Mbam et Kim : Le Sous-Préfet de Ngoro Marcel Richard Tam Likeng dénonce l’Elite extérieure
Dans une interview accordée exclusivement le 07 novembre 2018 au journal La Voix Des Décideurs, l’autorité administrative, surprise par notre présence dans cette localité reculée coupée du monde, où une baguette de pain coûte 300 F Cfa, parle des problèmes de son unité où des certains médecins abandonnent leurs postes et les infirmiers brillent par l’absentéisme.
Le Sous-Préfet de Ngoro Marcel Richard Tam Likeng : «L’Elite extérieure de Ngoro est quasi invisible »
Monsieur le sous-préfet comment avez-vous vécu à Ngoro, le double évènement de célébration des 36 ans de l’ascension du Président Paul Biya à la magistrature suprême et la prestation de serment pour le nouveau mandat ?
L’enclavement caractérise notre circonscription administrative
Je commence par saluer votre bravoure pour avoir effectué ce voyage peut-être pas long mais parsemé d’embûches avec les pluies. Nous sommes pratiquement coupés du monde. Aucun véhicule de grand gabarit n’y accède. L’enclavement caractérise notre circonscription administrative.
Parlant du double événement de ce jour, nous pouvons dire que la journée était belle, ensoleillée et nos populations se sont réunies autour du petit écran pour vivre la cérémonie en direct. La session RDPC locale s’est réunie devant un écran dans un débit de boisson pour vivre en direct l’événement.
Le sous-préfet que je suis s’est entouré de son état-major. Il compte plus d’une trentaine de collaborateurs représentant les composantes sociologiques de l’arrondissement parmi lesquelles les religieux, les chefs traditionnels, les responsables des services publics, les opérateurs économiques et d’autres citoyens. Globalement je suis content de la prise de fonction à nouveau de notre président. Bref dans l’arrondissement de Ngoro nous avons eu la fête que nous méritons.
Vous avez eu la fête que vous méritée. Mais sans implication de l’élite extérieure qui ne s’intéresse pas aux questions de développement local.
« L’implication de l’Elite extérieure en matière de développement est quasi nulle »
Il faut avouer que l’Elite extérieure de Ngoro, depuis un an déjà que je suis en service ici, est quasi invisible. Ça ne sera pas un crime de lèse-majesté que de le dire. L’implication de l’Elite extérieure en matière de développement est quasi nulle. Vous avez pu l’observer il n’y a pas eu d’élite qui soit venue fêter non seulement avec les militants même avec les populations. Je m’y habitue et travaille avec les populations locales qui aimeraient changer les choses.
D’une manière générale, comment se porte votre circonscription administrative au plan sécuritaire ?
Nous avons organisé les ressortissants du Nord-ouest et du Sud-Ouest en association ayant des représentants. Ce sont des populations travailleuses et qui vivent en paix.
L’une des choses qui caractérisent l’arrondissement de Ngoro est son calme légendaire. Cela ne veut pas dire qu’elle soit exempte de menaces. La crise dite anglophone se ressent ici compte tenu de l’importante communauté anglophone qui réside ici et que nous ne stigmatisons aucunement. La preuve en est que nous avons organisé les ressortissants du Nord-ouest et du Sud-Ouest en association ayant des représentants. Ce sont des populations travailleuses et qui vivent en paix. Toutefois, nous avons pensé qu’il était de bon ton de mettre sur pied des comités de vigilance, dans le cadre de la sécurité des personnes et des biens. Nous avons fait le tour de l’arrondissement pour installer une trentaine de comité de vigilance constitués de jeunes volontaires et dynamiques, qui nous renseignent sur tous les mouvements. Et nous donnons des instructions à suivre. En dehors de notre gendarmerie qui est en sous-effectif, nous nous appuyons aussi sur la défense populaire.
Quel bilan faites-vous déjà des comités de vigilance mis sur pied ?
Le bilan des comités de vigilance mis sur pied, je peux dire sans risque de me tromper qu’il est satisfaisant. Car, ils nous rendent régulièrement compte à chaque fois qu’il y a un événement digne d’intérêt. Nous leur donnons des instructions sur la façon dont ils doivent travailler pour contrecarrer tout dérapage. C’est l’occasion pour moi de dire qu’ils sont conviés ici au mois de décembre pour un séminaire. Outre le sous-préfet qui aura un ou deux exposés nous aurons aussi les interventions des responsables de sécurité, question de mieux les outiller.
Outre la question de sécurité, nous avons parcouru de Ngoro à Yangafock et n’avons vu aucune structure sanitaire. Quel regard portez-vous sur les infrastructures sociales ?
Malgré l’état de la route qui est défavorable. D’autres vont à l’arrondissement de Mbangassina. Toutefois, en arrivant ici je n’ai pas trouvé de médecin.
En réalité, la carte sanitaire tout comme les infrastructures, est pauvre. Le côté que vous avez visité est le côté Est. Lors de ma prise de fonction, j’ai fait ce constat qui ma foi, est déplorable. Tout le côté n’a pas de centre de santé intégré. Nous avons demandé aux populations de bien vouloir se rendre à Ngoro. Malgré l’état de la route qui est défavorable. D’autres vont à l’arrondissement de Mbangassina. Toutefois, en arrivant ici je n’ai pas trouvé de médecin.
Aujourd’hui nous avons pu faire venir deux et quelques techniciens. Nous ne manquons pas de faire parvenir au gouvernement cette doléance liée au manque criard d’infrastructures sanitaires dans notre arrondissement. Nous comptons actuellement outre le centre médical d’arrondissement de Ngoro, deux centres de santé ; un dans le secteur nord qui a même des problèmes avec l’absentéisme de l’infirmier et un autre à Nyamogo. Nous allons prendre des mesures dans les prochains jours pour régler ces problèmes.
Véritable mosaïque de peuples, l’arrondissement de Ngoro est riche dans sa diversité tant culturelle qu’ethnique.
Comment se manifeste le vivre ensemble au regard des fortes communautés allogènes qui résident ici ?
Véritable mosaïque de peuples, l’arrondissement de Ngoro est riche dans sa diversité tant culturelle qu’ethnique. Plusieurs peuples vivent ici ensemble. Nous avons les Sanaga, Ndjanti, Baveck, Balom et les autres communautés qui sont venues ici à la recherche de la vie sur les terres fertiles de Ngoro. Notamment la communauté Eton, Yambassa, Mambila et bien d’autres. Les malentendus ne manquent pas mais nous finissons par trouver des solutions pacifiques.
Entretien mené par Essimi et Thierry Mvogo
le 7 novembre 2018 [ La Voix Des Décideurs]