Cameroun – Éclatement du mouvement des Franckistes : Apollonie Fleur Blaz s’explique et livre sa part de vérité
Dans une interview exclusive accordée à l’hebdomadaire camerounais Repères, Apollonie Fleur Blaz, qui présente Franck Biya comme une « une personne neuve qui incarne une certaine virginité politique tout en revendiquant des aptitudes nécessaires pour impulser une nouvelle dynamique dans la gestion du pays », revient sur les dissensions qui ont conduit à la création du Mouvement des Franckistes pour la paix et l’unité du Cameroun (MCPU) dont elle est coordonnatrice.
Voici l’intégralité de cet entretien.
« Nous devons oeuvrer pour le rayonnement d’un nom qui ne nous appartient pas, mais auquel nous croyons », Apollonie Fleur Blaz
Repères : Le Mouvement des Franckistes pour la paix et l’unité du Cameroun (MCFPU) est traversé depuis quelque temps par une vague de dissensions. Que se passe-t-il ?
Apollonie Fleur Blaz : Ces bruits nous font voir la violence dans les propos de certaines personnes susceptibles de présider aux destinées du Mouvement et donnent tout simplement l’occasion aux observateurs de se faire une idée de ce qu’ils sont. Ils démontrent en plein jour qu’ils avaient d’autres ambitions que le projet pour lequel nous travaillons avec cette jeunesse active et conquérante pour mettre en place toutes ces conditions. Je suis en train d’abattre ce travail avec cette jeunesse et ça crée déjà des ouvertures.
Par exemple, le Mouvement est passé d’une réalité virtuelle à une réalité physique. Le travail abattu démontre que nous militions pour une transition générationnelle qui fait partie des résolutions issues du consensus du Grand dialogue national.
Et notre objectif est d’oeuvrer par des actions positives devant entrainer la construction d’un environnement où, à tous les niveaux de la société, on verra des personnes s’épanouir en s’inspirant des valeurs d’humanisme et d’intégrité qu’incarne notre leader, Franck Emmanuel Biya, en vue de faire naître et d’entretenir la flamme de l’amour entre nous.
La mise en place de notre stratégie a donc poussé ces gens à se dévoiler et à dévoiler au grand jour, par leurs comportements irresponsables, leurs vrais visages et leur réelle motivation qui n’était autre que l’argent qu’ils espéraient cueillir par un bâton.
Certes l’argent est nécessaire, mais il faut apprendre à travailler pour le gagner. Et si on revient à l’origine du mouvement, c’est en 2013 que M. Noumeu crée sur Facebook un groupe dénommé les amis de Franck Biya. En décembre 2020, à l’initiative de M. Odzolo Belibi Nelson, messieurs Owona Alain et Tegue se sont retrouvé autour de lui pour créer le Mouvement citoyen des franckistes pour la paix du Cameroun, en abrégé MCFP. Toutes ces personnes ont joué un rôle pour la fondation du mouvement, mais son ancrage et son développement physique pour faire rayonner l’objectif sur lequel nous travaillons en ce moment obéit à une autre démarche hautement stratégique que je suis chargée de mener à bon port.
Mais je me pose une question : pourquoi ces gens n’arrivent pas à mesurer la hauteur d’une mission qui nécessite une bonne maîtrise des aptitudes utiles à son pilotage ? Pour ma part, je les invite à éteindre le feu de ces forces et contre-forces, qui donnent tout simplement l’occasion aux observateurs de voir le niveau des gens qui sont supposés conduire l’épanouissement du plus grand nombre. Ils ont tous leur place au sein du mouvement, il suffit seulement de comprendre qu’il est important de jouer un rôle positif et productif pour le rayonnement de Franck Emmanuel Biya, un nom qui ne nous appartient pas, mais auquel nous croyons. Vous comprenez donc pourquoi ma vision du Mouvement citoyen des franckistes pour la paix (MCFP) a permis cette transformation en Mouvement citoyen pour la paix et l’unité (MCPU). Ainsi le jeune Nathan crée le logo et le jeune Pie Klébert conçoit le slogan : Franckiste un jour, Franckiste pour toujours.
» Le patriotisme et le respect mutuel doivent faire partie de toutes nos activités.
C’est pour cela que je prie tous nos frères et sœurs de la diaspora, que ce soit des Etats-Unis d’Amérique, de France, de Belgique, d’Allemagne, d’Espagne, de Turquie, de Grande Bretagne, du Canada, du Gabon, de l’Afrique du Sud, de l’Afrique de l’Ouest et où qu’ils se trouvent dans le monde de rester positifs et d’œuvrer pour la construction d’une nouvelle idéologie. Que nous travaillions ensemble pour faire de l’image de marque de notre leader une grande marque, qui sera capable de porter notre projet de société axé sur la paix, l’unité, la place prépondérante des femmes dans notre pays, l’éducation, la formation professionnelle, l’emploi décent, la santé, les infrastructures routières et ferroviaires, le tourisme, l’agriculture et sa modernisation, l’industrie agroalimentaire et les autres industries, la lutte contre les violences aux enfants, la situation sécuritaire dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, le septentrion et bien d’autres.
Vous militez pour une transition générationnelle. Comment entendez-vous la conduire ?
Pour réussir cette transition générationnelle, il n’est pas plus indiqué qu’une personnalité non marquée politiquement et idéologiquement, capable de réconcilier le Cameroun avec ses fils et ses filles. Une personne neuve qui incarne une certaine virginité politique tout en revendiquant des aptitudes nécessaires pour impulser une nouvelle dynamique dans la gestion du pays. Cette personnalité neuve, c’est notre leader Franck Emmanuel Biya, sur qui nous avons jeté notre dévolu pour jouer à fond ce rôle.
Mme la coordonnatrice nationale, vous avez recommandé aux délégués des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest d’œuvrer pour des solutions à la crise sécuritaire qui met à mal la paix sociale et freine le développement de notre économie depuis 2016. Cette question vous tient vraiment à cœur…
Nous voyons tous que cette situation a détruit la paix sociale dans ces deux régions, obligeant ainsi de nombreuses populations à fuir. Etant tous frères et sœurs d’un même pays, nous ne pouvons pas rester insensibles à cela. Nous comprenons les colères qui, comme nous le savons, sont provoquées par certaines personnes qui œuvrent pour leurs intérêts personnels. Dès lors, c’est la population qui n’a pas les moyens qui est prise dans un étau. Cette situation engendre des souffrances et parfois la séparation des familles. C’est pour cela que je prie Dieu Tout-Puissant d’ouvrir nos cœurs pour y semer l’amour, afin d’apaiser les colères et de recommencer à nous aimer les uns et les autres comme cette génération des années 60 qui a mis en place cette unité qui nous est chère aujourd’hui.
► « L’argent doit être au service de l’épanouissement collectif. Quand ce n’est pas le cas, et qu’il est manipulé par certaines personnes pour un intérêt égoïste, il engendre la haine et du coup les gens se retrouvent pris au piège d’une logique qui les monte les uns contre les autres. »◄
Mme la coordonnatrice nationale, quel est le mérite particulier de cette génération des années 1960 ?
Quand on lit l’histoire de notre pays, on voit que cette génération avait des hommes qui aimaient notre pays. Cet amour a permis de mettre en place ces bases sur lesquelles nous évoluons aujourd’hui mais que certains veulent saper. La grande motivation de cette génération était l’intérêt commun, qui s’accompagnait du patriotisme.
A LIRE AUSSI
- Cameroun : Christopher Fomunyoh appelle à la fin des tueries contre les civils et les forces de sécurité
- Crises socio-politiques : Les femmes appellent à la paix et la fin des violences
Or nous observons que la génération actuelle n’a pas su perpétuer cet amour de la patrie, elle a plutôt mis l’argent au premier plan. C’est pour cette raison que je prie beaucoup pour que la lumière contribue à installer cet esprit de patriotisme nécessaire au renforcement des fondations de notre beau pays le Cameroun.
A vous entendre parler, l’argent serait un mauvais serviteur.
L’argent doit être au service de l’épanouissement collectif. Quand ce n’est pas le cas, et qu’il est manipulé par certaines personnes pour un intérêt égoïste, il engendre la haine et du coup les gens se retrouvent pris au piège d’une logique qui les monte les uns contre les autres. C’est pourquoi je supplie mes très chers frères et sœurs du Nord- Ouest et du Sud-Ouest de reprendre le flambeau des années 60, même si le contexte n’est plus le même et de réapprendre à nous aimer les uns les autres.
Nous devons être cette génération avec une jeunesse active et conquérante, qui s’appuie sur les valeurs d’intégrité et d’humanisme qu’incarne notre leader Franck Emmanuel Biya. Ces valeurs qu’il a su tirer de son père, Son Excellence Paul Biya, homme de dialogue et de paix.
Ces populations ont des revendications qui méritent tout de même d’être prises en compte.
Nous voyons bien que de nombreuses mesures sont mises en œuvre pour répondre favorablement à ces revendications, à l’exemple du statut spécial accordé au Nord-Ouest et au Sud- Ouest ou du Plan présidentiel de reconstruction de ces deux régions. C’est la preuve que le président de la République les a écoutées. Comme coordonnatrice nationale du mouvement d’une jeunesse qui se veut active et conquérante, je veux encore dire à cette jeunesse, comme je l’ai fait lors de nos échanges, qu’il est important que toutes ces incompréhensions du passé cèdent la place à la raison qui devrait nous habiter tous. Il nous appartient de dépassionner la vision actuelle pour nous mettre tous en mission afin de bâtir une nouvelle vision dynamique capable de susciter l’amour et de donner de l’espoir à la nouvelle génération. C’est vraiment ma prière.
Mme la coordonnatrice nationale, y a-t-il vraiment lieu de nourrir l’optimisme qui transparait dans votre propos ?
Oui, la génération des années 1960, qui a bâti les fondements de notre pays, avait un très grand souci et a réussi à réunir les conditions grâce auxquelles tout le monde ou presque œuvrait pour l’intérêt commun de notre société. Je suis sûre qu’avec cette prière que j’adresse à cette jeunesse du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, elle saura dire : anglophone et francophone, c’est dans la tête. Et nous devons tous prier pour que Dieu ouvre les cœurs et installe dans notre âme et notre esprit cet amour qui nous fera prendre conscience que nous sommes tous frères et sœurs d’un même pays, le Cameroun. Pour cela, nous devons chasser la haine et le tribalisme pour promouvoir l’esprit de patriotisme en accomplissant des actions positives par un effort mutuel, source de bonheur pour nous-mêmes et pour les générations futures.
Mais il n’y a pas que la jeunesse du Nord- Ouest et du Sud- Ouest. Un message particulier aux autres franges de Camerounais ?
Je voudrais réitérer ma prière à mes frères et sœurs du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, parce que beaucoup de choses dépendent d’eux pour que nous soyons tous une jeunesse active et conquérante. Mais je n’oublie pas qu’il revient à tous les Camerounais de réapprendre à être des bâtisseurs de l’amour entre nous et de contribuer à créer les conditions d’une paix sociale qui favorise l’épanouissement de nos populations.
Ces valeurs d’antan sont nécessaires parce que les bâtisseurs de notre pays faisaient passer au premier rang l’intérêt commun. Et pour réussir, l’élite gouvernante a un rôle très important à jouer, parce que c’est elle qui bénéficie des privilèges qu’offre le pouvoir central. Si, comme dans une entreprise les bénéfices ne sont pas redistribués, cela provoque des frustrations qui menacent gravement les conditions propices au développement.
Je pense que c’est même là le départ de la crise. Si nous savons qu’un jour nous allons tout laisser pour l’éternité, alors apprenons à être positif et productif, ainsi nous aurons joué à fond notre rôle. Je suis persuadée que si nous réussissons à oublier la haine et créer cet amour entre nous, même ceux qui sont encore en brousse pourront être sensibles à ce cri de cœur. Je peux comprendre les souffrances et les incompréhensions, c’est pour cela que je fais tout pour susciter l’amour et l’espoir.
Comment êtes-vous parvenue à comprendre les incompréhensions et les souffrances des gens ?
J’ai une très grande expérience de la vie des associations, et je ne citerai que la dernière qui oeuvre pour aider les femmes rurales de mon arrondissement à accéder au bien-être. L’association Arka-Amvoe compte 500 membres à qui j’ai appris à se mettre ensemble pour être plus fortes. Avant, chacune évoluait de son côté tout en se méfiant des autres.Je leur ai donc inculqué l’esprit d’équipe qui consiste à se mettre ensemble pour mener des actions.
Actuellement, elles gagnent puisque nous arrivons à développer l’épargne et à investir cet argent dans des activités génératrices de revenus comme l’élevage ou l’agriculture. Surtout, cette épargne permet aux femmes de solliciter aujourd’hui des crédits qu’elles savent rembourser. Il y a deux semaines, nous avons reçu le Rofmak (Regroupement des femmes de la Mefou et Akono) venu installer une antenne qui va fédérer 28 associations que j’ai réussi à regrouper. Lors de cette cérémonie d’installation, il y avait près de 1500 personnes, membres des différentes associations et invités spéciaux confondus.
La présidente du Rofmak, Mme Eloundou, était très fière des femmes qui lui ont réservé un accueil des plus chaleureux. Vous voyez donc que j’ai l’expérience pour comprendre les souffrances des gens. Pour mon mot de fin, je m’adresse aux femmes, filles, épouses et mères : levons-nous et mobilisons-nous pour défendre les valeurs de la paix et l’unité de la nation. Ce que femme veut, Dieu veut. Franckiste un jour, Franckiste pour toujours !
Source originale : Repères
Ndrl : Le titre est de la rédaction