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Interview de Françoise Etoa : « Depuis 30 ans, nous œuvrons pour l’émancipation de la femme africaine »

Interview de Françoise Etoa : « Depuis 30 ans, nous œuvrons pour l’émancipation de la femme africaine »

Françoise ETOA, présidente de l’ONG Cercle des Enfants qui porte le projet de construction d’une Supérette Solidaire dans l’Extrême-Nord du Cameroun, parcourt l’Afrique pour un plaidoyer en faveur des femmes. Invitée à Mora  dans le cadre de la Journée Internationale de la Femme 2022, Françoise ETOA est au pays pour rassurer toutes les associations de femmes des victimes de la guerre de Boko Haram.

Afrique54 s’est rapproché d »elle pour aborder les questions liées aux festivités de cette journée, la situation des Droits de la femme au Cameroun et en Afrique et des violences faites aux femmes par les hommes et par d’autres femmes. La présidente de l’ONG Cercle des Enfants parle de son armada de soutien aux associations de femmes, victimes essentielles des affres de Boko Haram dans l’Extrême-Nord où elle construit à Mora  une Supérette Solidaire d’une valeur de plus de 52 Millions de F Cfa, en leur faveur. Voici l’intégralité de l’entretien accordé à notre média.

 

 

Quel commentaire faites du thème de cette édition de la Journée Internationale de la Femme 2022 ?

La célébration d’une journée internationale essentiellement dédiée à une réflexion sur le statut et le rôle de cette dernière dans la mise en œuvre des questions de développement est une réponse à votre questionnement.

La thématique de cette année est, à mon avis de leader social, très pertinente.  En ce sens qu’elle pose, à la suite des réflexions et actions qui sont menées depuis des années, la problématique essentielle de la place, du rôle et de la considération que la société humaine donne à la femme. Notamment qu’à compétence égale, elles sont ingénieurs, médecins, pilotes, avocate, soldat, chauffeur, vigile, enseignant, au même moment qu’elles assument avec abnégation les rôles de mère, épouse et procréatrice.  Cela suppose qu’il continue de se poser, au regard de ce qu’elle apporte un vrai problème de prise de conscience à son niveau et de prise en compte au niveau de la société.  Surtout que pour les rôles naturelles, les hommes poussent l’outrecuidance de leur opposer une rude concurrence.

Donc l’égalité dont il s’agit ici repose d’abord dans la reconnaissance de son rôle naturel avec toutes les difficultés qu’elles rencontrent, les souffrances qu’elles endurent et surtout les violences faites à leur encontre. Nous pensons donc que le monde serait meilleur si nous mettons la femme dans les conditions de donner le meilleur d’elle-même. Tout en reconnaissant, au-delà des efforts qu’on lui reconnaît déjà, que la femme elle-même doit s’y mettre pour l’avènement de cette société idéale.

Et qu’est ce qui est au menu des festivités de la Journée Internationale de la Femme à Mora ?

Il faut déjà remercier la commune de Mora, dirigée par le patriarche ABBA Boukar, des efforts qui sont menées avec l’entretient de Mme ABBA Boukar, dans l’encadrement des associations des femmes de tout le département. Car comme vous le savez, la culture et l’environnement de la région ne sont pas toujours propices à l’émancipation moderne de la femme. C’est d’ailleurs ce qui nous a motivés, au sein de l’Ong Cercle des Enfants, mon équipe et mes partenaires à engager une armada de soutien à ces associations de femmes, victimes essentielles des affres de Boko Haram.

Après le don de vélos pour leur motricité à la recherche de l’eau, de la pitance familiale et l’écoulement du produit des champs, nous avons estimé qu’il faille leur donner l’opportunité de stocker, de vendre leur produit et de le faire dans la mentalité.

 

C’est dans ce sens qu’elles ont estimé que la célébration de cette année se fasse sous le prisme et la couleur de cette exceptionnelle collaboration entre les leaderships féminins locaux, internationaux que je représente et les pouvoirs des élus de Mora. D’où ma présence qui fait suite à une invitation pertinente et insistante de l’ensemble des organisations des femmes de la région qui m’a été et adressée. Et à laquelle je ne pouvais que répondre, car c’est pour nous un motif de fierté supplémentaire, en même temps une reconnaissance pour tout le soutien et l’espoir que nous avons modestement apporté à ces communautés.

 Au-delà du défilé traditionnel, je ne trahis pas un secret que la fête, qui sera belle, sera enrichie de la célébration du partenariat entre Cercle des enfants et la femme de l’Extrême-Nord. Un point d’honneur sera fait à l’évaluation des travaux de construction de la Supérette Solidaire des femmes de Mora doublé de l’exposition de ce que les femmes ont pu toujours faire dans une région qui a connu la guerre.  Vous me permettrez de traduire ma satisfaction pour le résultat encourageant et positif que j’observe depuis le début de notre collaboration au plan de l’éducation de la jeune fille, l’agriculture et le génie féminin dans la création artisanale.

 Et que vous avez dans votre panier pour les femmes du Grand Nord et surtout celle de Mora ?

Comme je viens de le préciser notre implication dans l’émancipation de la femme de la région de l’Extrême-Nord en général et cette de Mora date depuis des années grâce à l’entretien d’une femme leader, madame ABBA Boukar épouse du maire de Mora qui a mis à notre disposition un terrain communal qui a permis la construction de la Supérette Solidaire de Mora.  Donc à la suite des cadeaux qui libère la femme de cette région encrée dans des traditions séculaires mais aussi qui remettent l’espoir pour se relever, il sera question pour nous de les rassurer de l’avancée des travaux de construction de ce joyau mis à leur disposition par notre Ong et ses partenaires.

« Depuis 30 ans, nous  œuvrons pour l’émancipation de la femme africaine »

Oui j’ai le plaisir de leur montrer que les gros œuvres sont terminés, car avec la covid19 certains ont failli désespérer. Nous sommes-là pour leur signifier que nous irons au bout de notre engagement. A savoir mettre les éléments modernes, constitutifs de notre cahier de charges. Une boutique moderne, un entrepôt pour les produits locaux, un ensemble frigorifique pour la conservation des produits locaux périssables et étrangers pour leur ravitaillement, un espace loisirs et de repos pour les élites administratives de la ville et enfin un centre de télécommunications numérique pour les élèves et étudiants avec le matériel adéquat.

Nous irons au bout de notre engagement

Quel regard portez-vous vous sur la situation des Droits de la femme au Cameroun et en Afrique ?

Les choses doivent évoluer dans le sens d’une meilleure compréhension et une prise en considération à l’endroit de la femme camerounaise et africaine. Et cela au plan légal, économique, politique et culturel. Le plaidoyer est une affaire des femmes évoluées et des hommes. Il s’agit de faire bouger les lignes et aussi de conscientiser davantage sur la nécessiter d’évoluer vers la reconnaissance effective et encourager les droits inhérents à la femme par les autorités et les relents culturels et religieux. Cela est possible dans le respect de certains tabous et réticences.  C’est ce que nous proposons chaque fois que cela est possible.

 

 

Qu’est ce vous aimeriez voir changer ?

Simplement la perception péjorative que la société a de la femme dite émancipée sur son statut légal, sur le plan politique et économique.  Et pour cela il faut qu’on cesse de lu interdire l’accès à la terre, à l’héritage et surtout au savoir que procure l’école et la formation.

Pensez-vous que des violences faites aux femmes par les hommes et par d’autres femmes ?

Je ne le pense pas, je le condamne avec la dernière énergie. La femme doit cesser d’être perçue comme un objet, un bétail ou un dépotoir de nos limites et de nos échecs.  Elle est depuis fort longtemps devenue un partenaire, un conseiller et une productrice de croissance. Nous devons tuer cette façon de condamner la femme à des rôles ingrats et dénigrants.  Les sociétés qui se développent sont celles qui mettent les femmes au rôle d’agent social, économique et politique adéquat.

 

Entretien réalisé par Marcien Essimi

 

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