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Afrique : Près de 300 morts dans des affrontements et manifestations en moins de deux jours

Afrique : Près de 300 morts dans des affrontements et manifestations en moins de deux jours

►Du mercredi 19 au jeudi 20 octobre 2022, le continent africain totalise de nombreux morts et blessés dans les pays comme le Tchad, la Guinée et le Soudan. Pour cause : accaparement du pouvoir, violation de la constitution, manipulation et non-respect de la démocratie.◄

 

 

 

Afrique54.net – Au Tchad, dans la ville de N’Djamena, « une cinquantaine de morts » et «300 blessés » ont été enregistré lors de manifestations appelées par l’opposition pour protester contre le maintien à la tête de la transition du Président Mahamat Idriss Déby Itno.

Selon le Premier Ministre Saleh Kebzabo, « plusieurs civils ont été tués par balles le jeudi 20 octobre en fin de soirée ». Les bilans avancés par les uns et les autres divergent. Le gouvernement a ainsi annoncé un couvre-feu dans quatre villes de 18h à 6h du matin jusqu’au retour total de l’ordre ainsi que des poursuites judiciaires. Il fait porter la responsabilité des violences aux organisateurs des manifestations.

Il faut préciser que : « Le dialogue national inclusif et souverain organisé du 20 août au 8 octobre, a décidé, entre autres, que la transition qui était de 18 mois renouvelables une fois, sera prolongée de deux ans. Les dirigeants de la transition pourront être candidats aux prochaines élections, qui devraient se tenir en 2024. Ces conclusions, le Parti socialiste sans frontières, les Transformateurs et la coalition Wakit Tama ne l’ont pas accepté. C’est la raison pour laquelle ils ont appelé à la manifestation de jeudi, date marquant la fin de 18 mois de transition décrétée après la mort du maréchal Idris Déby Itno en avril 2021 ».

Devant les journalistes, le nouveau Premier ministre de transition du Tchad a affirmé que des manifestants étaient armés, formés à des techniques de guérilla. Il justifie les tirs à balles réelles en pleine rue. Car si du moins les manifestants réclamaient pacifiquement sans brandir des armes, la situation ne devait pas virée au carnage.

 

EN GUINÉE

 

Accusation du Premier ministre de la transition

Saleh Kebzabo met en cause nommément deux opposants qui se trouvaient toujours jeudi soir à N’Djamena : Succès Masra et Yaya Dillo. Une accusation rejetée par l’opposition qui affirme que « Saleh Kebzabo semble ignorer totalement la réalité puisque ce sont les agents habillés en civil qui ont commencé à tirer à mater à balles réelles, y a aucune insurrection comme il le dit, mais c’était un massacre opéré par les services de sécurité qui ont tiré à balles réelles. » Car ils indiquent que « à la veille de cette marche, nous avons écrit au secrétaire général des Nations Unies, à toutes les chancelleries, à l’Union africaine ».

Les opposants

Selon le nouveau Premier  tchadien Saleh Kebzabo , on comptait jeudi soir plus de 100 morts dans tout le pays. En plus des personnes blessées et tuées, plusieurs manifestants ont été interpellés. Les activités des partis politiques et organisations impliquées, notamment les Transformateurs et la coalition Wakit Tama, sont interdites sur tout le territoire national pour une durée de trois mois, indique un arrêté du ministre de l’Administration du Territoire.

Même son de cloche du côté de la Guinée ou les opposants politiques manifestes contre les manipulations des délais de transition du pouvoir.

Guinée : le FNDC dénonce la gestion de la transition par la junte au pouvoir.

Des manifestants jettent des pierres lors d’un rassemblement à l’appel de la coalition d’opposition FNDC à Conakry, le 20 octobre 2022.

Le Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC) a appelé à manifester, jeudi 20 octobre, dans le Grand Conakry. L’organisation de la société civile dénonce la gestion de la transition par la junte au pouvoir. C’est la première manifestation organisée depuis le 5 septembre dernier. Des violences ont éclaté dès mercredi soir. Cette manifestation du FNDC intervient au moment même où une mission technique de la Cedeao est dans le pays pour discuter du chronogramme de la transition.

« Il résulte du bilan provisoire de cette manifestation violente : 9 véhicules de la gendarmerie endommagés, 4 blessés, dont 3 graves dans les rangs de la gendarmerie, 2 blessés grave dans les rangs de la police et de nombreux véhicules caillassés, 2 civils blessés dont un cas grave, a détaillé Yamoussa Conté. Par ailleurs, il est à noter que plus d’une vingtaine d’interpellations ont été enregistrés par les services de maintien d’ordre », précise le procureur général près de la cour d’appel de Conakry.

En effet, l’organisation sous-régionale refuse d’accepter le délai de trois ans décidés par les autorités guinéennes. Le médiateur de la Cedeao, l’ex-président béninois Boni Yayi est également à Conakry pour sa troisième visite aux autorités en trois mois.

Affrontement entre tribus pour au Soudan

150 morts ont été enregistré en deux jours dans des affrontements intercommunautaires dans le Nil Bleu, au Soudan. Bien que différent des manifestations du Tchad, cette situation « découle de la mauvaise gouvernance causée par le pouvoir en place », précise DabouDishté, politologue soudanais. Ces morts viennent s’ajouter aux 149 autres personnes qui ont été tuées entre le mois de juillet et début octobre qui avaient fait des centaines blessées et 65 000 déplacées dans l’État du Nil bleu, selon l’ONU.

C’est en effet, mercredi et jeudi 20 octobre que le sud du Soudan fait face à des affrontements entre tribus au Nil Bleu ainsi que dans l’État du Kordofan-Ouest. Depuis le mois de juillet, la tension règne dans cette région. En effet, les Haoussas revendiquent le droit de posséder des terres. Les autres tribus s’y opposent et considèrent que les Haoussas ont été privilégiés sous le régime d’Omar el-Béchir.

La radio France International rapporte que : « un employé de Médecins sans frontières sur place décrit une situation chaotique et des hôpitaux débordés. De nombreux blessés par balles et par coups de couteaux. Mais surtout, des rescapés carbonisés par les flammes. Après que les hommes ont été abattus à l’arme lourde, des pâtés de maisons entiers ont été réduits en cendre. Ils abritaient principalement femmes et enfants qui s’y étaient réfugié ».

 

© Afrique54.net | JGM

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