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L’Angola tente de pousser une négotiation directe entre la RDC et le M23, une ligne rouge pour Kinshasa

►►La présidence angolaise a annoncé mardi qu’elle allait contacter la rébellion du Mouvement du 23 mars (M23), tentant de négocier des pourparlers directs dans quelques jours avec la République démocratique du Congo (RDC), une ligne rouge pour Kinshasa depuis le début d’une crise qui pourrait désormais dégénérer en guerre régionale.

KINSHASA/LUANDA- La présidence angolaise a annoncé mardi qu’elle allait contacter la rébellion du Mouvement du 23 mars (M23), tentant de négocier des pourparlers directs dans quelques jours avec la République démocratique du Congo (RDC), une ligne rouge pour Kinshasa depuis le début d’une crise qui pourrait désormais dégénérer en guerre régionale.

 

 

 

Les décisions en attente restent décisives pour relancer les mécanismes de paix actuellement bloqués dans une impasse et marqués par des divergences entre les blocs régionaux.

 

LA LIGNE ROUGE

Cette déclaration de l’Angola est intervenue après la visite du président congolais Félix Tshisekedi plus tôt dans la journée à Luanda, où il a rencontré son homologue angolais Joao Lourenço, médiateur entre la RDC et le Rwanda. Ce dernier est accusé par Kinshasa et certains experts de l’ONU de soutenir la rébellion du M23, ce que Kigali nie constamment.

Le gouvernement congolais considère toujours comme une ligne rouge le fait de s’asseoir à la même table de négociation que la rébellion, qui a pris le contrôle de nombreux territoires dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Dans ces provinces, l’Alliance du Fleuve Congo (AFC), un groupe politico-militaire allié au M23, a mis en place une administration provinciale parallèle.

« Jamais, tant que je serai président de la RDC, je n’aurai en face de moi une délégation du M23 ou de l’AFC, ou je ne sais quoi d’autre, pour négocier, jamais », a déclaré le président Félix Tshisekedi dans une interview datant d’août 2024.

Réagissant à une éventuelle négociation de paix, la porte-parole de M. Tshisekedi, Tina Salama, a qualifié cela d' »approche de la médiation angolaise » et a déclaré que la RDC attendait de voir sa mise en place.

M.Lourenço est médiateur du Processus de Luanda, un mécanisme de paix soutenu par l’Union africaine (UA) visant à apaiser les tensions entre le Rwanda et la RDC.

 

 

 

Le Processus de Luanda se trouve dans l’impasse depuis l’annulation de dernière minute d’un sommet de paix organisé par M. Lourenço en décembre dernier. Kigali avait alors affirmé que le refus de la RDC d’un « dialogue direct avec le M23 » avait été un obstacle majeur au sommet, une ligne rouge que Kinshasa a toujours refusé de franchir.

La RDC a également laissé entendre qu’elle pourrait relancer le Processus de Nairobi, une initiative de paix menée par la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) et facilitée par l’ancien président kényan Uhuru Kenyatta, où Kinshasa pourrait dialoguer avec différents groupes armés actifs en RDC, y compris le M23.

« Nous rappelons aussi qu’il existe un cadre préétabli qui est le processus de Nairobi », a déclaré Mme Salama.

Cependant, la porte-parole de M. Kenyatta, Kanze Dena, avait affirmé début février que le Processus de Nairobi était dans une « impasse ». Le gouvernement congolais avait exclu le M23 de ce processus, le considérant comme un groupe représentant des intérêts étrangers, notamment ceux du Rwanda.

Le conflit entre le M23 et le gouvernement congolais est profondément lié aux conséquences du génocide rwandais de 1994 et aux tensions ethniques persistantes, en particulier entre les populations tutsies et hutues. La RDC accuse le Rwanda de soutenir le M23, tandis que Kigali prétend que l’armée congolaise s’est alliée au groupe rebelle rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), accusé d’avoir participé au génocide de 1994.

Les combats en cours sur différents fronts en RDC, alimentés par l’offensive persistante du M23, menacent de plonger toute la région dans le chaos. « Si cela continue ainsi, la guerre risque de se généraliser dans la région », a averti le président burundais Evariste Ndayishimiye début février.

 

DIFFERENDS A REGLER

Bien que les deux mécanismes de paix soient bloqués, les blocs régionaux africains privilégient encore des solutions africaines aux problèmes africains. Kinshasa et ses partenaires régionaux ne sont pas totalement alignés sur la trajectoire future des processus de Nairobi et de Luanda.

Plusieurs dirigeants africains ont convenu en février de fusionner les deux processus en un seul. Cette décision a été prise lors d’un sommet conjoint entre l’EAC et la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) dans la ville portuaire de Dar es-Salaam, en Tanzanie, où la RDC était absente.

 

 

 

Quelques semaines plus tard, l’EAC et la SADC ont également annoncé la nomination de l’ancien président kényan Uhuru Kenyatta, l’ancien président nigérian Olusegun Obasanjo et l’ancien Premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn en tant que facilitateurs du « Processus de Luanda/Nairobi ».

Kinshasa a toutefois appelé à un « alignement » des deux processus, estimant qu’ils devaient être élevés au même niveau organisationnel, car ils sont complémentaires.

« De toute évidence, les deux processus ont des cibles complètement différentes, des parties prenantes différentes », a déclaré Thérèse Kayikwamba Wagner, ministre d’Etat aux Affaires étrangères de la RDC, lors d’une réunion avec le corps diplomatique début mars. Elle a souligné que le Processus de Nairobi devrait également être placé sous l’égide de l’Union africaine (UA).

« Nous parlons plutôt d’un alignement des deux processus, afin que le processus de Nairobi soit aussi sous la houlette de l’UA et plus sous la houlette uniquement de l’EAC. Et comme ça, nous avons les deux à un même niveau, un même niveau organisationnel sous l’égide de l’UA », a précisé Mme Wagner.

Réagissant aux nominations des nouveaux facilitateurs, la cheffe de la diplomatie congolaise a indiqué qu’il s’agissait d’une « première proposition » qui serait suivie « d’une série de consultations ». « Nous savons aussi qu’il existe d’autres propositions et que les chefs d’Etat de la sous-région devront en discuter », a-t-elle ajouté.

La SADC a annoncé la tenue d’un sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement jeudi pour discuter de la situation sécuritaire en RDC, où le bloc régional pourrait examiner le retrait de sa présence militaire dans l’est du pays.

Dans le cadre de la Mission de la SADC en RDC (SAMIDRC), déployée en décembre 2023, une force régionale de la SADC composée de soldats du Malawi, d’Afrique du Sud et de Tanzanie a collaboré avec l’armée congolaise pour lutter contre les groupes armés opérant dans l’est du pays.

 

 

By Xinhua

 

 

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