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Le Met Gala 2025 : la mode noire sous les projecteurs

Le Met Gala 2025 : la mode noire sous les projecteurs

►► C’est une montée en puissance qui ne passe plus inaperçue. Pour son édition 2025, le Met Gala rend hommage au dandysme noir à travers une exposition intitulée Superfine : Tailoring Black Style. Le tapis rouge du Metropolitan Museum of Art s’est ainsi transformé en manifeste stylistique d’une diaspora qui n’a jamais cessé de redéfinir les codes de l’élégance.

Paris, Afrique54.net | Ce 5 mai 2025, le Met Gala s’est transformé en véritable théâtre de l’élégance noire. Sous le thème Superfine : Tailoring Black Style, l’exposition du Costume Institute, ouverte du 10 mai au 26 octobre 2025 à New York, explore les formes multiples de cette esthétique dans la diaspora atlantique.

Douze caractéristiques du dandysme noir y sont mises à l’honneur : du tailoring méticuleux à la performance du style comme extension de l’identité. Sur le tapis rouge, la diaspora africaine s’est illustrée par une présence forte et résolument inspirée.

 

 

Tyla, étoile montante d’Afrique du Sud, a brillé dans un Jacquemus audacieux ; Aurora Jones, icône afro futuriste, portait une pièce signée Thebe Magugu, créateur de mode sud-africain. Le mannequin soudano-américain Anok Yai captivait en Thom Browne, tandis que Burna Boy, Tems (chanteurs nigérians), Ayra Starr (chanteuse béninoise), Issa Rae (actrice, scénariste et productrice sénégalo-américaine) ou encore Ncuti Gatwa (acteur britanico-rwandais) arborent des créations du maître tailleur ghanéen Ozwald Boateng. Stormzy, élégant et imposant, en Tom Ford, et Khaby Lame en Boss personnalisé, complétaient ce panorama haut en couleur, profondément symbolique.

 

Tyla (chanteuse sud-africaine) – Source : le compte Instagram de Jacquemus

Le dandysme noir (mouvement culturel et esthétique qui émerge principalement au 19è siècle, incarné par des figures afro-descendantes) ne se limite pas à l’élégance. C’est une posture, une fierté, un acte politique. Héritée de figures afro-descendantes du XIXe siècle, cette esthétique s’est répandue dans les grandes capitales noires de la diaspora.

À Brazzaville et Kinshasa, les Sapeurs (membres de la SAPE, la Société des Ambianceurs et des Personnes Élégantes) ont fait du costume un symbole de distinction, souvent en rupture avec les codes vestimentaires coloniaux ou imposés.

Dans les années 1960, sous le régime de Mobutu Sese Seko, alors que l’habillement traditionnel devenait une norme autoritaire, certains résistants culturels avaient choisi le costume occidental comme outil de réappropriation. Un geste que l’on retrouve aussi chez les Swenkas sud-africains, les Saga Boys caribéens ou les Rude Boys jamaïcains. Tous ces mouvements ont en commun une volonté : revendiquer leur humanité et leur grandeur à travers la coupe d’un veston, l’éclat d’une chaussure, l’assurance d’une démarche.

 

Ncuti Gatwa (acteur britannico-rwandais) – Source : compte Tumblr de raspberrydee

 

 

Du Congo à New York, en passant par Johannesburg, Kingston ou Accra, ce langage vestimentaire a traversé les siècles comme un cri de dignité, une fierté incarnée, une résistance cousue main.

L’élégance, un acte de transmission

Ce que ces tenues racontent, au-delà de leur esthétique, c’est une continuité. Une filiation entre générations, entre continents. Les Sapeurs d’hier inspirent les créateurs d’aujourd’hui. Les Swenkas du dimanche nourrissent les défilés de demain. La mode noire, souvent réduite à une tendance ou à un folklore, s’impose ici comme une histoire longue, un récit de fierté et de style qui traverse les époques. Elle influence les codes du luxe comme les normes populaires, et redonne à l’élégance noire toute sa légitimité historique. Le Met Gala 2025 l’a mis en lumière avec éclat, et la diaspora africaine y a répondu avec créativité, force et subtilité. Ce tailoring de l’âme et du tissu devient alors langage universel, invitation au respect et à l’admiration.

Avec Superfine, Le Met Gala ne célèbre pas seulement la mode noire, il reconnaît une culture. Une culture où chaque bouton, chaque revers, chaque couleur revendique une place dans l’histoire globale du style. Du bitume de Brazzaville aux escaliers de l’Olympus new-yorkais, le dandysme noir prouve qu’il n’a jamais été en marge ; il est le fil rouge d’un art de vivre, d’une manière d’exister. En 2025, il n’est plus en attente de reconnaissance : il s’impose, triomphant, sur la scène mondiale.

 

© Afrique54.net | Daria Tchemy ( Stg), depuis Paris

 

 

 

 

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