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Le roman de Calvin Djouari « Le Retour du Roi Rudolf Duala Manga Bell » Prophétie ou fiction ? 

Le roman de Calvin Djouari « le Retour du Roi Rudolf Duala Manga Bell » Prophétie ou fiction ?

« Il faut être un peu voyant », disait RIMBAUD. Ce vers, s’applique bien à l’œuvre de Calvin Djouari à la lecture de son roman  » Le retour du Roi Rudolf Duala Manga Bell » sorti il y a 8 mois et aujourd’hui traduit en langue anglaise et allemande. Les Douala confrontés ce derniers temps à des questions terriennes doivent se rappeler de leur héros.

 

 

Afrique54.net – Mais revenons à l’idée du post. Je souhaite surtout parler de l’homme et de son œuvre.  Calvin est devenu le meilleur en ce moment dans la diaspora s’il faut tenir compte de son univers littéraire. Ses livres, ses articles et ses chroniques sont les plus lus, sans compter ses émissions littéraires sur Diaspocam toujours très attendues. Arrivé en final en 2019 du Grand Prix littéraire de l’Afrique Noire, décerné par ADELF (académie française) le prix n’a pu être officialisé à cause de la pandémie. Il ne fait pas de toute qu’il aurait remporté ce grand prix.

Malgré ce manque à son palmarès, Calvin Djouari continue un beau destin littéraire où les prix poussent dans sa carrière comme des feuilles sur les arbres. C’est une carrière merveilleuse et souvent, il m’arrive de ne plus vouloir dire quelque chose sur lui, mais c’est plus fort que moi. Il vient d’être Nominé une quatrième fois pour le même roman. « Le retour du roi Rudolf Douala Manga Bell« , l’œuvre qui semblait passer inaperçue, est devenue un recueil de mémoire pour des réminiscences fugaces du Roi des Bell. C’est vraiment une scène de vie sur la Seine.

Mais je ne suis pas surpris, parce qu’il est un écrivain prolifique dont je lis les chroniques depuis huit ans et qui est resté debout poursuivant des rêves littéraires vraiment exotiques.

 Calvin Djouari est un écrivain d’investigations. Tenez, il lui est arrivé de vivre dix jours dans les camps des réfugiés pour comprendre la psychologie des aventuriers où il s’est fait passer pour un clandestin. Il a parfois voyagé sans ticket dans les trains pour voir comment les contrôleurs traitent ceux qui ont fraudé ou de faire le faux malade pour espionner les infirmiers en milieu hospitalier, et de marcher sans papier dans la nuit pour voir comment les agents de police traitent les personnes qui font le vagabondage nocturne.

Pour écrire son premier livre qui parle de la condition humaine de notre siècle, il a dû se passer pour un clochard et a dormi avec eux tout en mangeant dans les mêmes ressorts afin de comprendre qu’il n’était qu’un pauvre homme à côté de la bonté naturelle de ces gens-là. Je n’oublierai pas qu’il s’est comporté comme un commerçant dans le 18ème arrondissement pour voir comment les marchands ambulants gagnent leur vie, il a passé des nuits à Saint-Denis en compagnie de ceux qui vivent dans les quatre mètres carrés et qui essaient d’exister, ou encore sur l’esplanade de la porte de Clichy aux cloisons perméables, où en entend s’étriper et mourir les sans-abris chaque jour.

La meilleure anecdote fut avec cet haïtien qui l’avait accueilli chez lui à sa demande au cours de cette débandade nocturne pour se rendre compte en tapant son nom sur internet qu’il avait accordé l’hospitalisé à un grand écrivain lorsque celui-ci était déjà parti.

 

Calvin Djouari est capable aujourd’hui de décrire l’état d’esprit de chaque communauté vivant en France ; du guadeloupéen au petit chinois en passant par l’indien puis de l’africain. Son dernier roman est le fruit d’une recherche longue sur les origines du peuple Sawa.

Ce roman de Douala Manga Bell a déjà obtenu trois prix, (Prix du meilleur roman décerné par les fous du livre de Yaoundé sous le haut patronage du ministère de la culture, prix de l’Ecrivain de l’année décerné par Le magazine Deido Boy, et le Prix Aspacva de la Communauté Mbamoise du Cameroun).

A présent, il est nominé pour le Grand Prix International de la Littérature Afro-Caraïbe. Peut-être sera-t-il encore aux premières loges. Rien n’est moins sûr, des ténors comme Gary Victor et Alain Mabankou sont dans sa catégorie, ces grands noms sont souvent indétrônables. « Ma joie est déjà grande d’être hissé à ce niveau » a-t-il déclaré. En attendant Félicitations.

Parlant de cet ouvrage

C’est un ouvrage qui s’intéresse à la lutte coloniale contre les allemands ; un récit historique écrit sous forme romantique mais qui ouvre une réflexion sur la vie d’aujourd’hui en face de ceux qui détiennent les pouvoirs actuels.

Les thèmes du roman ont une résonance particulière, parce qu’il faut régler les problèmes sérieux du vivre-ensemble en même temps qu’il faille préserver les héritages laissés par les aïeux. Habiter le monde ne nous est plus un acquis. C’est devenu un combat, qui occupera tout notre esprit, tout le temps de nos vies, puisque des forces nouvelles nous menacent.

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Calvin Djouari est un écrivain qui aime les mots, toujours jeté dans la rue à la hâte, pour observer la vie et le monde, un monde de pistes sinueuses. Trop d’images qui circulent chaque jour dans nos mauvais univers, il aborde des vérités assénées qui nourrissent l’esprit même dans le néant. Ce néant qui réveille les consciences, c’est ça qui fait son humanité littéraire.

 

Il faut voyager dans le passé de notre vie pour comprendre nos attitudes, il faut élargir nos horizons pour écouter les sons harmonieux ou discordants, savoir discerner des voix qui remuent ou s’agitent ; il faut battre son cœur pour ressentir le silence des battements. Ceci permettra d’ouvrir grandement les mains pour embrasser le monde et pourquoi pas les utiliser pour écrire des choses qui pourront agrandir la vie. Telle semble être la vocation de l’homme. Un passage très évocateur du livre rappelle les agissements sociaux de ce dernier temps. Lisez plutôt à la page 50 :

« – Une petite fille, qui écoutait Rudolf Duala Manga Bell parler, lui demanda s’il pourrait encore se sacrifier comme en 1914.

– Ta préoccupation est sincère, ma fille, dit-il. Mais avec mes complaintes de tout à l’heure, tu peux comprendre que mon premier sacrifice opéré pour mon peuple n’aura servi à rien. Si les raisons pour lesquelles je m’étais livré autrefois avaient eu un effet détonateur, j’aurais été encouragé mais l’expérience montre le contraire. Je préfère vivre. L’esprit de sacrifice que j’ai eu en 1914, je ne peux plus l’avoir. Cette bataille que j’ai menée, je ne peux plus la livrer, je ne peux pas mourir une troisième fois. C’est absurde, pour quel mobile ? Le sacrifice n’est pas une collation avec ses bourreaux. C’est une épreuve, une aventure, on attend un destin qui élève un homme au champ de la perfection.

– Vous avez tout à fait raison Majesté ! Lui répondit la fille. »

On se demandera toujours comment Calvin Djouari a pu deviner et écrire ce qui arrive aujourd’hui au peuple Sawa…Mais bon… Ce n’est qu’une œuvre littéraire.

 

© Afrique54.net | Eric Marcien Ndjomo E., Yaoundé

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