Crimes coloniaux et Visite officielle de Macron au Cameroun : Un journaliste répond à la romancière Calixthe Beyala
« Vous venez défendre les intérêts de la France et c’est bien, très bien. Mais allez-vous demander pardon au peuple camerounais martyrisé ? Venez-vous pressé par le désir de reconnaître les crimes de la France et présenter des excuses à ce peuple meurtri ? Venez-vous établir des relations de respect mutuel ? Venez-vous pour adouber un homme pour la transition au Cameroun, cette transition dont on parle et qui n’est pas si lointaine ?
Sachez donc Monsieur le Président que le Cameroun n’est pas la Côte d’Ivoire ! Que le Cameroun n’est pas le Tchad ! Que le Cameroun n’est pas le Gabon ! » Voilà un extrait d’un post Facebook de l’écrivaine franco-camerounaise Calixthe BEYALA à la suite de l’annonce par les médias de la visite officielle du président Emmanuel MACRON au Cameroun.
Thierry DJOUSSI, Président de l’Association des journalistes camerounais pour l’agriculture et le Développement, (AJAD), n’a pas été de main morte pour servir une réplique à la célèbre romancière franco-camerounaise , autrice de plus de 18 publications, qui a déclaré que «pour l’ensemble des Camerounais Emmanuel MACRON est le mal venu.
Voici en intégralité la réaction de Thierry DJOUSSI
Démagogie quand tu nous tiens !
Il me semble que Mme BEYALA a vécu en France, des décennies durant. N’était-elle pas au courant des »crimes français commis en Afrique » ou bien celle qui a cherché désespérément à diriger la Francophonie les découvre à la faveur de la visite officielle d’un président français au Cameroun? La énième visite du genre. Donc rien de nouveau!
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Il va de soi que MACRON vient à Yaoundé sur invitation de la présidence camerounaise. De ce fait, n’est-il pas plus commode pour un citoyen camerounais de demander à l’exécutif de son pays -qui est censé gouverner au nom du peuple et pour le peuple – pour quelles raisons il invite Emmanuel MACRON?
Imagine-t-on un Français demander à Paul Biya ce que le Président de son pays vient chercher au Cameroun ? Pourquoi certains Africains ne nous épargnent-ils pas de ce ridicule qui consiste à perpétuer le complexe du colonisé? Bon Dieu ! Le Cameroun a un chef qui est responsable devant le Peuple.
Quant au pardon de la France pour les crimes coloniaux au Cameroun.
Une fois encore, c’est aux populations d’exiger de leur gouvernement qu’il interpelle le Président français sur le sujet. Les États traitent avec les États.
Personnellement, je ne comprends pas la pusillanimité du régime actuel sur ce dossier. Or, les autorités rwandaises ont tellement acculé la France qu’elle a fini par faire son mea culpa sur le génocide de 1994. Qu’attend Yaoundé pour imiter le bon exemple ?
Concernant la mémoire de nos nationalistes, est-ce la France qui viendra donner leurs prestigieux noms à nos lycées, universités, avenues? Comment comprendre que le nom de Um Nyobe (pour ne citer que lui) ne figure au fronton d’aucun édifice public dans ce pays.
Commençons d’abord par résoudre cet incroyable paradoxe. Nos nationalistes doivent vivre dans nos livres, dans nos avenues, sur nos bâtiments. La demande de pardon de l’ancien maître ne sera qu’une gerbe de plus déposée sur leurs tombes.
Thierry Djoussi
Président de l’Association des journalistes camerounais pour l’agriculture et le développement (AJAD)