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ZOOM AFRIQUE : L’escalade du conflit dans l’est de la RDC plonge la région dans l’incertitude

►►La rébellion du Mouvement du 23 mars (M23), qui a dit avoir pris le contrôle de Goma dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), a lancé mercredi une nouvelle offensive dans cette région après avoir décrété unilatéralement un cessez-le-feu la veille « pour des raisons humanitaires ».

KINSHASA/YAOUNDE-La rébellion du Mouvement du 23 mars (M23), qui a dit avoir pris le contrôle de Goma dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), a lancé mercredi une nouvelle offensive dans cette région après avoir décrété unilatéralement un cessez-le-feu la veille « pour des raisons humanitaires ».

 

 

Après avoir pris jeudi le contrôle de Nyabibwe au Sud-Kivu, les rebelles du M23 viennent de faire leur entrée à Nyamukubi et à Bushushu, dans le territoire de Kalehe au Sud-Kivu, et se trouvent pour l’instant proche de Kalehe, afin de s’emparer de l’aéroport de kavumu, a alerté la société civile locale.

« Nos positions ont été attaquées (…) le M23 a rompu le cessez-le-feu qu’il avait lui-même unilatéralement déclaré le 3 février 2025 », a réagi le porte-parole du gouvernement congolais Patrick Muyaya, cité mercredi soir par des médias locaux.

Corneille Nangaa, chef politique de l’Alliance du fleuve Congo (AFC), un groupe politico-militaire allié au M23, avait annoncé auparavant la volonté de dialoguer directement avec le gouvernement congolais, disant que le M23 et l’AFC étaient « ouverts au dialogue direct » avec lui.

Les autorités de Kinshasa ont rejeté à plusieurs reprises toute négociation directe avec le M23. « J’ai ordonné que tous les plans et instructions concernant un prétendu dialogue avec les terroristes du M23 (…) soient complètement brûlés immédiatement », avait annoncé le 30 janvier le ministre congolais de la Défense nationale, Guy Kabombo, s’adressant à son armée.

La semaine dernière, le président congolais Félix Tshisekedi avait promis une « réponse vigoureuse » aux avancées du M23. Dans son discours diffusé à la télévision nationale, il avait ainsi déclaré qu' »une réponse rigoureuse est en cours » pour reconquérir chaque centimètre carré du territoire de la RDC.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’est déclaré profondément préoccupé par cette escalade des violences dans l’est de la RDC et a réitéré sa condamnation la plus ferme de l’offensive en cours du M23. Il a appelé ce dernier à cesser immédiatement toute action hostile et à se retirer des zones occupées.

 

 

 

 

Des tensions violentes sont enregistrées depuis le 26 janvier à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, qui abrite environ un million d’habitants et plus de 700.000 déplacés vivant dans des conditions déjà difficiles en périphérie.

 

UNE TENSION ELEVEE ENTRE DEUX PAYS VOISINS

 

Le 25 janvier, la RDC a annoncé le rappel du personnel de son ambassade au Rwanda en raison des avancées de la rébellion du M23, alimentant ainsi les tensions diplomatiques entre Kinshasa et Kigali.

La RDC a accusé le Rwanda de soutenir les rebelles du M23, une accusation que le Rwanda nie. Kigali a accusé pour sa part l’armée de Kinshasa de soutenir et de collaborer avec les restes des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), un groupe qui serait responsable du génocide de 1994 contre les Tutsis au Rwanda.

La communauté internationale et des dirigeants africains ont appelé au dialogue pour rétablir la paix et la sécurité dans la région. Le président en exercice de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) et chef de l’Etat du Zimbabwe, Emmerson Mnangagwa a exhorté à une paix durable en RDC et à ce que toutes les parties au conflit adoptent le dialogue et les mécanismes de résolution pacifique des conflits.

Les dirigeants des pays d’Afrique australe et orientale ont décidé de se réunir à partir de vendredi pour un sommet extraordinaire de deux jours à Dar es-Salam, en Tanzanie, pour discuter de la situation, a annoncé lundi le président kényan William Ruto.

 

UNE CRISE HUMANITAIRE INQUIETANTE

 

Les affrontements à Goma ont entraîné des pertes énormes en vies humaines. Les combats de la semaine dernière dans cette ville ont fait au moins 2.900 morts, selon un nouveau bilan de l’ONU.

« Deux mille corps ont été récupérés dans les rues de Goma ces derniers jours et 900 corps sont à la morgue », a détaillé Vivian van de Perre, cheffe adjointe de la mission de l’ONU dans le pays, lors d’une conférence de presse par vidéo depuis Goma, avant de préciser que ce bilan pourrait encore augmenter.

 

 

« Toutes les routes de sortie de Goma sont sous leur contrôle et l’aéroport, aussi sous le contrôle du M23, est fermé », a-t-elle poursuivi. « L’escalade de la violence a conduit à d’immenses souffrances humaines, à des déplacements et à une crise humanitaire croissante ».

Bruno Lemarquis, coordinateur résident et coordinateur des opérations humanitaires de l’ONU en RDC, a appelé « toutes les parties à respecter le droit humanitaire international et à mettre fin aux violences ciblant les civils », a dit le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA).

L’ONU a appelé à la réouverture urgente de l’aéroport de Goma, point d’accès crucial à l’aide humanitaire dans cette ville dont la rébellion du M23 revendique le contrôle. Après les combats d’une intensité que la région n’avait pas connue depuis des décennies et au lourd bilan humain, Goma fait face à une urgence humanitaire, a averti le coordonnateur, notant que son aéroport est « une ligne de vie ».

 

 

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