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Sérail : Pourquoi Henri Eyebe Ayissi « agace « 

Cameroun – Sérail – Henri Eyebe Ayissi ou l’itinéraire de l’homme du 7 septembre 1990 qui dit  vouer “loyalisme éternel” à un félin


Scanner sur les qualités, faiblesses et faits d’armes d’un haut commis de l’Etat, bête politique proactive qui loyauté et “loyalisme éternel” à toute épreuve à  l’homme du 6 novembre Paul Biya très attendu en 2025.

 

 

Afrique54.net │Yaoundé  – Il s’en est passé des choses  le mardi 5 octobre  2004 à Monatélé. Dans cette modeste ville de la région du Centre, Paul Biya, en campagne pour sa succession à la tête du Cameroun, ne fait aucune promesse aux Eton, Manguissa, Batchenga… Quand cela se passe dans un milieu connu depuis des lustres pour son audace politique, quelques chroniqueurs concluent que cela fait sens. Le premier est le lien qui doit exister entre le président de la République et la Lékié. Le second est une responsabilité nouvelle que doivent assumer les fils du Lékié qui travaillent aux côtés de Paul Biya.

Dans la foulée de l’événement, Henri Eyebe Ayissi parle d’ « entretenir la cendre sans délaisser la flamme ». Là encore, des chroniqueurs sont frappés par la force  des propos de celui qui n’est qu’Inspecteur Général chargé des élections au Ministère de l’Administration Territoriale. « Henri Eyebe Ayissi ou le symbole d’un trop grand enthousiasme optimiste de la Lékié», s’exclame Charles Ndongo, alors commentateur attitré des sorties présidentielles.

En tout cas, Henri Eyebe Ayissi occupe la place qui est la sienne, celle d’un preux chevalier qui ne joue pas, qui ne cherche pas à se déifier, mais qui sert modestement son pays et celui qui le dirige. D’aucuns y voient la marque de son séjour chez les Catholiques.

D’abord à Obala, puis aux Séminaires Saint-Joseph d’Akono et Sainte – Thérèse de Mvolyé à Yaoundé. Il y a aussi l’Université de Yaoundé et l’École nationale d’administration et de magistrature de Yaoundé. La  chose qui frappe chez lui, c’est sa simplicité. Un mélange d’ascétisme et de sérieux qui poursuit certains bons élèves et s’incarne jusque dans les traits de leur visage.

Ceux qui ne le connaissent pas pourraient croire à de la froideur si son air de gendre idéal ne venait démentir cette impression.  Puisque, du point de vue de l’homme public, il se montre volontiers généreux et sensible aux situations de précarité financières des personnes, qu’il s’agisse de ses connaissances ou de personnes du cercle domestique.

Vendredi 7 septembre…

De quoi tracer une ligne de vie. Henri Eyebe Ayissi commence à cocher de nombreuses  cases d’une trajectoire administrative sans faute. Entre novembre 1981 et septembre 1982, il officie à l’Inspection générale de l’État. De septembre 1982 à février 1984, il occupe les fonctions de Chef de service des Études Juridiques, puis de Directeur Adjoint des Affaires Législatives et Règlementaires aux Services du Premier Ministre.

De 1984 à 1985, il est Chef de la Division des Études et de la Réglementation au ministère de la Fonction Publique. Puis, de 1985 à 1987, il est Chargé d’Études N° 1 à la Division des Affaires Juridiques au ministère du Plan et de l’Aménagement du Territoire. Et du 7 janvier 1987 au 7 septembre 1990, il est Secrétaire des Conseils ministériels à la Présidence de la République. Son étoile commence à monter au tournant des années. 90. Justement, le 7 septembre 1990, un vendredi, il est nommé ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat.

Henri Eyebe Ayissi a juste 35 ans ! Cet âge lui vaut un tenace procès en incapacité que lui font quelques comparses, dont certains jalousent son ascension rapide. On lui reproche d’être trop tendre pour les affaires ministérielles.

Dans un article publié dans le quotidien Cameroon Tribune le 10 septembre, Abui Mama écrit : « Voici le plus jeune ministre de Paul Biya. Le chef de l’État  l’a jugé particulièrement efficace à un moment où les crises secouent le pays».

7 septembre 2007, encore un vendredi. Paul Biya fait de Henri Eyebe Ayissi son ministre des Relations Extérieures (Minrex). Désormais à la tête d’un ministère régalien, il fait face à une feuille de route claire : faire rayonner l’image du Cameroun et anesthésier toute tentative officieuse ourdie à partir l’extérieur.

Ému, l’heureux promu assure qu’il conduirait sa mission avec «humilité, détermination et conviction». Au Minrex où se tissent et s’enchevêtrent d’innombrables réseaux, l’enfant de Mbelle II  se montre remarquablement présent et s’impose tel qu’il est, un authentique homme de relation au réel, au quotidien, aux autres, et aussi à la pratique de la diplomatie.  En tout cas,  ce poste le propulse parmi les interlocuteurs les plus réguliers du chef de l’État et des diplomates accrédités à Yaoundé.  Adepte de bons mots et de conciliabules, Henri Eyebe  Ayissi se montre également ferme. Ses «punchlines» préparées avec minutie font mouche dans les médias.

Nous sommes en mars 2011. Il convoque dans son cabinet, l’ambassadeur des États-Unis à Yaoundé, Robert P. Jackson, question de lui remettre un pli fermé destiné au secrétaire d’État américain, Hillary Clinton. Le Minrex n’est pas d’accord avec le fond et la forme de ses sorties au Cameroun ; notamment sur l’affaire Marafa Hamidou Yaya et l’ambition de Paul Biya de briguer la magistrature suprême pour un 6e mandat. Sur le coup, Henri Eyebe Ayissi ne se prend pas les pieds dans le tapis des sentiments. Il sait que la meilleure façon de mettre un diplomate dans sa poche, c’est de provoquer son embarras.

Robert P. Jackson qui s’emploie à critiquer vertement la victoire de Paul Biya à la Présidentielle du 9 octobre 2011 passe à la trappe. Le mérite d’un tel affront est de nous apprendre deux choses : il donne la mesure du risque que prend Henri Eyebe Ayissi et il confirme sa fermeté face à Washington qui met en place toutes les modalités de la rupture avec Yaoundé.

Et cela lui sert de baromètre dans le choix de ses décisions en coulisses où il refuse l’image d’un misérable gueux qui essuie le mépris. C’est le cas, en 2008,  avec ce que la presse nationale et internationale appelle « l’affaire Cipraino Nguema Mba ». Henri Eyebe Ayissi exige que le diplomate équato-guinéen, soupçonné de détournements de deniers publics par la justice de son pays, et qui a été exfiltré du Cameroun dans des conditions floues lui soit restitué.

« La protection de la fortune publique au Cameroun »

C’est  529 pages sur le sujet. Un livre donc. . Pr Magloire Ondoa le préface. Henri Eyebe Ayissi, passé Ministre délégué à la présidence de la République en charge du Contrôle Supérieur de l’État (Consupe) choisit de le publier aux éditions  Le Kilimandjaro, en 2013 Il se murmure que l’ouvrage pâtit d’un défaut d’authenticité. Bref, le ministre a plagié Eric Samuel Koua, jeune Camerounais doctorant en Droit public. Dans cette affaire, le démarquage habile auquel se livre Henri Eyebe Ayissi oblige à s’interroger sur ce que chacun entend par originalité.

Toujours en 2013, il est annoncé le lancement des missions mobiles de vérification de l’exécution des projets inscrits au Budget d’investissement public du Cameroun pour les exercices 2010 et 2011. Henri Eyebe Ayissi est à la manœuvre. En sa qualité de Président de la Commission de discipline budgétaire et financière (CDBF, institution chargée de statuer sur les fautes de gestion présumées des ordonnateurs des crédits publics et autres gérants ou surveillants de la fortune publique), il traque tout gestionnaire indélicat.

Au cours de la période d’avril au 26 juillet 2012, il a 18 cadres de l’administration publique dans son tableau de chasse. Il les sanctionne car jugés coupables de « fautes de gestion ». Les infortunés se recrutent parmi certains hauts responsables des entreprises et institutions publiques : Agence de régulation des marchés publics, Parc national de matériel du génie civil, Communauté urbaine de Limbé, Université de Yaoundé II-Soa.

De manière générale, le Dr Docteur en Droit Public Henri Eyebe Ayissi « agace ». Normal quand on sait qu’il ne souhaite pas être inféodé à un bloc quel qu’il soit, ni voir son indépendance remise en cause par la transgression son identité de citoyen de la République et les valeurs attenantes. Et il y a 83 personnes (directeurs de l’administration centrale dans certains départements ministériels, anciens chefs de district, chefs d’établissements scolaires publics, comptables-matières, anciens délégués provinciaux et départementaux de certains départements ministériels, anciens responsables de formations hospitalières) ayant occupé des postes de responsabilité entre 2002 et 2007 sont dans son viseur.

« Agriculteur »

Le 13 mai 2016,  Henri Eyebe Ayissi, passé ministre de l’Agriculture et du Développement rural (Minader) répond aux questions de Cameroon Tribune à Ngaoundéré (Adamaoua).

L’homme parle de « relance agricole au Cameroun ». Foisonnement de petites phrases soigneusement calibrées, jouant la répétition. La technique est reprise dans un éditorial sur le site officiel du Minader : « il s’agit là, d’un challenge énorme, assurément ! Car,  il va falloir conduire à terme les politiques publiques novatrices en la matière,  et ajuster,  sans doute,  avec les réformes conséquentes, à travers une réorganisation structurelle appropriée qui garantisse la transition dans le domaine agricole, de la force ouvrière à la force industrielle. Il en découle un challenge, celui de gagner le pari de la mobilisation tous azimuts de tous les acteurs concernés. Cela doit passer par les vecteurs de la communication, pour parvenir à la mutation de notre agriculture en une agriculture de seconde génération. La communication dans son rôle de facilitation et de vulgarisation doit frayer  les chemins et les voies de sortie  de l’ignorance  et de l’obscurantisme pour déboucher sur une véritable révolution des mentalités ».

Ainsi, le ministre parvient à susciter l’intérêt par son champ de compétences en créant régulièrement l’événement pour tirer les jeunes vers l’agriculture. Il récolte, pendant ce temps-là, les retombées du thème dans les médias et sur le terrain.  Ce d’autant plus qu’il y a une politique bien pensée. Les jeunes qui veulent se lancer dans l’agriculture, peuvent obtenir du Minader  les parcours et les qualifications qui les prédestinent à un itinéraire professionnel dans les métiers agropastoraux. Et il y a plus en termes  l’encadrement dans les domaines du conseil agricole, la formation et le financement de leur installation et d’autres appuis multiformes (Projet d’Appui à la Rénovation et au Développement de la Formation Professionnelle dans les secteurs de l’Élevage, de l’Agriculture et des Pêches (AFOP), du Programme d’Appui à l’Installation des Jeunes Agriculteurs au Cameroun (PAIJA) et du Programme de Promotion de l’Entreprenariat Agropastoral des Jeunes (PEA-Jeunes).

« Appel de la Lékié »

Ce que dévoile ce slogan est un mélange  opéré par la soumission aux idéaux du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) et l’attachement aux valeurs de la République. Au sein du parti au pouvoir, Henri Eyebe Ayissi fait preuve d’un remarquable instinct politique. Il allie style et substance. Conscient que la présence de Paul Biya à la tête du Cameroun  est vitale pour la stabilité pays, il lance et coordonne l’ « Appel de la Lékié » en 2014.

Dans un contexte politique défavorable (remontée du chômage, baisse de popularité du gouvernement, mouvements sociaux), Henri Eyebe Ayissi s’est saisi d’un sujet hautement polémique suscitant critiques et inquiétudes dans les médias et l’opinion. L’annonce précipitée semble avoir pris de court les journalistes, dont les commentaires immédiats ne peuvent être que descriptifs.  Seulement, il dispose de deux atouts majeurs.

Premièrement, son frères de la Lékié  savent faire preuve de doigté, et, disons-le, d’imagination. Deuxièmement, sur l’étendue du département, il n’a pas d’adversaire d’envergure dans l’opposition. En somme, le ministre s’impose comme le médiateur qui agit, générateur d’un accord partagé par tous.

La communication mise en place dès les premiers jours de la campagne de divulgation de l’ « Appel de la Lékie »  vise et parvient à jouer sur l’action à deux niveaux. En cassant le protocole (meetings décontractés, surabondance de la parole de la base militante, nombreux déplacements sur le terrain), Henri Eyebe Ayissi  fait passer le message d’une rupture symbolique, crédibilisant l’idée d’un exécutif qui agit différemment, moins distant, plus à l’écoute et donc plus ancré dans la réalité.

 

Source: La Voix Des Décideurs

 

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