’une colonisation non pacifique et une discrimination profonde des colons britanniques à l’endroit de son peuple, eu pour première intention une fois au pouvoir de réécrire l’histoire.
L’œuvre « gigantesque » du défunt
Bien qu’ayant été à l’origine de quelques bavures à la suite de son règne, l’intention de l’homme politique à ses débuts était louable au regard des chiffres. Dès 1987, le défunt avait entrepris de refaire l’image des Zimbabwéens longtemps piétinée dans leur propre pays par la machine coloniale britannique. C’est à cet effet, qu’il va mettre un accent particulier sur les secteurs de la santé et de l’éducation ; des secteurs dont les avait privé l’ancien régime. Selon les études de la Banque Mondiale réalisées en 1992, plus de 500 centres de santé ont été construits depuis 1980. Le pourcentage d’enfants vaccinés est passé de 25% en 1980 à 67% en 1988. L’expérience de vie est passée de 55 à 59 ans, le taux de scolarisation a augmenté de 232% après une année de gratuité de l’enseignement primaire. Les effectifs au secondaire sont passés à 33% en l’espace de deux ans. Ces réformes qui ont lourdement endetté le pays, auraient au moins boosté le développement des Zimbabwéens.
Ses grands combats menés dans le cadre de la libération de l’Afrique australe lui valent de nos jours des Hommages particuliers. Le président de la République sud-africaine Cyril Ramaphosa, fait de lui « un champion de la cause africaine contre le colonialisme ». Ceci en mémoire de son grand apport dans la lutte contre l’apartheid. Le président Zambien Edgar Lungu quant à lui a rappelé le souvenir du « père fondateur du Zimbabwé et panafricaniste » dont la « place dans les annales de l’histoire de l’Afrique est assurée ».
L’homme qui a cassé sa pipe le 06 septembre 2019 à Singapour à l’âge de 95 ans après avoir passé 37 ans au pouvoir laisse derrière lui d’énormes souvenirs.