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LE DEBAT- Punition corporelle en milieu scolaire en Afrique : « Non aux excès, oui au maintien » – Et votre avis ?

DEBAT- Au sujet de la  punition corporelle en milieu scolaire,  Gabriel NOAH  dit « Non aux excès, oui au maintien » – Quel est votre avis ?

► La dérive des comportements déplorables de nos élèves serait-elle liée à la nature des sanctions en vigueur dans nos écoles ? 

 

Source photo : creusetogo.org

 

Afrique54.net – Interrogés sur cette question  les avis des Africains partagés. Si certains s’opposent radicalement à l’application de cette méthode disciplinaire, d’autres par contre, n’hésitent pas à répondre par un oui imperturbable, soutenant leur préférence par des arguments qu’ils ornent d’un caractère irréfutable. Ils y vont d’ailleurs de l’évocation et de leurs regrets nostalgiques, des sanctions corporelles qu’ils subissaient du temps de leur scolarité, celles qui ont eu le mérite de faire d’eux les citoyens modèles qu’ils sont devenus aujourd’hui. Ils fulminent de colère et fustigent  les modèles importés, aussi bien que la mollesse des sanctions appliquées dans nos écoles actuellement. Pour cette catégorie de personnes, l’éducation est indissociable de la chicotte.

Les réalités psychosociologiques     

Sans être aussi catégorique, il est difficile d’ignorer cette opinion, parce qu’elle comporte un fond de vérité qui est l’aspect psycho-sociologique dont la non-prise en compte dans notre système éducatif peut se révéler préjudiciable à plusieurs égards.

En général, l’éducation par l’extrême souplesse endort l’esprit des enfants dans notre environnement, à telle enseigne que de nombreux enfants issus des milieux où la rigueur dans l’éducation n’est parfois qu’une vue de l’esprit, où les parents se complaisent à satisfaire tous les caprices des enfants sans leur imposer la moindre contrainte, se révèlent incontrôlables dans les établissements scolaires.

C’est dans leurs rangs que se recrutent les adeptes des charters, des consommateurs de stupéfiants, des pratiquants de partouzes, la sexualité ne recelant plus le moindre secret pour eux. C’est encore dans les mêmes univers que se rencontre le plus grand nombre d’homosexuels et d’enfants pourtant les plus vulnérables.

Comment donc maintenir à leur égard les caresses dont les couvrent leurs parents dans les domiciles sans courir le risque d’un effet de contamination de masse et de pervertir le plus grand nombre ? Face à une telle situation, avant que les instances répressives officielles et les juridictions ne s’en occupent à l’âge adulte, c’est le milieu scolaire qui se heurte aux affres de leur perversion face à la démission des parents occupés à résoudre leurs multiples problèmes financiers, dans un environnement où la précarité règne en maîtresse absolue. Comment les ramener sur le droit chemin sans exercer sur eux une autorité dont la sévérité est tributaire de la capacité de les contraindre à l’obéissance, le rapport de force étant doublement physique et psychologique ?

Vérité en-deçà des Pyrénées, erreur au-delà.

En comparaison avec l’environnement d’où nous copions les modèles de développement dans tous les domaines, outre le fait que les Occidentaux ont exporté l’interdiction de la chicotte en Afrique et l’on réintroduite dans leur système face à la nécessité, le comportement des enfants occidentaux n’est pas celui des enfants africains et moins encore celui des petits Camerounais.

Transposer chez-nous en Afrique et précisément au Cameroun, les pratiques disciplinaires en vigueur dans les écoles occidentales où l’enfant peut insulter l’enseignant ou son parent, sans tenir compte de cette donnée fondamentale, apparaît de toute évidence comme une sérieuse erreur. Il devient donc nécessaire d’inventer les normes éducatives qui conviennent à nos réalités sociologiques, en adéquation avec nos attentes. Car, le copier-coller qui a littéralement échoué en Afrique depuis les indépendances continue à enfoncer les Etats Africains dans la précarité morale et économique la plus inqualifiable.

Dans cette perspective, seules nos bonnes vieilles sanctions qui ont fait leurs preuves chez nous en d’autres temps devraient s’appliquer sous une forme révisées, adaptée à notre contexte.

 Réguler les sanctions au lieu de les supprimer

Seul l’excès dans leur méthode d’application pose le problème de leur normalisation. Les sanctions corporelles devraient être normées par des instances indépendantes et sans contrainte, des psychologues. Car pour ce qui est de l’éducation, il existera toujours un conflit entre l’apprenant et son éducateur, tant qu’il se trouvera un qui exerce son autorité sur l’autre, l’enfer étant toujours les autres, affirmation qui demeure valable pour tout être humain sans discrimination d’âge, de classe sociale, de sexe ou de religion.

L’essence des rapports entre ces deux membres de la communauté éducative est donc le conflit qui s’impose jusqu’à ce que chacun reconnaisse sa place. L’argument psychologique seul ne suffisant pas, il faut bien faire intervenir autre chose, à savoir la contrainte physique sans débordement. Car, l’excès transforme la sanction qui contient une dimension pédagogique en tyrannie et fait naître le sentiment d’injustice que renforce le comportement belliqueux du contrevenant, le braquant immédiatement pour un affrontement dont la conséquence est la sortie du cadre éducatif.

Pour être synthétique, les sanctions physiques dans nos écoles devraient obéir à l’adage: « Une main de fer dans un gant de velours». Voilà, semble-t-il, une piste susceptible d’expérimentation. L’État, les parents, les enseignants et tous les acteurs impliqués dans la chaîne pédagogique sont dès lors interpellés en procédure d’urgence, au regard de la  croissance à une vitesse exponentielle du nombre de dérives en milieu scolaire, qui devient le creuset de la déliquescence de la société. Il s’agit de sauver l’avenir de notre pays, lequel ne pourra être assuré que par une jeunesse formée dans des méthodes d’une rigueur extrême, en l’absence de la moindre idéologie commune dans laquelle les camerounais puissent se reconnaitre et adosser le développement de leur pays.

L’heure n’étant plus au mimétisme béat ou à l’uniformisation universelle, car chaque société a ses propres réalités, l’ingéniosité des acteurs serait mise à contribution pour sortir la Communauté Educative de son marasme disciplinaire. Il convient donc de s’armer du courage de le dire aux partenaires bilatéraux qui exigent et nous imposent la vision d’un monde unipolaire.

 

Par Afrique54.net –  Gabriel NOAH

 

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