Le projet japonais de rejet des eaux usées de la centrale de Fukushima est dangereux et irresponsable [ COMMENTAIRE]
►Le gouvernement japonais s’entête. Lorsqu’il s’agit de maquiller ses rejets d’eaux usées radioactives, aucune opportunité n’est trop mince pour Tokyo.
L’an dernier, quelques cultures ont été lancées avec de l’eau de mer issue de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima pour démontrer la sécurité de l’eau. Un petit groupe de chefs, de restaurateurs et de détaillants a été invité en mars dernier à une dégustation spéciale de produits alimentaires fabriqués à Fukushima.
Même lors du sommet du G7, qui s’ouvre ce vendredi à Hiroshima, le Japon s’apprête à courtiser ses alliés pour qu’ils fassent confiance aux ingrédients provenant de la préfecture.
Cette supercherie est trop évidente pour ne pas la rater : le gouvernement japonais tente d’étouffer les objections tant chez lui qu’à l’étranger et de valider un projet de rejet des eaux à la fois périlleux et irresponsable.
Ces eaux contaminées sont la principale source d’inquiétude.
Après la fusion de son cœur en 2011, la centrale nucléaire a généré des quantités massives d’eau contaminée par les radiations. Des substances comme le tritium, un sous-produit radioactif des réacteurs nucléaires, sont difficiles à filtrer. Les traces d’isotopes de ruthénium, de cobalt, de strontium et de plutonium dans les eaux usées s’ajoutent aux risques.
A cet égard, le Pacifique est confronté à une immense pollution due aux actions imprudentes et éhontées du Japon. Des estimations ont montré que si les eaux contaminées de Fukushima sont rejetées dans l’océan, il ne faudra que sept mois pour qu’elles atteignent l’île sud-coréenne de Jeju et quelques années la côte ouest des Etats-Unis.
En outre, les décideurs japonais mettent en œuvre leur projet impopulaire sans avoir mené suffisamment de discussions scientifiques et professionnelles ni pleinement communiqué avec le public. Leur décision irresponsable a sans nul doute suscité un tollé tant au Japon qu’à l’étranger.
C’est en avril 2021 que le gouvernement a annoncé son projet controversé, disant y voir la solution « la plus réaliste », ce qui n’est absolument pas le cas. Bien que les pays voisins aient exprimé leur inquiétude, il a refusé de changer d’avis et annoncé en janvier dernier que le rejet commencerait « au printemps ou en été ».
Selon un récent sondage, plus de 43% des Japonais sont opposés à ce rejet et plus de 90% d’entre eux pensent qu’il aura des effets négatifs.
Au lieu d’élaborer un meilleur projet, le gouvernement et la Tokyo Electric Power Company (TEPCO), l’opérateur de la centrale, se sont contentés d’affirmer qu’ils n’avaient plus de place et qu’ils allaient rejeter en mer plus d’un million de tonnes d’eau, illustrant un mépris pour les autres options proposées.
Des experts du ministère japonais de l’Economie et des ONG ont en effet soumis d’autres options, notamment le rejet de vapeur, le rejet d’hydrogène, l’injection dans la géosphère ou l’enfouissement souterrain. Etonnamment, mais tristement, TEPCO a jugé trop long d’avoir à négocier avec l’exécutif local et les propriétaires terriens.
Le Pacifique n’appartient pas au Japon. Si Tokyo insiste sur un projet aussi périlleux que toxique, il laissera une nouvelle marque indélébile de péché dans son histoire en raison de son comportement irresponsable.