►►De hauts responsables de la sécurité nationale américaine ont invité un journaliste de renom à rejoindre un groupe de discussion de Signal au sujet d’une attaque militaire contre les Houthis au Yémen, le mettant au courant du plan d’attaque aérienne deux heures avant l’opération américaine.
WASHINGTON- De hauts responsables de la sécurité nationale américaine ont invité un journaliste de renom à rejoindre un groupe de discussion de Signal au sujet d’une attaque militaire contre les Houthis au Yémen, le mettant au courant du plan d’attaque aérienne deux heures avant l’opération américaine.
Jeffrey Goldberg, rédacteur en chef de The Atlantic, a fourni le détail de ce qui s’est passé dans un article publié lundi sur le site Internet du magazine. Il explique avoir reçu le 11 mars une demande de connexion sur l’application de messagerie Signal de la part d’un utilisateur du nom de Michael Waltz, comme le conseiller à la sécurité nationale des Etats-Unis, mais M. Goldberg ne savait pas alors s’il s’agissait du compte réel du conseiller.
Deux jours plus tard, M. Goldberg a reçu une notification l’informant qu’il allait être ajouté à un groupe de discussion appelé « Houthi PC Small Group ».
Un message adressé au groupe, émanant de « Michael Waltz », disait : « Team – establishing a principles (sic) group for coordination on Houthis, particularly for the next 72 hours, » (Equipe – établir un groupe de principes (sic) pour la coordination sur les Houthis, en particulier pour les prochaines 72 heures), a écrit M. Goldberg.
L’expression « principal committee » (« comité des directeurs ») fait généralement référence à un groupe de hauts responsables de la sécurité nationale, notamment les secrétaires à la Défense, d’Etat et au Trésor, ainsi que le directeur de la CIA, a-t-il expliqué.
M. Goldberg a déclaré qu’il avait de sérieux doutes quant à l’authenticité de la discussion de groupe, car il ne pouvait pas croire que les responsables de la sécurité nationale des Etats-Unis discuteraient de plans de guerre imminents sur Signal.
Il n’arrivait pas non plus à croire que le conseiller à la sécurité nationale du président soit imprudent au point d’inclure le rédacteur en chef de The Atlantic dans de telles discussions avec de hauts responsables américains, y compris le vice-président JD Vance.
Cependant, au fur et à mesure de la conversation, il a commencé à percevoir un haut degré de vraisemblance.
« Ce que je dirai, afin d’illustrer l’insouciance choquante de cette conversation sur Signal, c’est que le message de Hegseth contenait des détails opérationnels sur les frappes à venir au Yémen, notamment des informations sur les cibles, les armes que les Etats-Unis allaient déployer et l’ordre des attaques », a indiqué M. Goldberg, en faisant référence au secrétaire à la Défense Pete Hegseth.
Après que les frappes aériennes ont eu lieu au même moment que ce qui avait été annoncé dans le groupe de discussion, M. Goldberg a contacté plusieurs responsables américains présents dans le groupe de discussion pour vérifier s’il s’agissait d’un véritable fil de discussion et pour s’enquérir des raisons pour lesquelles il avait été ajouté au groupe de discussion, entre autres questions connexes.
« Il semble qu’il s’agisse d’une chaîne de messages authentique, et nous sommes en train d’examiner comment un numéro a été ajouté par inadvertance à la chaîne », a répondu Brian Hughes, porte-parole du Conseil de sécurité nationale.
Le président américain Donald Trump a également été interrogé sur l’incident par les médias à la Maison Blanche plus tard lundi, et déclaré ne pas être au courant.
La secrétaire de presse de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, a fait savoir dans un communiqué: « Le président Trump continue d’avoir la plus grande confiance dans son équipe de sécurité nationale, y compris dans le conseiller à la sécurité nationale Mike Waltz ».
Interrogé par les médias à ce sujet, M. Hegseth a déclaré: « Personne n’a envoyé de plans de guerre par SMS. C’est tout ce que j’ai à dire à ce sujet ». Le secrétaire à la Défense s’en est également pris à M. Goldberg, le qualifiant de « soi-disant ‘journaliste’ fourbe et hautement décrédibilisé qui a fait profession de colporter des canulars à de nombreuses reprises ».
L’incident a suscité de vives inquiétudes et des critiques sévères.
« Si elle est vraie, cette histoire représente l’un des plus graves manquements à la sécurité opérationnelle et au bon sens qu’il m’ait été donné de voir », a déclaré Jack Reed, membre démocrate du Comité des forces armées du Sénat, dans un communiqué.
« Les opérations militaires doivent être menées avec la plus grande discrétion, en utilisant des lignes de communication approuvées et sécurisées, car des vies américaines sont en jeu. La négligence dont fait preuve le cabinet du président Trump est stupéfiante et dangereuse. Je vais demander à l’administration de répondre immédiatement », a martelé le sénateur démocrate.
Le chef de la minorité au Sénat, Chuck Schumer, a qualifié l’incident de « comportement d’amateur » et a demandé « une enquête complète sur la manière dont cela s’est produit et sur les dommages que cela a engendrés ».
« Ce type de faille de sécurité est à l’origine de la mort de personnes, de l’exploitation par nos ennemis et de la mise en péril de notre sécurité nationale. Ces personnes ne sont manifestement pas à la hauteur de la tâche », a-t-il publié sur le réseau social X.
By Xinhua