Arrimage du Cameroun au numérique : L’incertitude autour de la TNT se consolide
Forte odeur de détournement sur les 110 milliards de francs CFA débloqués par le gouvernement dans le cadre de la migration de la télévision analogique vers la télévision numérique terrestre (TNT).
Au delà du simple arrimage à la télévision numérique terrestre (TNT). C’est une véritable mue que se préparait d’opérer le Cameroun au travers de ce projet d’envergure dans un secteur aussi sensible et éparse que celui de la communication. Au sein duquel des acteurs d’un autre genre s’improvisent agrégateurs, diffuseurs, et même distributeurs de produits dont ils n’ont reçu aucun mandat. L’Union internationale des télécommunications (UIT), avait fixé une date butoir aux Etats, en vue d’opérer le basculement vers le numérique. Et le gouvernement camerounais, qui s’est voulu bon élève sur ce dossier, a pris sur lui de boucler le dossier au plu tard le 17 juin 2015 à minuit. Ce que confirme une source rencontré du coté du ministère de la Communication.
Cependant, les consommateurs eux attendent toujours de voir apparaitre sur leurs petits écrans ce bouquet dont on a dit tant de bonnes choses. Avec en tête de file l’un des plus parlants des ministres de la communication que le pays ait connu, Issa Tchiroma Bakary. Qui ne manquait aucune occasion, dans sa gandoura, pour arpenter les plateaux de radios et télévisions, pour à chaque fois faire le point des avancer de ce dossier. Des mesures urgentes avaient même été prises, avec notamment la mise sur pied du Cam-DTV, logé dans les services du premier ministre. D’importants moyens mis à disposition, pas moins de 100 Milliards de francs CFA au total. Bien que nous apprend on, depuis le début d’année 2019, une enquête est ouverte du coté du Tribunal Criminel Spécial (TCS). Et pour cause, il se dégage de forts soupçons de malversations financières, à forte odeur de détournement de deniers publics dans cette affaire. Qui l’on se souvient de ces batailles épiques de corps à corps engagés par les principaux responsables, pour le contrôle de ce basculement numérique.
Sur le banc des accusés, et en fonction des premiers rôles joués dans cette affaire, l’ancien ministre de la communication, Issa Tchiroma Bakary, en sa qualité de vice-président du Cam-DTV et président du Conseil d’administration de la Cameroon Radio and Television (CRTV). L’homme qui a porté sur ses larges épaules le ministère de la communication pendant près d’une décennie, aura su le réduire autour de sa seule personne. Avec en toile de fond, l’ère du cumul des fonctions.
Ensuite, Louis Paul Motaze, alors président du Cam-DTV, par ailleurs Secrétaire Général des services du premier ministre, qui a joué un rôle non des moindres dans cette affaire. Puis vient, François Wakata Bolvine, Coordonnateur de l’unité technique opérationnelle du Cameroun Digital Television (Cam,-DTV), alors conseiller du Premier Ministre.
Et depuis le 04 janvier 2019, à la faveur du réaménagement gouvernemental, ce dernier est désormais ministre délégué à la présidence chargé des relations avec les Assemblées. Les officiers de police judiciaire du TCS cherchent à comprendre le niveau de responsabilité se ces principaux responsables et de bien d’autres, dans l’attribution du marché à la société chinoise StarTime.
L’Etat du Cameroun avait en tout mis à disposition 110 Milliards de francs CFA, pour cette opération, sous financement de la République de Chine. Entre temps, nous apprend on du coté du ministère de la communication où son Secrétaire Général, Félix Zogo qui a une claire connaissance de ce dossier, que le basculement au numérique a bel et bien eu lieu au Cameroun en 2015. Et StarTimes avait, à titre de tests, livré pas moins de 300 décodeurs que se sont partagés quelques privilégiés, selon certains de nos confrères. Issa Tchiroma Bakary avait indiqué chez nos confrères d’EcoMatin que « …1000 ménages de Douala et Yaoundé étaient concernés par cette phase technique au terme de laquelle les décodeurs destinés aux téléviseurs analogiques devaient être mis en vente à un prix suffisamment accessible aux populations. 12 chaînes dont huit nationales (CRTV, Canal 2 International, Équinoxe Tv, Vision 4, Stv, Ltm, Dbs et Camnews 24) et quatre étrangères (France 24, Bbc World News, TV5 Monde Afrique et Tiji) constituaient le bouquet Cam-Dtv, extensible à une trentaine de chaînes. Il avait également donné un délai de deux ans pour que les huit autres chefs-lieux de régions soient couverts par la TNT ». De quoi donc donner du grain à moudre aux enquêteurs du TCS, qui sont à pied d’œuvre, dans ce qui pourrait devenir l’un des plus grands scandales, dans le secteur de la communication. Et dans lequel les deux centres de diffusion de la télévision publique (Crtv) situés l’un à Mbankomo dans la capitale Yaoundé et Douala-Logbessou dans la métropole économique.
© Thierry Eba ǀ Afrique-54.com