Ordre national des médecins du Cameroun : Mascarade électorale en préparation
► L’intrusion systématique du ministre de la Santé dans le processus de désignation du nouveau président de l’institution rame à contre-courant des prescriptions du chef de l’Etat qui a enjoint les services du Pm de garantir les conditions d’une élection sereine, transparente et objective, le 9 décembre à Yaoundé.
►Un mémorandum des praticiens adressé au chef de l’Etat met à nu les tripatouillages pour faire passer en force, le Pr Emmanuel Noël Essomba, en toute violation des textes de l’Ordre. Révoltés, les médecins à jour sollicitent une fois de plus l’intervention personnelle de Paul Biya.
L’assemblée générale de renouvellement du bureau projetée, de l’Ordre national des médecins du Cameroun (Onmc), le 09 décembre prochain s’annonce sous haute tension. À quelques jours du vote, ce n’est pas la grande sérénité. A l’origine, la corporation est secouée depuis quelques mois par des polémiques qui divisent les membres. Plusieurs griefs sont soulevés et justifient la multiplication des désaccords liés au non-respect des dispositions légales.
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En effet, les candidats aux différents postes ouverts doivent remplir les conditions requises, partant des membres de la Commission électorale, membre du Conseil de l’ordre, membre médecin de la Chambre d’appel, commissaire aux comptes et celui de président de l’Ordre qui doit répondre aux critères selon lesquels : être de nationalité camerounaise, avoir été régulièrement inscrit au tableau de l’Ordre, avoir été régulièrement à jour de ses cotisations (figurer impérativement sur la liste des médecins à jour de leurs cotisations), avoir une ancienneté d’exercice au Cameroun d’au moins 10 ans, n’avoir aucune sanction disciplinaire en cours, n’avoir pas fait l’objet d’une condamnation pénale, s’engager à vivre et à exercer au Cameroun de manière permanente, s’engager par écrit à servir l’Ordre et à défendre l’éthique et la déontologie.
De nombreux médecins s’attendaient alors à ce que ces critères qui sont détaillés dans l’article 96 (Section IV sur les conditions d’éligibilité) pèsent de tous leurs poids lors le ministre de la Santé invita tout médecin souhaitant faire acte de candidature. Que non ! Beaucoup ont comme l’impression aujourd’hui que Manaouda Malachie manœuvre pour faire passer en force un candidat à la tête de l’Ordre, tout ceci en violant le Code de déontologie de l’Ordre. Un Code censé consacrer une gestion autonome et indépendante de l’institution.
Si le Minsanté n’y est pour rien, qu’est-ce qui peut bien militer pour la candidature du Pr Emmanuel Noël Essomba qui n’est pas inscrit sur la liste des candidats à jour ? En effet, selon des indiscrétions, ce médecin qui cumule 25 ans de carrière, n’a cotisé que pour 02 ans seulement. Un coup d’œil dans la liste électorale des 2242 médecins à jour confirme bien son absence du document authentique, dressé par l’Ordre. En d’autres mots, il ne peut même pas participer aux travaux de l’Ag élective. Ces dispositions du Code déontologie sont sans équivoque.
Dans une lettre du 4 juillet 2023, le commissaire aux comptes sortant de l’Ordre, le rappelle fort bien au secrétaire général des services du Premier ministre. En ouvrant l’élection au poste de président de l’Ordre des médecins du Cameroun, aux 2883 médecins à jour de leurs cotisations au 14 décembre 2022, le ministre Manaouda Malachie sait pertinemment ceux qui sont déjà à jour ou non dans leurs cotisations.
À défaut d’avoir opéré par divers tripatouillages pour mettre le Pr Emmanuel Noël Essomba dans la liste des médecins à jour dans leurs cotisations. On parle également de plus 600 autres médecins, non à jour de leurs cotisations qui ont été réintégrés sur les listes électorales, en toute violation des textes de l’Ordre. Le travail contradictoire de consolidation des listes effectués pendant 06 mois et sanctionné par le rapport du Commissaire aux comptes a purement été déconsidéré.
Pour les médecins rencontrés, cette attitude va à l’encontre des très hautes instructions du président de la République, de janvier 2023, et ramène les uns et autres à la case départ. Les praticiens sont plus que jamais plonger dans le désarroi. Dans un mémorandum adressé au président de la République, ils ne manquent pas de fustiger le tripatouillage du fichier électoral en vue des élections des membres du Bureau du Conseil.
« Connaissant votre très grand esprit d’équité et de votre grand attachement au respect des textes et lois de la République, nous venons solliciter une fois de plus votre intervention personnelle afin de garantir la transparence dans le processus électoral en cours à l’Ordre national des médecins », écrivent des médecins, le 08 février 2023.
Ici et là, l’on reste inquiet que le processus électoral n’accouche une fois de plus d’une souris. Ce d’autant plus que, d’après de mauvaises langues, l’entourage du candidat, le Pr Emmanuel Noël Essomba est accusé d’avoir installé un système de corruption pour se faire le maximum de voix.
« Le directeur général de l’hôpital Laquintinie est un médecin chevronné devrait plutôt prêcher par l’exemple. Malheureusement, apprend-on, dans sa course folle au fauteuil de l’Ordre, l’infectiologue a entrepris de frauder pour payer ses cotisations et mêmes celles de certains médecins en échange des procurations. Toute se passe à l’hôpital Laquintinie où la liste des médecins prétendus à jour a été concocté, sous la protection du ministre de la Santé. Et à se demander qu’est-ce qui se cache derrière le soutien de Manaouda Malachie au candidat Essomba ? », souffle une autre source médicale qui a requis l’anonymat.
Selon notre interlocuteur, cette procuration est émise au bénéfice d’un fidèle qui devra voter pour le candidat. Sauf qu’en réalité, il ne verse rien à l’Ordre des médecins. Voilà comment, l’on va se retrouver lors des assises consacrées au renouvellement du bureau exécutif de l’ordre, avec de fausses procurations à partir d’un fichier créé qui contient des noms de médecins à priori indisponibles (à l’étranger, disparus, etc). Toute chose qui révolte certains médecins qui demandent sans ambages à Manaouda Malachie de sauver ce qui l’est encore.
Source : L’Avocat