►► »C’était une nuit claire, et nous avons pu voir la lumière verte clignotante du satellite chinois lorsque notre station terrestre a détecté le signal », a déclaré Francesco Petruccione, professeur à l’Université Stellenbosch d’Afrique du Sud, décrivant l’excitant moment de la connexion avec le satellite quantique de la Chine.
JOHANNESBURG- La Chine a récemment établi un lien de distribution quantique de clé (QKD, quantum key distribution) avec l’Afrique du Sud, étendant pour la première fois à l’hémisphère sud sa communication quantique ultra-sécurisée.
Cette réalisation est une étape importante pour l’Afrique du Sud, a déclaré Yaseera Ismail, chercheuse principale de l’équipe sud-africaine et maître de conférences au département de physique de l’Université de Stellenbosch.
Cette réalisation révolutionnaire, fruit d’une collaboration entre des scientifiques chinois et sud-africains, a été détaillée dans un article publié jeudi dans la revue internationale Nature.
Avant de se connecter à l’hémisphère sud, la Chine avait établi des liaisons optiques entre les micro-nano satellites quantiques et des stations terrestres mobiles dans des villes chinoises telles que Hefei, Beijing et Shanghai, permettant des expériences de distribution quantique de clé satellite-sol en temps réel.
« Cette réalisation est cruciale car elle établit la première liaison par satellite entre le Nord et le Sud, ce qui garantit que le Sud sera inclus dans les futurs réseaux de communication sécurisés, » a indiqué M. Petruccione, en tant que l’un des contributeurs de l’article et de l’expérience.
Pendant les dix jours qu’a duré l’expérience, les stations terrestres situées au sommet du bâtiment d’ingénierie de l’Université de Stellenbosch ont atteint un taux de génération de la clé sécurisée de 1,07 million de bits, dépassant les résultats obtenus précédemment en Chine, a indiqué Mme Ismail.
« Pendant plusieurs nuits, nous sommes restés assis autour de l’ordinateur portable avec nos collègues chinois de l’Université des sciences et technologies de Chine, les yeux rivés sur l’écran, surveillant la clé sécurisée en temps réel lors du passage du satellite, se souvient-elle, et lorsque la clé sécurisée a atteint un million, nous étions surexcités et nous avons sauté de joie ».
L’un des principaux défis de la communication quantique est de maintenir un taux de clé élevé sur des distances croissantes, car le taux de clé diminue souvent avec l’augmentation de la distance entre les points de communication.
« Les résultats obtenus en Afrique du Sud sont impressionnants », selon Mme Ismail, qui attribue ce succès au dernier micro-nano satellite chinois Jinan-1, plus léger et plus rapide que son prédécesseur Micius, ainsi qu’à l’environnement favorable de l’Université de Stellenbosch, caractérisé par une faible pollution lumineuse, un faible taux d’humidité et un ciel dégagé.
« Nous sommes fiers de collaborer avec la Chine », a partagé M. Petruccione, soulignant que le développement de pointe de la Chine dans le domaine de la communication quantique avait permis à l’Afrique du Sud d’améliorer son expertise tout en apportant des contributions significatives dans ce domaine. « C’est une situation gagnant-gagnant », a-t-il ajouté.
M. Petruccione a fait remarquer que la technologie quantique catalysait l’essor de nouvelles industries et que la collaboration avec la Chine offrait à l’Afrique du Sud l’occasion de surfer sur la vague de la prochaine révolution industrielle. En travaillant avec la Chine dans ce domaine, l’Afrique du Sud peut renforcer son expertise, encourager de nouveaux talents et créer davantage d’opportunités d’emploi, a-t-il ajouté.
« Nous avons beaucoup appris de nos collègues chinois, et j’espère qu’ils ont appris quelque chose de nous. Nous sommes impatients d’intensifier nos relations et de continuer à faire de la bonne science ensemble dans les domaines de l’informatique quantique et d’autres aspects quantiques », a espéré M. Petruccione.
Mme Ismail a fait remarquer que la Chine était à la pointe du développement de la communication quantique, alors que l’Afrique du Sud ne disposait pas actuellement de l’infrastructure nécessaire au lancement d’un satellite quantique. Toutefois, grâce à des collaborations internationales comme celle-ci, les deux pays travaillent ensemble à l’établissement de liaisons quantiques intercontinentales.
« Je pense que notre collaboration avec la Chine se poursuit et nous planifions la prochaine phase d’expérimentation. Après avoir obtenu des résultats aussi remarquables, nous voulons aller plus loin et explorer de nouvelles percées », a-t-elle exprimé.
L’UNESCO a proclamé cette année « Année internationale des sciences et technologies quantiques » pour marquer le 100e anniversaire de la mécanique quantique et faire progresser l’intégration sociétale des avancées quantiques.
Mme Ismail a souligné que le développement d’un réseau quantique mondial nécessitait les efforts conjoints des pays du monde entier. « Ce n’est que grâce à des collaborations internationales que nous pourrons faire avancer la technologie quantique », a-t-elle affirmé.
La science est un outil essentiel pour relever les défis mondiaux, a estimé M. Petruccione, et la collaboration scientifique internationale peut favoriser la compréhension mutuelle.
« J’espère que la collaboration scientifique entre les pays contribuera à la construction d’un monde pacifique et prospère, nous permettant de relever ensemble les défis mondiaux », a-t-il ajouté.
By Xinhua
