Centrafrique : la centrale photovoltaïque construite par la Chine soulage les pénuries d’électricité
La centrale photovoltaïque de Sakaï située dans la banlieue ouest de Bangui a permis depuis l’an dernier de développer la société et l’économie locale tout en remédiant au problème de manque d’électricité dans la capitale centrafricaine.
Construite par la société chinoise Tianjin Electric Power Construction (TEPC) dans le faubourg de Bimbo 4, elle compte 33.432 panneaux solaires de près de deux mètres carrés chacun, alignés dans un champ de 16 hectares, qui alimentent en courant les usines, écoles et foyers de Bangui.
La Centrafrique est depuis longtemps en proie à des conflits internes qui ont nettement ralenti le développement social, d’où les pénuries d’électricité et les fréquentes coupures de courant que subissent les populations locales.
Emmanuel-Boris Yandouandji, 29 ans, un père de deux enfants qui habite à Bangui, déplore « beaucoup de problèmes » avant l’arrivée du « champ solaire ». « Parfois, deux ou trois semaines, le courant ne vient même pas. Le frigo ne marche pas et les choses se gâtent, il fait chaud, le ventilateur ne fonctionne pas, les lumières sont coupées et mes enfants ne peuvent pas étudier » le soir, déplore-t-il.
Elvis Nambama, 32 ans, qui habite dans la banlieue de Bangui, assure que ses voisins avaient peur de sortir le soir puisque le quartier était très sombre et silencieux en raison des coupures de courant.
Un avis partagé par Thierry Guilabe, 26 ans, qui se soucie également de la sécurité. « Le téléphone ne peut pas se charger et on est en danger s’il n’y a pas de programme de télévision ou de radio pour (connaître) les attaques rebelles à l’extérieur », souligne-t-il.
Heureusement, la situation a vite tourné.
Lors du sommet du Forum sur la coopération sino-africaine (FCSA) en 2018 à Beijing, les chefs d’Etat chinois et centrafricain sont parvenus à un accord sur la construction de cette centrale photovoltaïque. En avril 2021, TEPC est allée dans ce pays pour lancer les travaux et la centrale a été mise en service à titre d’essai le 15 juin dernier.
Selon son directeur, Zhang Zhiguo, Bangui dépend aujourd’hui pour l’essentiel du diesel, dont le coût est élevé, et de l’hydroélectricité qui se développe moins vite. Mais cette centrale, la première de son genre dans ce pays d’Afrique centrale, peut immédiatement résoudre le problème de pénurie avec sa capacité installée de 15 mégawatts.
Les donnes officielles montrent qu’elle réussit à satisfaire 30% des besoins de la ville.
« Ça nous a donné beaucoup de courant : nous avons des frigos pour l’eau glacée et les enfants étudient avec la lumière », se félicite M. Yandouandji.
M. Nambama et M. Guilabe disent aussi se sentir plus en sécurité avec l’éclairage le soir.
« L’économie de nuit se développe aussi. Quelqu’un de ma famille a un petit resto qui est ouvert la nuit. Le champ solaire donne vie au quartier et je pense que ça va mieux », se réjouit M. Guilabe.
M. Zhang a précisé que la construction avait généré environ 700 emplois, permettant aux ouvriers d’acquérir du savoir-faire.
« Dans ce pays, il y a beaucoup de chômage. Grâce au champ solaire, je suis venu travailler pour satisfaire les besoins de ma famille. J’ai aussi appris le câblage », témoigne ainsi Thierry Guilabe.
Dans la salle de contrôle de la centrale, Eric Bangala, arrivé ici il y a six mois, est en train de câbler avec un ingénieur chinois, confiant son plaisir. « Quand je travaille avec mon frère chinois, j’apprends la grande technologie. C’est lui qui m’a formé. Dans le futur, je préfère rester ici pour devenir un grand électricien. Même si le Chinois part, je reste pour continuer le travail », dit-il.
La ville de Bangui se développe encore et les besoins de puissance électrique vont augmenter, assure Zhang Zhiguo selon qui un terrain de plus de 3.000m2 a été réservé et de nouveaux réseaux électriques pourraient s’installer à cet effet si nécessaire.
J’ai aimé et je soutiens Afrique54.net ICI