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Elections au Sénégal : La promesse du changement utilisée comme arme de séduction massive

►►C’est le constat fait par Mathias Khalfaoui et Fodé-Maciré Dramé, chercheurs à la Chaire Raoul Dandurand, qui ont signé le volume 10 du Bulletin Franco Paix intitulé : ‘’Sénégal : 1 an d’alternance, 25 ans de changements’’.

Afrique54.net‹ D’après les deux chercheurs, il faut absolument rompre avec le mythe de la rupture permanente au Sénégal.

 

 

« Le PASTEF est aujourd’hui présenté comme un parti en rupture avec le système politique sénégalais traditionnel. Pourtant, en prenant du recul, il est facile de douter de l’originalité du parti et même de sa capacité à organiser cette rupture. Depuis 2000, chaque nouveau locataire du palais présidentiel se présente comme étant la face du changement », relèvent Mathias Khalfaoui et Fodé-Maciré Dramé

Khalfaoui et Dramé soulignent que le Sénégal a été dominé et gouverné par un parti, longtemps unique pendant 40 ans (1960-2000). Cette longue période a inévitablement nourri, au sein de la population, un désir de changement, incarné par le Sopi (changement en wolof) d’Abdoulaye Wade. Puis, en 2012, l’homme qui représentait l’avenir est devenu celui du passé, dépassé et battu aux élections par un jeune Macky Sall qui promettait à son tour le changement. Le PASTEF a suivi la même voie, menant à sa victoire en 2024.

« La réalité est que l’usure du pouvoir affecte tous les mouvements politiques. Pour une démocratie comme le Sénégal, où la moitié de la population a moins de 19 ans, la promesse d’un changement de génération en politique est presque indispensable pour gagner une élection. Cette prime au ‘’dégagisme’’ permet de remporter des élections, mais complique l’exercice du pouvoir », observent Khalfaoui et Dramé.

A leur avis, il faut alors trouver comment concrètement organiser la rupture tant promise, au-delà d’une valse des responsables politiques. Le PASTEF est  confronté à la même problématique à laquelle se sont heurtés le PDS d’Abdoulaye Wade et l’APR de Macky Sall avant lui. Le risque pour le PASTEF est de se limiter à des actions symboliques ou à des annonces qui ne verront jamais le jour.

Celles concernant le retrait des troupes françaises, discuté depuis longtemps, ou d’une sortie du franc CFA au profit d’une monnaie nationale, comme promis lors de la campagne présidentielle, en sont des exemples. En rester là, reviendrait pour le parti à donner raison aux accusations de populisme qui lui sont faites par l’opposition.

 

 

 

Fodé-Maciré Dramé et Mathias Khalfaoui, pensent que le PASTEF doit dépasser la parole et montrer qu’il est un parti de la base, qui cherche à mettre en place des aspirations populaires et non simplement à capitaliser sur elles. Le parti d’Ousmane Sonko a tout écrasé en 2024, porté par une population sénégalaise qui aspire enfin à voir se concrétiser le Sopi, inachevé depuis 25 ans.

« Le PASTEF a tâtonné pendant cette première année au pouvoir pour trouver sa formule politique. Le rapport de la Cour des comptes de février 2025. Il semble être l’élément déclencheur qui va tracer le chemin des interventions politiques à venir », concluent les chercheurs.

© Afrique54.net │Lucien Embom

 

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