Traite transatlantique : Le combat contre l’héritage de l’esclavage se poursuit
► Plusieurs clichés de la dévalorisation et dégradation de la personne humaine hérités de l’esclavage sont encore perceptibles dans nos sociétés modernes, en dépit de l’alerte des Nations Unies qui militent en faveur d’une éducation transformatrice.
Afrique54.net | Derrière le regard hagard, d’un air médusé, Aliya Sahida n’en croit pas ses yeux. Après la projection d’un film documentaire intitulé « Plus grand que l’Afrique », sur les similitudes de cultures entre cette tribu Yorobo du Nigéria et certains peuples d’Amérique, d’Australie et de Trinité-et-Tobago. Preuve on ne peut plus claire, d’un héritage issu de l’esclavage. L’un des plus grands génocides que l’humanité n’ait jamais connu, à côté des deux guerres mondiales, et des actes de terrorisme. Une histoire tragique, d’un peuple, gravée dans les gènes de chaque descendant.
Une barbarie sans précédent
« Quand je pense que des Noirs ont été vendus comme des bêtes, j’ai la rage, je suis révoltée et je me dis que lorsque je serai grande, je ferai quelque chose », affirme la jeune élève en classe de Terminale au Lycée de Tsinga à Yaoundé, le visage serré, les yeux larmoyants. Comme plusieurs jeunes de son âge, elle a du mal à croire que de tels actes ont été commis avec l’aval de la communauté internationale, qui dit œuvrer pour la paix, l’égalité de tous et le respect de la dignité humaine dans le monde.
« L’histoire de l’esclavage est une histoire de souffrance et de barbarie dans laquelle l’humain apparaît sous son pire jour. Mais c’est aussi une histoire de courage immense qui montre l’être humain sous son meilleur jour, à commencer par celles et ceux qui, enchaînés, se sont révoltés, ou, abolitionnistes, ont dénoncé ce crime atroce », a déclaré Antonio Guterres, Secrétaire général des Nations Unies dans son message publié le 25 mars 2023, à l’occasion de la Journée internationale de commémoration des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves.
Une lutte collective
« La traite transatlantique des esclaves a cependant des conséquences que nous subissons encore à l’heure actuelle. Les inégalités sociales et économiques d’aujourd’hui sont héritées en ligne directe de ces siècles d’exploitation coloniale. Et on reconnaît les stéréotypes racistes répandus alors pour justifier l’inhumanité du commerce des esclaves dans la haine suprématiste blanche qui resurgit en ce moment. Il nous incombe à tous et toutes de lutter contre le racisme hérité de l’esclavage », lance Antonio Guterres, dans son message.
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L’asservissement de plus de 13 millions d’Africains au cours de la traite transatlantique des esclaves était motivé par l’idéologie raciste selon laquelle ces hommes, femmes et ces enfants étaient inférieurs en raison de la couleur de leur peau. Toute chose dénuée de tout sens, à l’observation des prouesses réalisées par ces hommes de couleur dans divers domaines. C’est pourquoi les Nations Unies militent en faveur d’une éducation transformatrice, afin de mettre au grand jour le racisme hérité de l’esclavage.
Ainsi, espérer qu’en unissant les peuples du monde contre le racisme, le rêve de la jeune Aliya de vivre dans un monde dans lequel chacune et chacun, partout, puisse vivre dans la liberté, la dignité et le respect des droits humains, pourrait bien réaliser.
© Afrique54.net |Thierry EBA