Us et coutumes au Cameroun: A la découverte de l’initiation des jeunes garçons chez les Moundang
►Après 2 à 3 mois passés en brousse, loin de leur famille, les jeunes garçons de 7 à 18 ans, et plus, rejoignent leurs parents, frères et sœurs après avoir acquis des connaissances traditionnelles.
Afrique54.net – C’est ce 17 août 2022, que le Canton de Lara, au Cameroun, dans son ensemble célèbre les initiés. Plus de 4000 enfants, garçons ont été emmenés dans les brousses pour apprendre les us et coutumes de leur village. Tous vêtus de gandoura, têtes recouvertes d’écharpes, lunettes aux yeux et cannes à la main, les désormais « hommes » peuvent marcher la tête haute devant leurs aînés. Autour des chefs traditionnels, des familles et proches, l’on peut déduire la fierté de se retrouver après une longue période de séparation.
Le peuple Moundang est un peuple qui se trouve au septentrion du Cameroun. Principalement dans les régions du Nord et de l’extrême-Nord.
Il faut rappeler que c’est depuis le mois de juin, que ces garçons ont été admis. Pieds et torse-nu, juste une petite culotte et un petit sac pour les provisions, « sikiarés » (poissons secs), accompagné d’une natte pour entrer au Yan (habitat de rassemblement). Loin de leurs proches, surtout les femmes et non-initiés, certains ont été circoncis. Ils ont appris à chasser, à cultiver la terre, à maîtriser la langue et à supporter les difficultés de la vie.
L’initiation
En fait, à l’arrivée, ils font une semaine sans se laver. Le 7e jour, ils vont prendre un bain à la rivière et attendent la venue du Guinarou, qui est le gardien des traditions du peuple Moundang. Le Guinarou ne vient qu’à la tombée de la nuit. Et il s’en va avant lelevée du soleil. Jamais la lumière du soleil ne doit le trouver à découvert. A son arrivée, il donne des conseils, il apprend des pas de danses et des chants significatifs autour d’un grand feu. Avec des rites secrets. Toutes les paroles dites ne se font qu’en langue Moundang. Toutes les langues étrangères sont interdites.
Cette initiation est pratiquée uniquement sur des enfants Moundang. Généralement, ce sont les musulmans, les athées et les animistes. Par contre, ceux devenus chrétiens rejettent fortement ces rites. Car, ils disent que ce serait en désaccord avec le christianisme.
L’initié
De temps en temps, les jeunes initiés font des sorties dans le village avec des vêtements faits de feuilles. Plus précisément, les jours du marché. Pendant leurs sorties, ils fouettent les filles célibataires qu’ils trouvent sur leurs chemins avec des bâtons. La demoiselle victime doit faire un don en nature pour ne plus subir ces coups.
Deux mois marquent la fin de la période d’initiation. À leurs sorties, toutes les choses portées et utilisées pendant le camp sont brûlées dans un grand feu vif. Les initiés sont alors vêtus de nouveaux vêtements. Et ils tiennent chacun un long bâton aux mains et sont reçus par le chef du village. Tout le village est en fête. Or, ils ont une dernière tâche à accomplir : casser leurs bâtons. Ceci doit se faire en frappant les filles célibataires qu’ils trouvent sur leurs chemins, au détriment des non-mariés qui seront dans la rue. Mais, détrompez-vous. Cette phase ne marque pas la fin. Tout simplement parce qu’ils ont encore une semaine d’initiation dans une maison du village.
Il faut noter que “Yékané” signifie “enfant initié”. Selon le calendrier de l’initiation, cet événement se passe chaque 4 ou 5 ans. La dernière initiation avait lieu, dans les villages Gaban, Gambour et Bipeng. Ces villages sont situés dans la région camerounaise de l’Extrême-Nord, département du Mayo-Kani district de Lara. Cependant, des hommes matures peuvent y participer pour essuyer la honte. Car, selon la culture Moundang, un homme qui ne passe pas par ces rites d’initiation est considéré comme étant « Gania ». Ce qui voudrait dire ne pas être homme.
© Afrique54.net │ Joël Godje Mana, depuis Yaoundé
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