Inondations au Cameroun : L’environnementaliste Eric Salomon Ngono explique pourquoi Yaoundé a souvent les pieds dans l’eau
Pourquoi Yaoundé a souvent les pieds dans l’eau – Par Eric Salomon Ngono
Le retour de la saison des pluies à Yaoundé en mi-mars 2023 complique la vie des Yaoundéens. A chaque pluie torrentielle, son lot de dégâts au centre-ville de Yaoundé causés par des inondations. De l’Avenue Kennedy à la voirie municipale, la nature de déchaîne. Voitures noyées, routes barrées, la nature interpelle nos comportements et notre modèle de développement.
Homme versus nature
Les causes principales de ces inondations sont multiples. Elles se conjuguent entre éléments naturels et conséquences de l’activité humaine. Comme causes naturelles nous avons de fortes précipitations. Elles sont causées par des pluies torrentielles enregistrées à Yaoundé. Elles sont également l’œuvre de la montée du niveau des affluents du Mfoundi au centre-ville. En effet, plus la quantité d’eau tombée est importante et plus la période de précipitations est longue, plus la probabilité d’inondation est élevée.
L’accumulation de sédiments forme de grandes barrières pour retenir l’eau qui, à mesure que la quantité d’eau augmente, finit par déborder, laissant s’écouler de grandes quantités d’eau mélangées à de la boue, des rondins ou des pierres.
Comme cause humaine de inondations nous la déforestation. En effet, en raison des activités humaines, les forêts et les jungles sont massivement coupées. Ce qui constitue un gros problème, car la végétation retient de grandes quantités d’eau, qu’elle libère même après la fin des précipitations. L’absence des canaux d’eau dans la ville ; les constructions anarchiques dans des zones proches des rivières, des zones humides ; l’incivisme des populations marqué par le déversement des ordures ou de matériaux qui obstruent le lit des rivières et caniveaux ; et l’absence d’un système d’égout et de canalisation d’eau urbain.
L’économie, l’environnement et la santé des Yaoundéens en danger
Sur le plan économique, ces inondations entraînent la perte de grandes quantités de biens matériels, à laquelle il faut ajouter le coût de la reconstruction des infrastructures qui sont à repenser. L’arrêt de l’activité économique par les commerces de l’Avenue Kennedy et la rupture de la circulation à la voirie occasionnent d’énormes manques à gagner financier et de perte de temps chez les usagers de la route.
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Sur le plan environnemental ces inondations répandent également la pollution, nuisant aux animaux et aux humains. La rupture de la circulation est suivie d’embouteillages pouvant durer plus de 12 heures. L’autre problème, ce sont les pollutions atmosphériques dues aux échappements de vieux véhicules à moteur thermique amortie.
Sur le plan sanitaire, ces inondations augmentent le risque de maladies féco-orales et hydriques qui transmettent des agents pathogènes tels que le paludisme, la dengue, la leptospirose, la fièvre jaune ou le choléra.
Eric Ngono
Président de l’Association ‘’Up For Environment’’