Cameroun – Mafia foncière à Yaoundé : Sanction gouvernementale contre le fraudeur Mbiapo Joseph
► Le Ministre des Domaines, du Cadastre et des Affaires Foncières (Mindcaf) vient d’annuler le titre foncier n°1600/Mfoundi. Ledit titre foncier est l’objet du litige qui oppose la famille Sama Ayissi Barthelemy à sieur Mbiapo Joseph. Ce dernier s’entête pourtant à construire un immeuble sur le site querellé au quartier Nlongkak.
Afrique54.net – Ange Sama, l’ancien président de la Fédération camerounaise d’athlétisme ne pouvait pas rêver mieux. Le 23 décembre 2021, le Ministre Henri Eyebe Ayissi, par arrêté ministériel, procède à l’annulation du titre foncier n°1600/Mfoundi. Le document servait à Sieur Mbiapo Joseph pour spolier la famille Ayissi Sama Barthelemy de 104 m2 au quartier Nlongkak.
L’arrêté ministériel est confirmé par l’Ordonnance n° 1040 rendue par la PTPI de Yaoundé-CA. Ce, « au profit de Monsieur SAMA DOUALA Ange Aimé et Madame AYISSI ELOBO Marie Thérèse ». Le Conservateur Foncier du Mfoundi délivre par conséquent le Certificat de propriété N°/167/CP/MINDCAF/41/T600 aux impétrants.
Le droit à l’endroit
La décision du Mindcaf fait suite au recours gracieux préalable que porte la famille Ayissi Sama Barthelemy à son endroit.
Mais auparavant, une mission d’enquête s’effectue sur le terrain le 15 novembre 2021. Le rapport d’enquête établit des irrégularités dans la procédure d’obtention du titre foncier n°1600/Mfoundi. Notamment, la fraude de Sieur Mbiapo Joseph pour légitimer son recours à l’immatriculation directe. Mais aussi, la faute administrative qui aboutit à l’établissement du titre foncier querellé. Surtout qu’Ayissi Sama Barthelemy avait déjà inscrit sa parcelle, dont la portion, dans le livre foncier le 13 septembre 1951.
Le Ministre Eyebe Ayissi va donc s’appuyer sur les dispositions légales en vigueur au Cameroun pour trancher le litige foncier. Notamment, l’article 2 (5.5) du décret n°76/165 du 1976 fixant les conditions d’obtention du titre foncier, et ses modificatifs subséquents.
Les 104 m2 réintègre ainsi les 1968 m2 déjà enregistre sous le titre foncier n°5969/Mfoundi.
La loi avant tout
Pour Ange Sama, l’arrêté du Mindcaf, « c’est un bon cadeau de début d’année, une belle lueur d’espoir ». Ange Sama fait notifier le retrait du titre foncier n°1600/Mfoundi à Sieur Mbiapo Joseph via le Conseil de ce dernier. L’acte d’huissier est servi le 07 Janvier 2022.
Cependant, l’heure n’est pas à baisser la garde. Le représentant de la succession Ayissi Sama Barthelemy souligne que « la patience, la tolérance et le respect des lois ne veut pas dire qu’on est faible ». Le propos trahit le courroux de la succession Ayissi Sama Barthelemy de constater que malgré la notification, les travaux se poursuivent sur leur propriété. Une plainte est par conséquent déposée auprès du Préfet du Mfoundi. Celui-ci va convoquer les deux parties pour confrontation le mercredi 19 janvier 2022 à 11 heures. Si Ange Sama et sa famille sont au rendez-vous, la partie adverse ne se présente pas au Préfet.
La godasse
Le manque de déférence à l’autorité administrative du territoire dans le Mfoundi apparaît telle une insulte. Il se susurre d’ailleurs dans les couloirs de la Préfecture que le Préfet en est remonté. Car, le Sieur Mbiapo Joseph se targuerait du soutien d’un lobby très puissant dans la République. Des noms proches du Chef de l’Etat au Palais de l’Unité sont même évoqués par influence.
Mais c’est davantage un homme d’affaires dont les supermarchés poussent dans la ville de Yaoundé dont on parle dans l’agora. Ange Sama dit avoir appris qu’il s’agit « de Djambo Timo Léopold, promoteur de Santa Lucia. Ils veulent construire une succursale de The Best [ndlr : une boulangerie] avec un certain Roger ». Le promoteur de Santa Lucia serait donc l’homme fort qui se cache derrière Mbiapo Joseph. Mais bien plus, il serait l’investisseur du chantier immobilier sur les 104 m2 qui font problème à Nlongkak.
Rixe tribal à l’horizon
Le litige foncier qui oppose la succession Ayissi Sama Barthelemy à Sieur Mbiapo Joseph semble prendre la voie du chaos. A Nlongkak, les autochtones voient en la poursuite des travaux de Sieur Mbiapo Joseph, une véritable provocation. De même, les membres de la succession Ayissi Sama Barthelemy sont tancés de tribalistes. « Ces messieurs sont entrain de marcher partout pour crier au tribalisme. Malheureusement, comme je leur ai dit, il n’y pas de tribalisme qui tienne. Parce que ma mère était de l’Ouest », souligne Ange Sama.
De ce fait, Ohandja Dieudonné, premier notable, représentant le Chef de quartier, craint un conflit tribal. Le notable estime de l’arbitrage du Mindcaf « que les autres comprennent que c’est la fin ! Qu’il s’en aille ! Nous ne voulons pas de bain de sang ». Il exhorte donc l’autorité administrative à mettre un terme au conflit en devenir.
Filouterie ou simple tour d’adresse ?
Pour comprendre comment on arrive à ce litige foncier, il faut remonter un peu plus loin, dans la décennie 1990. Selon la succession Ayissi Sama Barthelemy, c’est à l’âge de 34 ans que Mbiapo Joseph arrive dans leur concession. Son intégration au sein de cette famille, il la doit au lien conjugal d’avec l’une des filles d’Ayissi Sama Barthelemy. L’année de son intégration s’avère donc être 1996 puisqu’il est né en 1961.
Dans la tradition Beti au Cameroun, le gendre que la belle-famille héberge ne peut vivre sous le même toit que son beau-père. Ayissi Sama Barthelemy qui dispose d’une case sur les 104 m2 objet du litige, va y loger Mbiapo Joseph. Ce dernier va dès lors procéder à des activités commerciales qui apparaissent aujourd’hui comme une stratégie longtemps pensée pour s’approprier le site.
Savoir dire merci
La succession Ayissi Sama Barthelemy avoue être agréablement surprise par la prise en compte de ces revendications au Mindcaf. Elle témoigne ainsi de sa gratitude aux autorités camerounaises en charge des questions foncières.
Pour ainsi dire, la succession Ayissi Sama Barthelemy entend décerner une distinction symbolique au Ministre Henri Eyebe Ayissi, quoique modeste.
By Afrique54.net ► Eric Martial NDJOMO E.