Affaire Tidjane Thiam et le débat sur l’ivoirité
►►Porté à la tête du parti à l’issue du congrès électif tenu à Yamoussoukro le vendredi 29 décembre, Tidjane Thiam succède à Henri Konan Bédié décédé le 1er Août 2023. Depuis lors, l’éventuelle candidature de l’économiste et homme politique ivoirien, réveille d’ores et déjà des controverses sur son ivoirité.
Afrique54.net | L’économiste de renom international, Tidjane Thiam est le nouveau président du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA), à la suite du dernier congrès électif tenu le vendredi dernier à Yamoussoukro. Tidjane Thiam succède à Henri Konan Bédié, décédé le 1er août 2023 et devient ainsi le troisième président du plus vieux parti politique de Côte d’Ivoire.
De sa nouvelle position et sauf cataclysme, il sera le prochain candidat de son parti pour la reconquête du pouvoir d’Etat lors des échéances présidentielles de 2025. Depuis son élection, le camp adverse en lieu place d’un débat sur les nombreux enjeux à venir, a choisi contre toute attente de ressusciter le débat sur le concept de l’ivoirité, un concept politiquement mal exploité par les opposants d’alors et qui a plongé notre pays dans plusieurs décennies de crises.
Né d’une mère ivoirienne et descendant illustre du père fondateur de notre nation, Félix Houphouët Boigny, Tidjane Thiam incarne l’esprit ivoirien dans toute sa splendeur. Pourtant, des voix obscures tentent de le dénigrer en le qualifiant d’étranger, malgré sa lignée ivoirienne incontestable.
Tidjane Thiam est né le 29 juillet 1962 à Abidjan en Côte d’Ivoire, fils de Amadou Thiam et de Marietou Sow, fille de Amoin, la cousine de feu Houphouët-Boigny, père fondateur de la Côte d’Ivoire moderne.
Tidjane Thiam a fait toute son enfance, ses années de collège et de lycée en Côte d’Ivoire. Ancien élève du lycée Classique d’Abidjan, Il est le premier ivoirien à intégrer la prestigieuse école Polytechnique de Paris d’où il sort major de sa promotion.
La question relative à la nationalité du nouveau président du PDCI et à son éligibilité au poste de président de la république ne sauraient objectivement susciter aucun débat. Pour ceux qui cherchent à s’attaquer à Tidjane Thiam et qui pullulent sur les réseaux sociaux des faux débats sur le concept de l’ivoirité en s’appuyant sur la constitution perdent leur temps.
S’attaquer au président du PDCI en prenant pour prétexte son patronyme est une façon très simpliste de créer le doute et la confusion dans l’esprit de nos concitoyens qui n’attendent de nos politiques l’amélioration de leurs conditions de vie.
Si on devait s’inscrire dans un tel débat, les personnalités métissées aux patronymes non tirés des terroirs ivoiriens sont légion dans notre pays.
La Côte d’Ivoire a besoin aujourd’hui de l’intelligence de tous ses enfants pour son développement. La question qui doit susciter le débat aujourd’hui est de savoir , si Tidjane Thiam une fois au pouvoir pourra mieux améliorer les conditions de vie des ivoiriens. Le coût du carburant, la cherté de la vie, l’électricité qui va augmenter à partir du 1er janvier 2024. Quelles solutions propose Thiam? Voilà ce qui devrait faire l’objet de débats. Les gens mal inspirés et qui ne gagnent leur inspiration qu’en période de crise préfèrent s’attarder plus à la mère ou au père de Tidjane Thiam.
Nanan Amani Sylvain, petit-fils de Allani Koffi, par ailleurs chef de terre de Kami s’interroge sur la question du métissage en Côte d’Ivoire. « La Côte d’Ivoire a- t-elle à se dédire au métissage? Les noms Thiam et Billon ne sont-ils pas spécifiquement ivoiriens d’origine? De plus, la mère de Jean Louis Billon est malienne d’origine. Personne ne dit à Monsieur Billon qu’il n’est pas ivoirien. Quand la mère de Patrick Achi est européenne, on l’accepte comme ivoirien. La mère d’Alain Dowahi est Gabonaise mais, il est accepté comme ivoirien. Et quand Tidjane Thiam a sa mère ivoirienne avec toute sa famille vivant depuis plus de neuf générations à N’Gokro, Yamoussoukro Côte d’Ivoire, on veut mettre en doute sa nationalité » , a révélé le chef de terre.
Selon l’histoire de la famille Houphouët-Boigny contée par un sachant de Yamoussoukro » La présence de la famille maternelle de Tidjane à Yamoussoukro compte neuf générations aujourd’hui. De Boigny N’dri et son épouse Kokoblé, les ancêtres des Boigny et dont Tidjane Thiam est le descendant, qui ont créé N’gôkro, premier nom de Yamoussoukro, à Tidjane Thiam, il y a neuf générations » a fait savoir notre source.
Traitée d’étrangère (sénégalaise) par un internaute voici ce qu’a répondu Yamousso THIAM, la grande sœur de Tidjane Thiam.
« A quelqu’un qui m’a dit, ce matin, via Messenger: « toi tu es une vraie sénégalaise»… voilà ce que j’ai répondu après qu’il m’ait présenté ses excuses:
« J’accepte vos excuses. Mais c’est par ces petits mots « sans arrière-pensées » qu’on sème la haine et la division dans les cœurs. Nous en avons suffisamment souffert. Moi la première. En 1997 ici, dans le pays où je suis née, je ne pouvais pas avoir de carte d’identité alors que mon frère était ministre… Je suis née ici, je ne connais pas d’autre pays. Ma mère, ma grand-mère, mon arrière-grand -mère et sa mère sont toutes enterrées dans notre caveau à Yamoussokro.
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Mon père qui est appelé « sénégalais » n’a jamais eu la nationalité́ sénégalaise. Il était français et quand la Côte d’Ivoire est devenue indépendante en 60, marié à ma mère, il est devenu ivoirien. Il a servi ce pays jusqu’à ses 86 ans, avec son sang et sa sueur. Il préférait le foutou au tchep.
Nous sommes tous fiers d’être ivoiriens. Nous portons la Côte d’Ivoire dans nos cœurs et nous donnerons nos vies pour ce pays. Est-ce que vous traitez Billon de malien, sa mère est malienne, Thierry Tanoh de français, sa mère est française ?
Comme ils ont « une peau claire », on ne leur reproche jamais leurs origines. Ca s’appelle le complexe du blanc Monsieur.
Il faut arrêter de dénigrer vos frères africains, mon père aurait été́ blanc vous n’auriez jamais dit: « tu es une vraie française » réfléchissez a tout ça… J’espère que vous retiendrez la leçon. » A-t-elle écrit
Il est temps que le peuple ivoirien fasse face à la discrimination et à la division qui menacent leur nation. Les récentes attaques contre Tidjane Thiam, un fils légitime de la patrie, sont non seulement injustes, mais aussi dangereuses pour le tissu social.
En cette période cruciale précédant les élections présidentielles de 2025, il est impératif de rejeter toute forme de xénophobie et de s’unir derrière l’idéal de paix et d’harmonie. Tidjane Thiam, en tant que leader émergent du PDCI-RDA, mérite d’être évalué sur sa vision, son intégrité et ses compétences, et non sur des critères fallacieux de nationalité.
Gonebo Noël, un cadre du PDCI dans la région du Guémon soutient ceci. » L’heure est à la préservation de notre héritage de tolérance et d’unité, et exhortons tous les Ivoiriens à rejeter les discours incendiaires et divisifs. Ensemble, défendons l’esprit d’ouverture et de respect qui a toujours caractérisé notre belle nation. Ensemble, rappelons-nous que la vraie force de la Côte d’Ivoire réside dans sa diversité, et que c’est dans l’unité que nous trouverons la voie vers un avenir prospère et pacifique pour tous » a-t-il recommandé.
Quant à Monsieur Koffi Mathias, expert comptable à Yamoussoukro, il affirme que « Tidjane Thiam est bel et bien éligible s’il renonce à sa nationalité française contre le gré des gens de peu de connaissance du code électoral et de la constitution en vigueur en Côte d’Ivoire qui font une campagne d’intoxication sur l’éligibilité de leur Champion, Tidjane Thiam, liée à une confusion sur le texte de la Constitution ».
Pour rappel, la constitution de 2016, amendée par l’Ordonnance du Code électoral de 2020 et le Congrès d’Août 2023 est bien claire pour ceux qui veulent comprendre.
© Afrique54.net | Stéphane Beti, depuis Abidjan